- Athlétisme
- Bob Tahri
Bob Tahri: « Claude Puel tient facilement le 15 km/h de moyenne sur 10 bornes »
En lice ce mercredi en séries du 1 500m, Bouabdellah Tahri parle coaching mental avec son pote Jean-Marc Furlan ou tape des footings avec Claude Puel. Parce qu'avant d'être en route pour son huitième championnat du monde d'athlétisme à Moscou, Bob a taquiné le cuir dans la banlieue de Metz et a même vibré sur les buts d'Isaias.
Prêt pour le grand saut?Ouais, ça fait deux mois que je suis à Font Romeu pour me préparer. Je commence à avoir mes habitudes ici mais j’ai hâte de partir pour Moscou.
Il paraît que tu connais pas mal de monde dans le football, notamment Jean-Marc Furlan.Ouais, Jean-Marc, je l’ai connu à Strasbourg car l’ancien kiné du club est devenu le mien par la suite. Et il se trouve aussi que sa femme est préparatrice mentale dans le sport. Elle a souhaité me rencontrer et le feeling est bien passé. Depuis, je suis resté ami avec le couple. On s’appelle souvent pour échanger, c’est un mec en or. Son parcours sur le banc n’est pas à son image. C’est un mec qui a tout compris, notamment dans la manière de gérer les sportifs de haut niveau.
La rumeur dit que tu cours avec Claude Puel de temps en temps.Claude, c’est plus récent comme amitié. Ça date de 2010. En fait, sa fille fait du 1500 mètres comme moi. Elle a été championne de France espoir. Au départ, il a voulu me demander des conseils pour elle, puis, de fil en aiguille, une amitié s’est installée. Maintenant, on se voit souvent, on s’appelle aussi car c’est un mec que j’aime beaucoup, un travailleur. Le personnage est attachant. Et puis il tient la route en course. Il court 10 kilomètres à plus de 15 km/h de moyenne, c’est costaud. Surtout pour son âge (rires).
T’es un vrai fan de football, en fait ?Comme tout le monde, j’ai commencé par le football petit. Je jouais numéro 8 car je courrais déjà beaucoup. Mais j’ai préféré l’athlétisme car je n’avais pas les arguments pour réussir dans le football où il fallait laver ses crampons etc. Et puis à l’athlé, on m’a filé un survêtement et des baskets, ça m’a plu. Ça plaisait plus à mes parents aussi. Mais quand je retourne à Metz, je prends mon jogging et mes pompes et je file faire des 5 contre 5 avec mes frères. C’est là que je m’abandonne.
Existe-t-il des similitudes entre les deux sports ?Pas tellement, en fait. En Athlé, c’est le chrono qui parle. Tu ne peux pas te planquer derrière tes coéquipiers si tu n’es pas bien. Difficile de reprocher quelque chose car tu es seul face à la piste. Le demi-fond, c’est énormément de préparation, d’entraînement, pour une course qui va durer moins de 4 minutes. Parfois, tu bosses pendant 50 semaines pour trois courses de moins de 4 minutes. Tu n’as pas le droit de te louper.
« J’ai grave vibré à l’époque des PP flingueur à Metz »
Tu as un idole dans le football ?Je ne vais pas être bien original en te parlant de Cristiano Ronaldo. C’est le footballeur du XXIe siècle : les deux pieds, le jeu de tête, le mec est tanké, beau gosse. Il a tout, quoi. J’aimais beaucoup Ronaldo aussi. C’était un tueur. Un contre un, deux contre un, dix contre un, il tuait tout le monde. Un génie.
Tu viens de Metz, tu supportes les Grenats ?Ouais, et depuis que je suis tout petit. J’ai grave vibré à l’époque des PP flingueurs. Pouget-Pirès, ça envoyait. À la fin des années 90, le club était dans sa période dorée mais a raté le virage du football moderne. C’est plus compliqué depuis même si on vient de remonter en Ligue 2. Je vais souvent voir des matchs. C’est un club familial avec des valeurs, j’aime ça. Je suis Grenat, c’est ma ville. J’ai d’ailleurs pendant très longtemps pu m’entraîner sur les installations du club, ainsi, j’ai noué des amitiés avec des gars du FC Metz : Borbiconi ou Agouazi par exemple. C’est une petite ville, tout le monde se connaît.
Tu as des potes dans le football ?Momo Sissoko ! Je suis en contrat avec Nike alors je suis souvent amené à croiser des mecs du foot, et Momo, c’est devenu mon pote. Il a des qualités humaines extraordinaires. Et puis il a joué dans les grands clubs : Liverpool, Valence, Juventus et Paris. C’est un type en or.
Il ne joue plus trop au PSG. D’ailleurs, ça te dit quoi ce PSG ?J’aime beaucoup. Enfin un club français qui peut rivaliser avec des grosses écuries en Europe. C’est une machine de guerre le truc. Ils ont pris le virage de l’argent, c’est ce qu’on attendait d’un club en France malgré tout ce que les gens pensent.
Tu en as pensé quoi de l’affaire des quotas dans le football ?C’est déplorable qu’encore aujourd’hui, tu te retrouves face à ce genre de pensées. Il faut arrêter avec ça. J’ai de la chance, en athlétisme, je n’ai jamais été confronté au racisme. Jamais. Il y a un profond respect des athlètes. Le football a une image biaisée en France. On voit toujours le verre à moitié vide alors que tout le mode sait où il se trouvait le 12 juillet 1998. Au fond, on n’est pas assez patriotique en France. C’est ça, le noeud du problème. On aime le sport mais on n’est pas un peuple de sport non plus. Les deux ensembles, ça donne ce genre de débordements…
Tu vas entamer ton huitième championnat du monde, comment le vis-tu ?Je suis content car je me suis préparé comme je voulais. Je suis parti au Kenya, en Éthiopie et j’arrive à Moscou avec envie et détermination. J’ai toujours mené ma carrière comme ça. Je voulais profiter, ne pas me projeter. J’ai la chance de vivre de ma passion et de voyager partout. J’ai vu mon père se casser le dos à l’usine tous les jours. Comment se plaindre quand des mecs se cassent le dos à visser des boulons en faisant les 3-8 ? J’aime ce que je fais, c’est mon moteur. Tant que c’est là, j’en profite.
propos recueillis par Mathieu Faure