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Bob Bradley : « Rencontrer Aboutrika est un des plus grands moments de ma vie »

Propos recueillis par Nicolas Kohlhuber
Bob Bradley : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Rencontrer Aboutrika est un des plus grands moments de ma vie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Bob Bradley, l'ancien sélectionneur des USA et dernièrement de l'Égypte, sévit désormais en Norvège, à Stabaek, l'actuel dauphin de Rosenborg. De la place Tahrir au Nadderud Station en passant par son fils, Bob se met à table.

Comment avez-vous atterri à Stabaek ?

Dès la fin de mon quinquennat à la tête de la sélection américaine, je voulais entraîner un club. Le travail de tous les jours, c’est ce que je préfère. Mais à l’époque, mon licenciement arrivait à une période où les clubs ne recrutaient pas. J’ai alors rebondi en Égypte. Quand cette expérience s’est terminée, je voulais rejoindre l’Europe. Stabaek était intéressé, je n’ai pas laissé passer l’occasion.

Pouvez-vous nous parler de ce club ? Pourquoi ce choix ?

Quand ils ont commencé à s’intéresser à moi, j’ai demandé l’avis de mes amis en Europe. Tous m’ont dit que c’était un club trop petit, que le challenge n’en valait pas la peine. Stabaek venait juste d’être promu. Mais je sentais que je pouvais faire quelque chose ici. J’ai rencontré les gens, et je suis tombé sur un groupe de personnes qui avait un rêve il y a 20 ans : faire passer Stabaek de la quatrième division à l’élite. Et ils avaient réussi. Malheureusement, des problèmes économiques ont fait retomber le club. Ils sont remontés, et derrière, il y avait toujours les mêmes personnes, qui espéraient. J’ai ressenti la passion, et cela m’a plu. J’avais l’opportunité de coacher un club qui avait une âme. « Un petit club avec un grand cœur » comme on me disait. Cela m’a séduit.

C’est votre deuxième année ici, quel bilan tirez-vous ?

On a déjoué tous les pronostics. Tout le monde annonçait qu’on allait vivre un calvaire l’an passé, mais on a fini au milieu de tableau et atteint les demies de la Coupe. Cette année, on nous annonçait dans la charrette, mais on est deuxièmes et demi-finalistes de la Coupe. C’est excitant. Mais surtout, les Norvégiens ont pris du plaisir à voir jouer Stabaek. On presse, on joue l’attaque, les joueurs produisent un jeu fantastique, et c’est le plus important.

Vous avez mené Stabaek d’un statut de promu à celui de 2e de Tippeligaen, quelle a été la recette de ce succès ?

Il n’y a pas de secret, il faut travailler dur. Tout doit être fait pour progresser et former une véritable équipe. Les résultats, le classement, ce n’est que l’illustration du travail, des sacrifices et de l’état d’esprit qu’il y a sur et en dehors du terrain. C’est vraiment encourageant la manière dont mes gars travaillent. On a perdu des joueurs, on en a recruté d’autres, mais on a toujours su aller de l’avant. Notre équipe est forte mentalement. Je suis fier de voir les joueurs s’aider entre eux, tout donner. On fait attention à eux, ils en sont conscients. Il y a une très bonne ambiance au sein du groupe. Ils jouent pour la gagne, mais ils jouent surtout ensemble.

Être le premier Américain à entraîner un club européen de première division, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Honnêtement, ce n’est pas important à mes yeux. Pour moi, où que l’on aille, il y a la nécessité de prouver ce que l’on vaut sur le terrain. C’est simplement un challenge que je veux réussir. J’espère que malgré le fait que je sois américain, ma manière de travailler plaît ici. Mais si cela peut aider dans le futur, en permettant à d’autres de franchir le pas, j’en serais ravi.
Avoir pu entraîner une équipe des USA de cette trempe est ma plus grande fierté.

Pourquoi avoir choisi le soccer ?

Il faut savoir que quand j’étais jeune, j’ai essayé beaucoup de sports. Hockey, basket, base-ball… Au même moment, le soccer se développait aux États-Unis. À 14 ans, un homme d’origine italienne, qui était entraîneur-adjoint dans mon école, m’a vu joué dans la cour. Il m’a conseillé d’y jouer. C’était le déclic. Je suis tombé amoureux de ce sport.

Vous êtes devenu entraîneur à 23 ans. Pourquoi ce choix ?

Je n’étais pas très fortuné, alors je ne pouvais pas passer mon temps à jouer. J’ai alors continué les études jusqu’à être diplômé. Une fois mon diplôme en poche, j’ai eu une opportunité de retourner à l’école pour entraîner. J’étais très jeune, plusieurs joueurs étaient plus âgés que moi, mais j’avais cette flamme. Je cherchais sans cesse comment lier des joueurs très différents pour qu’ils aillent dans le même sens sur le terrain. Je regardais autant de football que je le pouvais, je ne m’arrêtais plus, j’ai alors compris que j’étais devenu accro, et que cette voie allait être la mienne.

Durant vos années à la tête de la sélection US, vous avez atteint quatre finales, mis fin à l’invincibilité de l’Espagne et joué les huitièmes du Mondial sud-africain. Ce qu’on appelle un beau bilan…

Oui, mais à chaque fois, nos parcours se sont finis par des déceptions. On a vécu une très belle période, vécu beaucoup de bons moments. À la Coupe des confédérations 2009, on bat l’Espagne, invaincue depuis une trentaine de matchs, en demi-finales, mais on perd lors d’une finale exceptionnelle contre le Brésil. L’année d’après, à la Coupe du monde, on finit premiers de notre poule, mais le Ghana nous élimine après prolongation en huitièmes de finale. En 2011, on produit un très bon football jusqu’à la finale de la Gold Cup, où le Mexique, qui a très bien joué, nous bat. C’est rageant.

Quel a été le meilleur souvenir de cette période ?

L’état d’esprit de cette équipe est ce dont je suis le plus fier. Plus que notre parcours en Coupe des confédérations, je retiens comment le groupe a su franchir tous les obstacles qui se dressaient sur son chemin. En éliminatoires du Mondial, quelques jours avant un match décisif, un de nos joueurs, que vous connaissez en France, Charlie Davies, a été victime d’un terrible accident de la route. En tant qu’équipe, c’était un énorme défi que de rester concentré alors qu’un de nos frères était en danger. Mais nous l’avons fait, pour lui. Ça a été dur d’entendre qu’il ne pourrait plus jouer au football. Une fois au Mondial, encore une fois, tout allait contre nous. On nous disait que c’était un groupe facile, mais c’était très dur. Pour le premier match, on fait 1-1 contre l’Angleterre. Pour le deuxième, on joue bien contre la Slovénie mais, à la mi-temps, on est menés 2-0. Pour rester en vie dans cette Coupe du monde, on a dû se remobiliser, on revient à 2-2, puis un troisième but nous est refusé. On a alors dû battre l’Algérie, malgré encore un but refusé injustement. On se qualifie grâce à un but de Donovan dans le temps additionnel. Jusqu’à la dernière minute, il a fallu se battre pour se qualifier. Cela montre le caractère et les ressources de ces fantastiques joueurs. Quoi qu’il arrive, chacun s’entraidait jusqu’à arriver au bout. Avoir pu entraîner une équipe de cette trempe est ma plus grande fierté.

Puis vous avez été nommé sélectionneur de l’Égypte. Vous retenez quoi de cette période ?

Deux incroyables années. J’y étais pendant la révolution, après l’interruption du championnat. Ce que j’en retiens, c’est l’incroyable caractère des joueurs, et des Égyptiens en général. Ils voulaient la Coupe du monde, on y était presque. Malheureusement, au dernier tour de qualification, on hérite du Ghana. Lors du match aller, à Kumasi, il s’est passé quelque chose que je n’ai vu qu’une fois depuis, quand le Brésil a perdu contre l’Allemagne l’année dernière. La pression que les joueurs avaient sur leurs épaules, la situation du pays, tout cela a paralysé les joueurs. Ils n’étaient plus les mêmes et on perd 6-1. La victoire du match retour sera anecdotique. C’est une déception, mais je suis fier du chemin parcouru. J’ai aimé ce pays, c’était une expérience exceptionnelle qui m’a marqué. L’Égypte reviendra bientôt sur le devant de la scène, ils ont des joueurs exceptionnels qui le méritent.
Après le massacre de Port Saïd, je suis allé marcher sur la place Tahrir pour la marche pour prouver que l’on était fiers d’être en Égypte.

Comment avez-vous fait pour gérer la crise politique et footballistique ?

Le jour après le massacre de Port Saïd, je suis allé avec mon assistant et ma femme sur la place Tahrir pour la marche. On se devait de prouver que l’on était fiers d’être en Égypte. À ce moment-là, c’était important d’être un leader. Il fallait rester debout, et prouver que l’on pensait à eux. Les joueurs étaient très marqués par ce qui s’était passé. Ma rencontre avec Aboutrika est un des plus grands moments de ma vie. Il a renoncé à sa retraite internationale, alors que tout le monde l’y avait poussé. Il voulait représenter son pays à la Coupe du monde. C’est alors devenu mon frère de sang dans cette quête. Au final, on a échoué, j’étais triste pour les joueurs, pour le pays, mais encore plus pour lui.

Votre fils est le capitaine de la sélection américaine et compte 100 sélections. On imagine un papa fier…

Oui, je suis fier de lui. J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup de joueurs fantastiques, et il fait partie de ceux-là. Il donne tout ce qu’il a pour chaque équipe dans laquelle il a joué, il prend ses responsabilités sur et en dehors du terrain. Il ne se met pas en avant, mais essaye de rendre ses coéquipiers meilleurs. Avoir un joueur comme ça, c’est exceptionnel. Je suis fier de la manière dont il a évolué.

La MLS semble en constante progression, qu’en pensez-vous ?

Le monde du football évolue très vite, et la MLS n’y échappe pas. Il y a de plus en plus d’équipes, la couverture médiatique croît. Les joueurs et les entraîneurs progressent à vue d’œil. C’est une excellente chose.

Peut-elle devenir un championnat mondial majeur avec l’arrivée de joueurs comme Drogba, Pirlo ou Gerrard ?

Oui. La MLS attire d’excellents joueurs étrangers, mais il ne faut pas oublier les très bons Américains qui y jouent. Ces derniers profitent de l’expérience de ces stars. Tout cela donne une excellente vitrine à la MLS et lui permet de progresser rapidement. Cette situation est bénéfique pour tous. À terme, la MLS comptera dans le paysage footballistique mondial et pourra rivaliser avec les meilleurs championnats. J’en suis persuadé.

Songez-vous à un retour en Amérique pour entraîner une franchise de MLS ?

J’ai eu une opportunité en MLS après mon départ de la sélection égyptienne, mais je voulais venir en Europe montrer ce que je valais. J’ai encore beaucoup de choses à prouver ici. Tout peut arriver dans le football. Quelle que soit l’opportunité, je prendrai le temps de l’observer.
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Propos recueillis par Nicolas Kohlhuber

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