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Boire le calice jusqu’à la Ligue…
Hormis en Angleterre, et encore, la coupe de la Ligue n’est qu’une épreuve facultative. Encore une exception française dont on pourrait se passer…
Au commencement, le football était un jeu inventé par les Chinois, que les Anglais ont codifié et dont les Français ont créé les compétitions. Des épreuves majeures (Mondial, Euro, coupes d’Europe) aux tournois plus…euh…exotiques (coupe d’Eté, des Alpes, Charles-Drago…). Même si elle appartient à la seconde catégorie, la coupe de la Ligue est une invention du libéralisme anglais en 1961 que Le Graët, alors président de l’institution, a fait prospérer au mitan des années 90. Comme si l’ex-actuel-futur président de l’En Avant Guingamp supputait ce qu’allait devenir l’Europe du football Bosman. Une corrélation quasi-imparable entre budgets colossaux et résultats sur le continent. L’arrivée, une petite dizaine d’années plus tôt, des chaînes de télé privées dans toute l’Europe de l’Ouest avait donné le ton pour ce qui est de la surenchère des droits cathodiques. « Un produit d’appel » qu’ils disaient. Le futur serait donc sonnant et trébuchant…
Sauf rares exceptions, la gueule d’un trophée dit tout de l’épreuve qu’elle symbolise. Si l’antique coupe de France conserve, encore aujourd’hui, un charme classieux et suranné, le vase à orchidées de sa petite sœur de la Ligue, fait irrémédiablement penser au mauvais goût des nouveaux riches, celui de la middle-class d’une improbable banlieue molle. Un nouveau concept de Frédéric Thiriez que ce nouveau réceptacle, très fier de son tournoi par ailleurs. « Pour une sous-coupe, avouez que c’est {une finale OL-OM} pas mal quand même » s’auto-congratulait-il hier en conférence de presse. Une finale de coupe de la Ligue et le sésame en Europe qu’il délivre en quatre matchs, avec un tirage protégé (façon tennis) pour les clubs présents sur le continent, sans même parler de la dotation financière : il y a évidemment de quoi se frotter sur le ventre. Les dirigeants français sont décidément inégalables dans l’art de se surestimer. A propos de tennis, on se souvient que, dans les 90’s, la Fédération internationale avait créé de toutes pièces une coupe du Grand Chelem (grosse manne financière à la clé pour les participants) pour concurrencer le Masters, organisé par l’ATP, le syndicat des joueurs. Force était restée à l’histoire : le Masters existe toujours…
Un amuse-gueule
Il ne pouvait y avoir que le football anglais pour inventer la coupe de la Ligue. Il lui fallait satisfaire les nombreux clubs professionnels qui peuplent ses quatre premières divisions (92 aujourd’hui). La coupe d’Angleterre (702 participants) s’appelle la FA cup et ne s’embarrasse pas de sponsor. La coupe de la Ligue, elle, a changé de nom au début des années 2000 pour s’orthographier Carling Cup désormais. Les grands clubs d’outre-Manche y envoient leurs jeunes pousses la plupart du temps, sauf quand la situation en championnat devient préoccupante (cf. Liverpool, cette année). La Carling cup donne droit à un strapontin pour l’Europe mais demeure une épreuve mineure. La liga Pokal, en Allemagne, se déroule en début de saison et ne concerne que les clubs qualifiés pour les joutes continentales (six équipes). Un apéritif, un amuse-gueule, what else?
Les Italiens ont d’autres choses à foutre que de sentir investis d’une mission « coupe de la Ligue » . Pareil pour les Espagnols, même si sous l’impulsion de José Lluiz Nunez, le président du Barça de l’époque, l’épreuve a existé en…1983. Durant quatre ans. Les huit premiers de la Liga y concouraient pour « générer des profits supplémentaires » . En 1986, la création de play-offs en championnat met fin à l’expérience. Au Portugal, la Taça da Liga (la Bwin cup) existe depuis sous cette forme depuis 2007 et elle ressemble, comme deux gouttes d’eau à un mix entre la Carling cup et notre coupes de la Ligue. Trente-deux équipes pro, qui rentrent dans la compétition en fonction de leur statut. Comme quoi…
Fuite en avant
Frédéric Thiriez pourra la citer en exemple. Il devra aussi ausculter au plus près la Liga Zon Sagres qui ne compte que seize clubs qui jouent la ligue Europa à fond…quand ils sont qualifiés. Problème : le foot professionnel d’ici vit dans la fuite en avant de nouveaux capitaux (il manque encore soixante à soixante-dix millions d’euros au minimum vital dont rêve le président de la Ligue pour faire le joint avec les 660M€ la saison de l’ère 2004/2012) sans se préoccuper de l’essentiel : les compétences, la ruse, des politiques à moyen et long terme, de la cohérence… Les dirigeants hexagonaux rêvent des revenus anglais et des résultats espagnols sans en avoir la culture, la volonté et le savoir-faire. Peut-être convient-il d’abord d’alléger le calendrier et de supprimer, par exemple, la coupe du monde professionnel ? Boire le calice jusqu’à la Ligue en quelque sorte…
Par Rico Rizzitelli