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Bleus : mettre de l’essentiel dans le moteur
Deux mois après la claque de l’Euro, l’équipe de France vit une rentrée compliquée, marquée par deux nuls et deux prestations collectives désordonnées. La réception de la Finlande mardi soir, à Lyon, prend donc automatiquement la pire des allures : celle de la victoire impérative.
Quelques semaines avant le début du Mondial 2018, alors que la France du foot commence à discuter du rôle d’Antoine Griezmann, un homme sort au front, poings en avant. Hugo Lloris, capitaine du navire, assume son étiquette de chef de meute, « dans la retenue et la protection du groupe », et sa fonction masquée : celle de passeur de messages. Extrait : « Antoine sait bien qu’il ne peut pas réclamer sa liberté, et dire : si ça va bien tant mieux et si ça ne va pas, je veux qu’on me laisse tranquille. Non. C’est Antoine Griezmann, il a un statut, il doit l’assumer. Moi, on m’a collé un statut de capitaine à un moment où je n’étais pas prêt, et il a bien fallu que je l’assume. » Cette séquence est un exemple parmi d’autres. Depuis plus de dix ans, on connaît la musique : il suffit de regarder Lloris pour prendre la température de l’équipe de France.
Samedi, à Kiev, où les Bleus ont signé un cinquième match consécutif sans victoire deux mois après une éviction de l’Euro dès les huitièmes de finale, c’est donc de nouveau vers le deuxième joueur le plus capé de l’histoire du pays que les regards se sont tournés. Et personne n’a été déçu : « Il y a un manque d’engagement, d’agressivité. C’est fini l’euphorie de l’après-Mondial. Il y a des exigences du très haut niveau et on se doit d’y répondre. On sent un peu de manque de confiance. Il y a pas mal d’évolution aussi en matière de joueurs, mais c’est à chacun d’augmenter son niveau. Je n’ai pas envie qu’on se fasse peur. » Interrogé sur M6, Paul Pogba y est également allé de son coup de gueule : « On nous a beaucoup enflammés. On a dit que notre équipe est la meilleure équipe du monde… Aujourd’hui, on ne l’est pas. On n’est pas la meilleure équipe du monde. Et voilà, c’est tout. » Alors, que faire ? Gagner, mardi soir, à Lyon, où Benzema effectuera son retour, face à la Finlande, est désormais une obligation pour ramener du calme, et Didier Deschamps, bousculé par les résultats récents et l’échec de la mutation post-2018 de son gang, le sait mieux que personne. D’où ces mots sarkozystes du week-end : « Il faut faire en sorte de faire plus pour obtenir plus. »
Retour au résultat coûte que coûte
Depuis le début de ce rassemblement de rentrée, tout tourne autour de ce « plus ». L’équipe de France cherche plus d’envie, plus d’intensité, plus de maîtrise, plus d’agressivité. En ce sens, samedi soir, Deschamps a appelé à prendre exemple sur l’un des derniers nouveaux venus de la bande : Aurélien Tchouaméni, 21 ans, seule réelle satisfaction de ces deux premières sorties de la saison, mais incertain pour mardi soir après un coup reçu au pied. Le moment est aussi, et surtout, à la recherche d’une voie, d’une idée commune, au risque de revivre des longs moments d’ennui et d’improvisations individuelles. À Kiev, c’est cette dernière sensation qui a sans doute été la plus dérangeante, la liberté maximale laissée aux joueurs en phase offensive ayant débouché, notamment en première période, sur un flou collectif géant. Le passage en 4-4-2 en seconde période aura eu le mérite de sauver les apparences.
L’autre sensation du moment, déjà perceptible à l’Euro, est que Didier Deschamps, privé de certains cadres durant un rassemblement où il avait annoncé vouloir revenir à « l’essentiel », ne sait pas tellement sur quel bouton de management appuyer pour relancer son groupe. Au moment de donner sa liste fin août, le sélectionneur s’en était défendu ainsi : « Je ne vais pas me battre contre l’interprétation de certaines situations qui peuvent être différemment perçues à l’extérieur du groupe par rapport à l’intérieur. Je continuerai d’avoir des discussions avec l’ensemble du groupe, avec la même ligne directrice : tout faire pour aller dans le sens du bien de l’équipe. Évidemment, quand le résultat n’est pas là, tout ce qui peut paraître futile prend des proportions importantes. Trop importantes, parfois. » Face au doute, Deschamps serre les rangs et ramène tout à quelques éléments : ceux qui comptent vraiment à ses yeux, le terrain, la gestion de ses hommes – Tchouaméni et Coman incertains, Koundé suspendu, Ben Yedder rappelé en précaution – et la quête du résultat coûte que coûte. Hugo Lloris a appelé ses potes à « se faire mal » là où le sélectionneur a demandé à ses joueurs de « rester maître » de leur destin. Nous y revoilà, pour de bon.
Par Maxime Brigand