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Bleus : un milieu à infiltrer
Les forfaits de Paul Pogba et N’Golo Kanté obligent Didier Deschamps à repenser son entrejeu, chose dont il était exempté depuis près de deux ans. Mais entre les revenants Nzonzi et Tolisso ou le jeune Guendouzi, difficile de savoir qui tient aujourd'hui la corde pour endosser ces fonctions.
Didier Deschamps peut refaire les calculs et retourner l’équation autant de fois qu’il veut, voilà deux ans que toutes les additions qu’il pose dans son milieu se basent forcément sur deux facteurs communs. Depuis un match amical en novembre 2017 en Allemagne (2-2), le sélectionneur a toujours pu compter sur Paul Pogba et N’Golo Kanté, ou au minimum un des deux. Ce soir-là, Blaise Matuidi était accompagné de Corentin Tolisso et Adrien Rabiot, à une époque où Didier Deschamps sortait de temps à autre un mieux à trois. Vingt-deux mois plus tard, il devra à nouveau repenser son milieu, en l’absence combinée des joueurs de Manchester United et de Chelsea, tous deux touchés à la cheville.
Ce duo fort de 31 sélections communes depuis mars 2016, socle du système de Deschamps pendant le Mondial, n’est pas resté indemne depuis la Russie, au gré des indisponibilités de l’un ou de l’autre. Si bien que le milieu est devenu le secteur le plus mouvant depuis l’été 2018. Lors des onze derniers matchs depuis le sacre, sept paires différentes ont été installées pour former le « 2 » du 4-2-3-1 référence des Bleus*. Une huitième sera donc proposée ce samedi lors de la réception de l’Albanie au Stade de France, sachant que Tanguy Ndombele, qui semblait avoir pris une option en tant que troisième homme du milieu, est lui aussi forfait.
Blaise à la rescousse
Pour faire du neuf, Didier Deschamps devra forcément faire avec du vieux. Sans compter le néophyte Mattéo Guendouzi, appelé de dernière minute et qui devrait observer une période d’intégration, les soldats aptes sont des hommes déjà rompus à la sélection, mais qui ont du temps à rattraper. Que ça soit Steven Nzonzi et sa saison noire à l’AS Rome (prêté cet été à Galatasaray) ou Corentin Tolisso et sa saison blanche en raison d’une rupture des ligaments croisés, ces mondialistes retrouvent un groupe sans avoir suffisamment de garantie, et les voir associés ce samedi serait une vraie surprise. Le vice-champion d’Europe Moussa Sissoko pourrait évidemment dépanner une fois de plus, mais il pourrait être amené à apporter sa densité un cran au-dessus, dans le couloir droit habituellement réservé à Kylian Mbappé. L’absence de l’attaquant parisien devrait pousser Deschamps à laisser Antoine Griezmann et Olivier Giroud dans les meilleures conditions, et donc à conserver son dispositif.
Finalement, l’option la plus logique serait de faire redescendre Blaise Matuidi dans le cœur du jeu. Le Turinois est dans une forme étincelante et apparaît comme la seule valeur sûre pour former le maillon fort d’une paire qu’il constituera avec, au choix, Nzonzi (plus défensif), Tolisso (plus percutant) ou Guendouzi (plus passeur). Contre les Albanais et les Andorrans – qui devraient jouer bas face aux Bleus –, cette solution offre également l’avantage de titulariser un élément porté sur l’offensive sur l’aile gauche : Kingsley Coman, Thomas Lemar, voire Jonathan Ikoné.
Les aléas d’un groupe
Ce (relatif) casse-tête est un nouvel avertissement pour Didier Deschamps à dix mois de l’Euro 2020. Car cela prouve au sélectionneur qu’il pourra difficilement repartir avec les 23 champions du monde pour une nouvelle campagne. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 14 dans le groupe, et ce chiffre sera amené à fluctuer d’ici là. Ainsi, derrière le duo Pogba-Kanté, personne ne s’est encore affirmé pour être considéré comme une alternative 100% fiable. Le milieu a longtemps été une des satisfactions des Bleus, puisqu’un des secteurs les plus fournis. Mais plus le temps avance, plus la liste des candidats crédibles se resserre. Pour ne prendre que quelques exemples : Adrien Rabiot devra s’armer de patience avant de repointer ses boucles, Geoffrey Kondogbia est aujourd’hui un international centrafricain, quand la jeune garde (Ndombele, Guendouzi, Aouar) a encore besoin de s’aguerrir pour monter en grade… Et pendant que N’Golo Kanté honore ses invitations à des mariages, à Didier Deschamps de former de nouveaux couples pour assurer ses arrières. Ça serait fâcheux de rappeler ce bon vieux Yohan Cabaye.
Par Mathieu Rollinger
*Pogba-Kanté (x5), Pogba-Nzonzi, Kanté-Nzonzi, Kanté-Ndombele, Pogba-Matuidi, Pogba-Sissoko, Pogba-Ndombele.