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Bleus : Todibo veut mettre les choses au Jean-Clair
Convoqué pour la deuxième fois en équipe de France, Jean-Clair Todibo pourrait enfin intégrer la rotation de Didier Deschamps, dans un secteur où rien n’est figé.
S’il fallait choisir un débat pour animer les rassemblements de l’équipe de France, celui concernant la défense – dans sa globalité – trônerait en tête de liste. Du poste d’arrière droit, dépourvu au possible depuis la retraite de Bacary Sagna et malgré l’émergence de Benjamin Pavard, à celui de gardien de but, où la succession du duo Hugo Lloris-Steve Mandanda se met doucement en place, rien n’aura été épargné à Didier Deschamps. Et voilà qu’aujourd’hui, le sélectionneur se retrouve de nouveau à gratter ses cheveux blancs. La faute à une défense centrale qui, si elle ne manque pas d’hommes, peine à trouver de la stabilité. Une situation dont pourrait profiter Jean-Clair Todibo, novice parmi les jeunes, mais au potentiel plus que crédible.
Le malheur des autres
Comme un paradoxe pour Deschamps, les lacunes liées à cette charnière ne se situent pas sur la pelouse, mais en dehors. Car si la qualité est présente, la fragilité l’est tout autant. Demandez à Ibrahima Konaté, absent pour ce rassemblement de rentrée et habitué de l’infirmerie depuis le début de saison dernière (dix-sept rencontres manquées depuis septembre 2022). Idem pour Wesley Fofana, récemment victime d’une rupture des ligaments croisés, pour ce qui est sa troisième grosse blessure en deux ans. Derrière, l’arrivée d’Axel Disasi, souvent bon mais rarement rassurant, le retour tardif de Presnel Kimpembe, et l’alternance « central-latéral » dont bénéficient (ou pâtissent) Lucas Hernandez et Jules Koundé, contribuent à nourrir ce problème d’identité axiale.
Pour Jean-Clair Todibo, entrer dans la rotation aux côtés de Dayot Upamecano et William Saliba, les deux grands rescapés de ces derniers mois, n’a donc rien d’impossible. À 23 ans, il aura même su rattraper son retard à l’allumage – lié à ses débuts poussifs entre Toulouse, Barcelone, Schalke 04 et Benfica – malgré une expérience internationale moins étoffée que ses concurrents. Mais avec une moyenne d’âge de 24 ans, les candidats à cette charnière laissent la porte grande ouverte à l’Aiglon, conscient que ce déficit de vécu ne se comble qu’en enchaînant les saisons. Chose faite depuis son arrivée à l’OGCN.
Adoubé par Dante
Indiscutable et régulier à Nice, en dépit des cinq entraîneurs passés sur le banc, Todibo a donc emmagasiné la bouteille nécessaire en l’espace de trois ans. Ses 106 matchs disputés sur 117 possibles depuis l’été 2020 parlent pour lui, au même titre que sa métamorphose auprès du vétéran Dante. « Aujourd’hui, je peux vous garantir que ce joueur-là va jouer au très, très haut niveau s’il continue de travailler comme il travaille. C’est un passionné de football. Même au quotidien, il a pris une ampleur énorme vis-à-vis de ses coéquipiers », posait le Brésilien sur les ondes de RMC. De la continuité, voilà ce qui manquait à une tête brûlée longtemps victime de sa réputation, qui aura logiquement poussé Didier Deschamps à le convoquer une première fois au mois de mars dernier (sur le banc face aux Pays-Bas et à l’Irlande), avant de lui accorder son statut de joker en cette fin d’été.
Les Bleus sur le bon chemin vers l’Euro 2024 avant de défier les Irlandais, puis attendus en guests à Dortmund afin d’y rencontrer l’Allemagne en amical, tout semble ainsi réuni pour voir le Guyanais étrenner sa première cape. Car après la galère, une sélection pourrait définitivement lancer la carrière de Jean-Clair, qui se dira alors que tout est beau.
Par Adel Bentaha