- Amical
- France-Écosse (4-1)
Et si Deschamps avait déjà fini son puzzle ?
Alors qu'ils surfent sur 2023 en enchaînant les succès, les Bleus continuent surtout d'ajuster peu à peu le rôle de certains éléments et de se rapprocher de ce qui pourrait être leur visage de l'été 2024.
Jusqu’ici, tout va bien. Mais toujours aucune euphorie à l’horizon, gagner étant plus que jamais une habitude pour ces types-là. Les Bleus ne se prenaient pas pour des héros après la victoire d’Amsterdam, vendredi, et rien n’a changé, mardi, à Lille, dans la foulée de leur énième succès de l’année – le septième en huit rencontres, pour être précis. Après avoir validé sans trop forcer son billet pour l’Euro allemand, l’équipe de France a continué à faire consciencieusement son job et a déroulé lors d’une rencontre pour du beurre face à une Écosse surprenante sur certaines phases, puis dépassée sur la longueur par la supériorité naturelle de son adversaire du soir (4-1).
Ce qu’il faudra retenir de cette soirée qui sera sans doute vite oubliée ? Peut-être d’abord qu’elle est venue refermer ce que Didier Deschamps a lui même qualifié de « très bon stage ». Certainement, ensuite, qu’elle aura apporté des éléments sur certains pions et le cas de Benjamin Pavard tombe forcément directement au milieu de la table. Posté dans l’axe aux côtés de Konaté après des mois de bagarre avec le sélectionneur pour être testé à son poste originel, le défenseur de l’Inter a répondu présent, plantant un doublé de luxe, mais se montrant surtout solide et propre dans son rôle défensif. Plusieurs situations auront attiré les regards, que ce soit une bonne contre-pression en première période (20e) ou une subtile ouverture pour un Mbappé tout juste hors jeu en seconde. Il aura été, globalement, le deuxième joueur français qui a disputé le plus de duels et l’un de ceux qui en ont le plus remporté.
Et derrière Mbappé ?
Cette nuit lilloise a aussi confirmé les pistes vues dans l’animation des Bleus aux Pays-Bas, puisque Deschamps avait de nouveau choisi de partir avec deux latéraux portés vers l’avant dans son onze de départ (Clauss et T. Hernandez). Et de nouveau, cela n’a pas déséquilibré l’organisation avec ballon des Tricolores, qui ont encore pu se reposer sur Tchouaméni, précieux pour compenser, même si le milieu du Real a connu un petit peu plus de déchets après la pause, et Theo Hernandez s’est même un peu plus découvert, bien qu’il ait manqué d’efficacité dans le dernier tiers adverse. Il ne faudra au passage pas oublier que c’est le latéral du Milan qui est parfaitement venu presser à l’intérieur au début du quatrième but du soir. Dans cette équipe de France où chaque joueur évolue désormais dans sa zone favorite – Griezmann dans un rôle de meneur assez libre ; Mbappé sur son côté, pouvant varier entre le large et l’intérieur avec Theo Hernandez ; Camavinga et Rabiot en relayeur ; Pavard dans l’axe –, un autre homme a confirmé des éléments, en moins bien. Il s’agit d’Ousmane Dembélé, qui a peiné à trouver ses repères en venant souvent se placer à l’intérieur pour libérer le couloir à Clauss et s’est encore embrouillé dans le tout dernier geste. Dans son duel à distance avec Kingsley Coman, buteur pour la première fois avec les Bleus depuis novembre 2020 (!), l’ailier du PSG a perdu des points lors de cette trêve internationale.
Le dernier geste sera certainement le sujet d’ici à l’Euro 2024, car après sa soirée, Benjamin Pavard compte plus de buts en équipe de France (5) que Dembélé (4) et seulement un de moins que Coman (6). Le fait est que derrière Kylian Mbappé, encore buteur, performant, puissant et dans le respect du jeu mardi soir, la relève peine à exister dans les chiffres, et cela pourrait devenir un enjeu quand Olivier Giroud prendra sa retraite. Pour le moment, Deschamps préfère souligner la capacité de son équipe à « se créer des occasions et à marquer ». Il a certainement raison, tant que tout va aussi bien, mais on se dit aussi qu’il faudra prochainement revoir Marcus Thuram, actuel meilleur passeur de Serie A, à des hauteurs plus élevées tant son entrée a été intéressante. Ces hauteurs ne seront en revanche pas pour le mois prochain, puisqu’en novembre, l’équipe de France viendra seulement disputer les deux dernières étapes de sa campagne de qualifications : un match à domicile face à Gibraltar, qui pourrait être l’occasion de nouveaux tests, et un voyage en Grèce. L’objectif y sera très simple : un 100% pour boucler la campagne et 2023 sur un bilan au presque parfait. Ensuite, il sera temps de parler de l’été d’après, un nouveau où les Bleus arriveront avec une cible XXL dans le dos. À leur poste, finalement.
Par Maxime Brigand, à Pierre-Mauroy