ACTU MERCATO
Bojan, un Catalan à Milan
Un an seulement après être arrivé à Rome, Bojan quitte la capitale et se rend à Milan, rive rossonera. Le petit Espagnol s’est engagé avec le Milan AC. De quoi laisser perplexe.
Hier, M’Baye Niang. Aujourd’hui, Bojan. La défaite contre la Sampdoria, lors de la première journée de championnat, a visiblement réveillé Adriano Galliani. Mais c’est un drôle de réveil. Alors que le Milan AC souhaitait boucler son mercato avec les arrivées de Kaká et de Bentdner, voilà que le club de via Turati se retrouve avec un gamin de 17 ans et un attaquant qui était remplaçant derrière Osvaldo et Borini la saison dernière. Oui, car Bojan, arrivé à Rome la saison dernière en provenance du Barça, n’a jamais vraiment su s’imposer à la Roma. Auteur de quelques bons matches avec le maillot giallorosso, il n’inscrit finalement que 7 buts en championnat, ce qui reste néanmoins cohérent par rapport à ses saisons précédentes à Barcelone. Mais à Rome, où il pensait devenir un titulaire, il a rapidement été éclipsé par Osvaldo, arrivé de l’Espanyol, et par le jeune Fabio Borini. Sans parler, évidemment, de Totti. Le départ de Luis Enrique, à la fin de la saison, aurait pu marqué la fin de la collaboration entre l’ancien Blaugrana et le club romain. Mais Bojan en est convaincu : il veut faire partie du projet romain de Zeman. Il participe aux matches amicaux, mais ne dispute pas la moindre minute de jeu contre Catane, pour l’ouverture de la Serie A. Pas de bol pour lui : Osvaldo plante un but somptueux, et c’est un tout jeune attaquant, Nico López, qui permet à la Roma d’arracher le nul. Comme pour lui signifier que le secteur offensif est déjà complet.
Une clause de 28 millions d’euros
Du coup, lorsque retentissent les sirènes milanaises, à la recherche d’un attaquant pour palier les départs de Zlatan, Cassano et Inzaghi, ainsi que les blessures de Pato et de Robinho, Bojan se montre tout de suite disponible. Ni une, ni deux, il saute dans le premier avion en direction de Milan, et, alors que rien n’est encore signé, il remercie déjà les supporters de la Louve. « Je me sens prêt et je n’ai peur de rien. Pour moi, venir à Milan est un vrai cadeau. Même si les tifosi de la Roma resteront toujours dans mon cœur » , assure-t-il lors de son arrivée au siège du Milan AC, via Turati. La visite médicale a quant à elle eu lieu ce matin, et le contrat a été signé dans la foulée. Vu l’actuelle pénurie d’attaquants milanais, il est fort probable que Massimiliano Allegri, le coach milanais, soit contraint d’aligner sa nouvelle recrue dès le match de dimanche, sur la pelouse de Bologne, aux côtés du seul survivant, El Shaarawy.
Du côté de la Roma, certains tifosi sont sceptiques quant à ce transfert. De fait, ils ont l’impression que les dirigeants giallorossi font un cadeau au Milan AC, renforçant ainsi un adversaire direct. En réalité, le calcul de Walter Sabatini n’est pas si bête que ça… En effet, lorsque Bojan s’est engagé en faveur de la Roma, le Barça avait inséré une clause dans le contrat. Au bout de deux ans, le club romain aurait dû verser 28 millions d’euros au club catalan pour conserver le joueur. Sinon, il serait rentré en Catalogne. Plutôt que de conserver le joueur et de se retrouver face à une telle situation l’été prochain, la Roma a préféré prendre les devants, en l’envoyant jouer à Milan, et en se concentrant sur la maturation d’autres jeunes qui ne coûtent pas un rond, comme le déjà cité Nico López. Qui a de très grandes dents, certes, mais également une très grande marge de progression.
Trop fatigué pour la Roja
Alors, Milan fait-il une bonne opération en faisant signer Bojan ? La question est légitime. Si c’est un avant-centre que Galliani cherchait, il n’a pas forcément fait le choix le plus judicieux. Véritable hype barcelonaise entre 2006 et 2008, lorsqu’il était âgé d’à peine 16 ans, le joueur d’origine serbe semble promis à une très grosse carrière sous le maillot de son club formateur. Il débute aux côtés de Ronaldinho, Messi, Eto’o, Xavi et toute la smala. Mais très vite, dès les saisons suivantes, il est éclipsé par le génie de Messi, qui serait d’ailleurs, selon la rumeur, son cousin très éloigné. Alors que l’Argentin explose les stats, Bojan doit se contenter de bouts de matches et de séjours à l’infirmerie. En 2008, il se tire lui-même une balle dans le pied. Le sélectionneur espagnol, Luis Aragones, le convoque en vue de l’Euro 2008. Bojan a alors 18 ans. Mais au mois de mai, le joueur décide de quitter le groupe des 23, prétextant qu’il était « trop fatigué » . Derrière, la Roja remporte l’Euro, mais Bojan ne fait pas partie de l’aventure.
La suite de son aventure barcelonaise est de plus en plus compliquée. Même lorsque le Barça règne sur la Liga et sur l’Europe, lui n’est qu’un remplaçant, à peine de luxe. Finalement, l’été dernier, après 163 matches sous le maillot catalan (pour 41 buts), il décide de partir en Italie rejoindre Luis Enrique. Mais là aussi, l’expérience va s’avérer difficile. Il a du mal à s’imposer au sein de l’équipe, brille par intermittence, et souffre souvent face aux défenses italiennes. Ses coups d’éclat ? Un but décisif sur la pelouse de Novara et un exploit splendide contre l’Inter, de loin son plus beau but en Italie. Avec cela contrastent une expulsion incroyable contre la Fiorentina (une main à la Luis Suárez sur sa ligne alors que son équipe perdait déjà 2-0…) et quelques ratés improbables. Bref. Milan ne vient pas d’acheter un buteur implacable. Mais ce qui est sûr, c’est que Bojan a en lui du talent, comme il l’avait prouvé lors de ses débuts à Barcelone. Problème : cela commence à faire longtemps que l’on attend son explosion. Alors, Milan, enfin la bonne ?
Éric Maggiori