- International – Équipe de France – Bilan
Bleus : une sélection encore ouverte et incertaine
Si de cette trêve internationale, beaucoup ne retiendront que l'hommage magnifique de Wembley, Didier Deschamps, lui, a encore un drôle de casse-tête à quelques mois de l'Euro...
Les gardiens : avec Costil en ambianceur, en attendant Areola
Lloris en choix numéro un et capitaine, devant Steve Mandanda : la hiérarchie chez les gardiens en équipe de France est claire et acquise depuis longtemps s’agissant du rôle de portier titulaire et de son premier suppléant. Pour ce qui est du poste un peu plus anecdotique – sportivement parlant – de troisième gardien, il semblerait que Deschamps ait fait son choix : Ruffier pas tenté de jouer les figurations et Areola encore un peu tendre, c’est Benoît Costil qui devrait fort logiquement être de l’aventure des Bleus au prochain Euro. Le portier du Stade rennais a été appelé pour cette semaine internationale, alors même qu’il revenait de blessure. Un signe fort qui lui est envoyé. Bienvenue à lui dans la confrérie des Lionel Charbonnier.
Les centraux : Koscielny peine à convaincre les sceptiques
S’il reste perfectible, Raphaël Varane paraît être l’indéboulonnable de la défense centrale pensé par Deschamps pour faire briller les Bleus à l’Euro. Le sélectionneur a titularisé le jeune daron madrilène lors des six matchs internationaux disputés depuis le début de saison (Portugal, Serbie, Arménie, Danemark, Allemagne, Angleterre), pour un bilan de 4 buts encaissés. Il y a en revanche de la concurrence pour être son copain de charnière centrale. Laurent Koscielny, titulaire à trois reprises cette saison (Allemagne et Angleterre après le Portugal), tient la forme en club, mais peine encore à convaincre avec le maillot national sur le dos, à l’image de sa timide prestation de Wembley. Il semblerait donc qu’un Mamadou Sakho à 100% de sa forme physique soit un complément plus idéal de Varane, d’autant qu’il progresse aussi en club. Mais le joueur de Liverpool, actuellement blessé, n’a été titulaire en sélection cette saison que face à l’Arménie… Le quatrième défenseur central dans l’esprit de Deschamps est Eliaquim Mangala, aligné face à la Serbie et au Danemark, tandis que Loïc Perrin est la solution « au cas où » . À surveiller aussi, la progression de Kurt Zouma dans un Chelsea en crise. Jérémy Mathieu semble être de l’histoire ancienne, tandis qu’au contraire, Aymeric Laporte pourrait continuer longtemps de s’impatienter…
Les latéraux : qui pour doubler Évra à gauche ?
À droite de la défense, Deschamps n’a pas une orgie de solutions, mais paraît convaincu par la doublette expérimentée constituée de Bacary Sagna en titulaire naturel et Christophe Jallet en doublure. Le troisième larron, Mathieu Debuchy, paie cash son très difficile début de saison en club. À gauche en revanche, ça semble moins entendu. Pour le poste de titulaire, si, bien sûr : il est encore pour ce bon vieux Patrice Évra. Mais pour le suppléer, ce n’est pas si clair avec une hésitation entre Benoît Trémoulinas, présent dès le coup d’envoi du match de la Serbie, et Lucas Digne, aligné face au Danemark puis face à l’Angleterre. S’il pouvait être reproché à ce dernier son manque de temps de jeu du temps du PSG, ce n’est plus le cas depuis son arrivée convaincante à la Roma, ce qui pourrait lui permettre de doubler le joueur de Séville.
Les milieux défensifs : une hiérarchie s’établit
Le spectaculaire retour en grâce de Lassana Diarra et ses performances très convaincantes avec l’équipe nationale depuis le début de saison en font un titulaire naturel en pointe basse du milieu de terrain des Bleus. Principale victime : Yohan Cabaye, pas hyper à l’aise face à l’Angleterre et qui semble souffrir de cette concurrence inattendue. Morgan Schneiderlein n’a pas non plus vraiment rassuré à Wembley quant à sa capacité à être autre chose qu’un remplaçant. Avec la sentinelle Diarra, le trio évident paraît plus être constitué de Blaise Matuidi et Paul Pogba, soit le trident aligné lors de la victoire face à l’Allemagne. Le sixième milieu dans l’esprit de Deschamps reste le polyvalent et dévoué Moussa Sissoko. Kondogbia, Guilavogui ou encore Gonalons sont à l’affût, prêts à bousculer de nouveau la hiérarchie en cas de blessure ou de méforme persistante d’un de la bande des six.
Les milieux offensifs : la grosse interrogation Ben Arfa
Aux avant-postes, le flou règne encore pas mal. Il faudra déjà que Mathieu Valbuena rassure quant à sa capacité à se remettre mentalement de l’agitation autour de lui et redevienne performant sur la pelouse, en club comme avec les Bleus où il a toujours répondu présent quand on faisait appel à lui. En son absence, Hatem Ben Arfa a été rappelé sous les acclamations de la vox populi, mais Deschamps l’a étonnement sorti dès la fin de la première période face à l’Angleterre, sans lui donner trop le temps de s’exprimer. Le scepticisme a l’air de prédominer dans son esprit s’agissant du cas HBA. Quid aussi de Dimitri Payet, plus appelé chez les Bleus depuis le match de l’Albanie en juin dernier ? Est-il tricard définitivement avec Deschamps ? Mystère… Sur les ailes, ce n’est pas tellement plus clair non plus, même si Antoine Griezmann est désormais un taulier dans ce registre et qu’Anthony Martial est déjà en passe d’être aussi un incontournable. L’émergence de Kingsley Coman est évidemment très intéressante, avec également Paul-Georges Ntep dans un rôle de dynamiteur. Ce ne sont pas les talents qui manquent à ces postes, reste à établir la hiérarchie et à éviter l’empilement incohérent et inutile.
Les attaquants : Gignac, au cas où ça tourne mal pour le Benz’…
Où en sera Benzema dans six mois ? Le flou est grand pour l’instant le concernant et il est difficile de prédire les conséquences futures du tumulte actuel. En attendant de savoir s’il pourra ou non continuer à court terme à être appelé avec les Bleus, la concurrence a marqué des points et des buts vendredi : Olivier Giroud dans le rôle bien établi de doublure au registre différent, André-Pierre Gignac dans celui de l’improbable revenant qui postule un rôle, même minime, à l’Euro. Mais la concurrence est forte et il ne faut pas oublier les deux Lyonnais : Alexandre Lacazette, en grosse panne de confiance, et Nabil Fekir, qui se soigne et dont on ignore toujours s’il pourra revenir à temps pour être candidat à la liste des 23 pour la grande compétition qui s’annonce…
Par Régis Delanoë