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Blind, vision d’ensemble
Daley Blind sera le taulier de la défense de l’Ajax contre le Real Madrid en huitièmes de finale de la Ligue des champions, ce mercredi. À 28 ans, son choix surprenant de quitter Manchester United pour retourner dans son club formateur l’été dernier s’apparentait à une régression. Pas pour le fils de Danny, qui espère déjà revoir plus haut qu’Amsterdam.
Quel est le transfert le plus cher de l’histoire de l’Ajax ? Zlatan Ibrahimović ? Luis Suárez ? Non. L’homme pour lequel l’Ajax a cassé sa plus grosse tirelire se nomme Daley Blind. L’été dernier, les dirigeants ont posé 18 millions d’euros sur un quasi-gringalet aux 28 printemps bien entamés et qui avait ciré le banc de Manchester United toute la saison précédente. Un choix surprenant ? Pas autant que celui du joueur lui-même, dont le rapatriement au pays apparaissait bien précoce par rapport à Robin van Persie ou Klaas-Jan Huntelaar (plus proches de la mi-trentaine à l’heure de signer un retour aux sources souvent synonyme de pré-retraite). À 28 ans, Blind se sentait-il déjà sur le déclin, au point de revenir couler des jours heureux dans son Amsterdam natale ? En réalité, le joueur n’envisageait même pas de quitter les Red Devils.
« J’aurais pu rester à Manchester et finir mon contrat là-bas. Je jouais moins, mais je n’avais pas besoin de partir. J’étais important pour l’équipe, j’ai gagné des titres » , confiait-il à Voetbal International. Pour beaucoup de footballeurs néerlandais, le retour aux Pays-Bas est souvent affaire de sentiments et de passion. L’amour porté au club formateur et la volonté de lui témoigner de la reconnaissance, la proximité avec la famille… Blind ne fait pas exception. Mais de passion, le couteau-suisse amstellodamois en a avant tout pour le jeu. Un jeu qu’il conçoit d’une manière bien précise, lui le défenseur ou milieu élégant à la technique raffinée et aux passes soyeuses.
Aller plus haut
« Je ne pense pas que mon jeu pouvait s’épanouir pleinement en Premier League. On doit se battre tout le temps, le football passe un peu au second plan. Or là où je suis le meilleur, c’est dans une équipe qui joue au foot. Et il n’y avait pas beaucoup d’équipes en Europe qui étaient prêtes à me faire jouer comme défenseur central avec la manière dont je joue » , expliquait le DJ du vestiaire de l’Ajax, toujours à VI. Amplement suffisant, donc, pour délaisser la mystique atmosphère anglaise et choisir de cavaler sur les terrains champêtres du Fortuna Sittard.
Mais le choix de Blind reposait avant tout sur un raisonnement on ne peut plus pragmatique – jouer –, pour satisfaire un objectif on ne peut plus rationnel – retrouver les sommets. Quitte à considérer le club qui l’a vu éclore (de ses 8 à ses 24 ans) comme un nouveau tremplin vers les cimes : « Ce n’est pas comme si j’avais 32 ans, je ne suis pas en pré-retraite. Je me sens en pleine force de l’âge. Si je peux conserver ce niveau, peut-être qu’il y aura l’été prochain une offre qui arrivera. Je pense que beaucoup de clubs étrangers m’ont encore dans le viseur. »
Une polyvalence à refouler
Problème : après un début de saison idyllique, l’Ajax est retombé dans le rang depuis quelques semaines. Dix buts encaissés en deux matchs (6-2 contre Feyenoord, 4-4 contre Heerenveen), une dernière défaite pitoyable contre Heracles Almelo (1-0) avant de défier le Real Madrid : les leaders des Lanciers sont dans l’œil du cyclone, et Blind se retrouve en première ligne avec son statut. Pour l’ancien international néerlandais Willem van Hanegem relayé par AD, c’est clair, Blind n’a tout simplement pas la carrure : « Il a été acheté des millions, mais ce n’est pas un joueur qui prend l’équipe en main. De plus, c’est simple : il ne sait tout bonnement pas défendre. » Blind, qui a été capitaine de Manchester United ou des Pays-Bas, est effectivement plus du genre Hugo Lloris que Roy Keane : « Je donne des indications sur le terrain, mais je ne suis pas un grand parleur dans le vestiaire. Je laisse ça à Schöne, De Ligt ou Huntelaar. »
À un âge où le leadership et la transmission de l’expérience restent prépondérants pour les clubs, Blind est-il condamné à renoncer à ses envies d’ailleurs ? Il n’est pas dit qu’une écurie de niveau supérieure à l’Ajax sera prête à racheter un contrat courant jusqu’en 2022 pour un joueur dont le principal atout demeure sa polyvalence. L’été dernier, « beaucoup de clubs me voulaient uniquement pour ça » , glissait Blind à VI. Celui qui a fait le bonheur de ses entraîneurs et sélectionneurs pour sa capacité à jouer défenseur central, latéral gauche ou milieu défensif doit donc encore prouver qu’il peut s’imposer au premier poste où il veut s’installer. Mercredi soir, contre le Real, une grande partie de la question aura peut-être trouvé sa réponse.
Douglas De Graaf