Bleus : ramener le foot à l’horizon

Comme souvent, il y a d’abord eu une moue. Puis, ces mots : « Cet Euro fait partie de notre historique. Maintenant, l’important est ce qu’il y a devant nous. » Didier Deschamps avait prévenu il y a quelques jours lors de sa première prise de parole publique post-gamelle dans L’Équipe et l’a confirmé, jeudi, au siège de la Fédération française de football : l’heure n’est plus au coup d’œil dans le rétro. Le sélectionneur tricolore a fait sa rentrée avec la volonté de tourner pour de bon la page du premier vrai échec de son mandat et de ramener le plus vite possible son groupe sur une voie sereine qui doit l’amener jusqu’au Qatar en novembre 2022. Facile à dire, moins à faire, une élimination en huitièmes de finale de l’Euro face à la Suisse, au terme d’un scénario de match aussi dingue soit-il, ne pouvait être totalement rayée du jour au lendemain.

Alors, Deschamps a dû répondre à quelques questions supplémentaires sur sa gestion de l’été et a ensuite dû justifier ses premiers choix post-Euro. À L’Équipe, avant d’évoquer « les relais à prendre » par certains joueurs, il avait déjà prévenu : « Olivier et quelques autres, c’était en 2018. Aujourd’hui, on est en 2021 et je ne suis pas là pour donner des assurances à qui que ce soit. » Jeudi, les mots ont été suivis d’actes, et le nom d’Olivier Giroud, deuxième meilleur buteur de l’histoire du pays et qui semblait en route pour battre le record de Thierry Henry, n’a pas été prononcé. « Olivier est toujours disponible, sa situation a changé avec son transfert à Milan, mais c’est un choix sportif sur le moment par rapport à une liste de 23 joueurs et à une concurrence, a décrypté Didier Deschamps. Je n’ai jamais eu de positions radicales pour qui ce soit. À Olivier de continuer à être performant. » Autre chose ? Oui : le premier entraîneur du pays a également profité de cette première fenêtre internationale de la saison, qui verra les Bleus disputer trois matchs en sept jours (face à la Bosnie, le 1^er septembre, à Strasbourg, en Ukraine, le 4 septembre, et contre la Finlande, à Lyon, le 7 septembre), pour ouvrir la porte à quatre nouveaux (Diaby, Tchouaméni, Veretout, Theo Hernandez) et annoncer que Mike Maignan devenait gardien numéro 2 devant Steve Mandanda, entre autres.

Le poulpe Tchouaméni, la carte Diaby

Après un Euro traversé dans un flou tactique continu et une inconstance collective inquiétante, la rentrée des Bleus, privés de quelques hommes (Pavard, Lucas Hernandez, Dembélé, Thuram, Rabiot…), sera une curiosité, et l’intégration de nouveaux profils, notamment celui de Moussa Diaby, va permettre d’ouvrir de nouvelles pistes, même si l’objectif central de ces premiers rendez-vous sera, Didier Deschamps restant Didier Deschamps, de retrouver « une bonne solidité défensive ». L’arrivée dans le groupe du poulpe Aurélien Tchouaméni, encore bluffant à Kharkiv face au Shakhtar mercredi soir avec l’AS Monaco, va dans ce sens et pourrait permettre d’éventuellement replacer N’Golo Kanté à un poste plus en adéquation avec celui qui est le sien avec Chelsea. Il sera également intéressant de surveiller les premiers pas du poumon Jordan Veretout et de la mobylette Theo Hernandez, mais aussi le retour de Dayot Upamecano, dont les premiers pas chez les Bleus lors de l’automne 2020 avaient été plutôt compliqués. Autre homme à regarder : Jules Koundé, qui a montré quelques limites à l’Euro pour animer durablement un couloir par manque d’habitude, mais qui est de nouveau convoqué pour jouer au poste de latéral droit – et non de central -, alors que Djibril Sidibé, lui aussi très en forme depuis le début de saison, aurait pu prétendre faire son retour. L’heure est maintenant à la bascule, à l’inversion d’une dynamique, à la quête de références tactiques claires et au retour au jeu après près de deux mois de bilan, qui ont poussé Deschamps à se dire qu’il y avait « encore beaucoup de choses à faire avec ce groupe ». Mais quoi ? Premières réponses dès la semaine prochaine.