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Blind, l’incarnation Ajax
Formé à Amsterdam et vendu à Manchester United en 2014 après s’y être imposé, Daley Blind a laissé de bons souvenirs au club et au pays. Parce qu’il correspond parfaitement à l’image de ces entités. De quoi être contents de se retrouver.
Ce mercredi soir, à Stockholm, tout le monde aura une pensée pour Zlatan Ibrahimović. Comment pourrait-il en être autrement ? La finale de Ligue Europa aura lieu dans son pays, contre l’équipe qui l’a fait découvrir à l’Europe. Mais de manière plus discrète, un deuxième ancien de l’Ajax aura droit aux sourires et aux retrouvailles. Son nom ? Blind. Pas Danny, celui qui a passé treize ans au club (entre 1986 et 1999) et qui s’est même assis sur son banc (en 2005-2006). Non, l’autre. Daley, son fils.
Car lui aussi a goûté quelques bons moments à Amsterdam. S’il n’a pas remporté de coupes européennes comme papa (Coupe intercontinentale 1995, Supercoupe d’Europe 1995, Ligue des champions 1995, Coupe de l’UEFA 1992, Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe 1986), le fiston a tout de même eu le temps de rafler quatre championnats en six saisons professionnelles (entre 2008 et 2015). Formé là-bas, l’actuel Mancunien a franchi toutes les étapes pour devenir un incontournable. Et n’allez pas croire que son nom l’a aidé dans cette mission. « Il n’a pas été parachuté dans l’équipe première comme ça. Il est parti avec un nom, celui de son père qui était international, mais ça ne l’a pas empêché de devoir faire ses preuves. Et dans différents clubs, affirme Édouard Duplan, joueur du championnat néerlandais depuis 2006 qui a croisé pas mal de fois la route de Blind.Il n’a pas eu un parcours facile et a dû se montrer. » Avant de s’imposer à l’Ajax, celui qui a commencé au milieu de terrain avant d’être essayé au poste de latéral gauche est en effet allé se faire les dents au FC Groningue. En 2010, Amsterdam récupère alors le joueur qu’il a prêté un an et qui a bien grandi. L’union efficiente entre les deux parties s’officialise enfin (143 matchs, trois buts).
Un gars de l’Ajax qui ressemble à l’Ajax
Mais comment aurait-il pu en être autrement, tant le gaucher était destiné à briller dans une équipe qui lui ressemble ? « C’est un produit typiquement hollandais, explique Duplan. Il est fin techniquement et malin tactiquement. Comme l’Ajax. Il joue comme un gars très expérimenté depuis qu’il est tout jeune. Et ça, c’est un peu le profil de l’Ajax actuelle : une équipe jeune qui fait tactiquement déjouer l’adversaire. C’est en ce sens qu’il est un pur produit hollandais. » D’autant que les comparaisons ne s’arrêtent pas là. Hyper agréable à regarder jouer, Daley renvoie l’image d’un mec bien, qu’on a envie de voir réussir, sans qu’on comprenne trop pourquoi.
À l’instar de ces Lanciers insouciants, auxquels personne ne voue une haine particulière en France malgré l’élimination de l’Olympique lyonnais. Duplan : « Il est beau à voir jouer, c’est clair. Comme l’Ajax. Son élégance symbolise bien plus le club que le caractère d’Ibrahimović. Après, l’Ajax a toujours aimé cette combinaison entre des joueurs très élégants et des joueurs très chaotiques, comme Ibra ou Luis Suárez. Au-delà de ça, il provoque la même sympathie qu’on a pour l’Ajax. Je connais d’ailleurs un peu son père, et je peux vous dire que ce sont des gens simples. À l’image des Hollandais, pas connus pour être arrogants. »
Tuer la famille pour grandir ?
Si l’on excepte Arjen Robben, Wesley Sneijder et Robin van Persie, les Néerlandais verraient ainsi en Daley Blind une part d’eux-mêmes. Voilà pourquoi le garçon a laissé une « bonne image » au pays, où « tout le monde est fier de lui » , selon Édouard Duplan. Reste que le latéral-défenseur central-milieu défensif n’a pas la même cote en Angleterre, où José Mourinho ne le considère absolument pas comme un indispensable (vingt titularisations seulement en Premier League). Du gâchis ? Sans doute. Mais à 27 ans, l’international (42 sélections) a encore un peu de temps devant lui pour convaincre son entraîneur portugais. Ce que beaucoup espèrent aux Pays-Bas, qui n’ont pas connu le même joueur, toujours d’après Duplan : « Ce qui me surprend aujourd’hui, c’est son physique. Moi, je me souviens du Blind un peu frêle, bon techniquement et intelligent dans les espaces. Là, c’est devenu un vrai défenseur central avec le corps qui va avec. Pour ce qui est de son temps de jeu, les gens ne crient pas au scandale de le voir un peu stagner à United, mais on considère qu’il est l’heure pour lui de s’imposer dans un grand club. Pour, notamment, devenir un cadre de l’équipe nationale. » Même s’il faut pour ça tuer son propre club ?
Par Florian Cadu