Bleus : le « Run PMC » en question

It’s tricky, entonnaient, Adidas aux pieds, Rev Run, D.M.C et Jam Master Jay. C’était en 1986 et Yohan Cabaye, doyen du « Run PMC » , le milieu de terrain des Bleus, venait de naître à Tourcoing, un endroit qui n’a pas grand-chose du Queens. Presque 30 ans plus tard, la donne est toujours aussi tricky pour le « Run PMC » . À quelques encablures de la tournée la plus importante de sa carrière, leur manager, Deedee Deschamps, boucle sa valise. Ce fameux moment où l’on remet tout en cause et où l’on imagine le pire. En vue de son escapade brésilienne, le sélectionneur de l’équipe de France a pris son milieu de bain trois pièces. Aujourd’hui et après le forfait de Franck Ribéry, le trident Pogba – Matuidi – Cabaye est ce qu’il a de plus précieux. Un milieu travailleur et technique au service d’une équipe qui, plus que jamais, misera sur le collectif. Indispensables, les trois zigotos sont le baromètre des Bleus. Et force est de constater qu’après le grand soleil de la Norvège, l’indicateur tirait la gueule face au Paraguay. Secteur fort de l’équipe de France version DD, le « Run PMC » , rarement pointé du doigt, a montré ses limites. À eux de montrer qu’ils sont Tougher than leather.

Mal à l’aise, Blaise

Parfait tout au long de l’impressionnante saison du Paris Saint-Germain, Blaise Matuidi est le Jam Master Jay de ce « Run PMC » . Bassiste de talent, Blaise n’est pas celui que l’on voit le plus, ni celui auquel on demande le plus d’autographes, mais il est celui sans qui le groupe ne marche pas. Sauf que comme ce bon vieux JMJ, Blaise prend une balle dans la tête à chaque fois que les Bleus ne jouent pas face à une grosse cylindrée. Incroyable face à l’Espagne, Blaise peine à exister lorsque les Bleus possèdent le ballon et font le jeu. Capable de se projeter vers l’avant avec le PSG, Matuidi a tendance à disparaître dans la phase de création où il n’apporte ni relais ni véritable profondeur. Moins vertical qu’avec son club, il semble souvent avoir le postérieur entre deux chaises, entre velléités de récupération et désir d’aller de l’avant, ce qui l’amène, la plupart du temps, à être inactif, ou actif pour pas grand-chose. Une incertitude tactique qui se vérifie à plus grande échelle. Interchangeables même si Cabaye a su briller devant la défense lors du match retour face à l’Ukraine au Stade de France, Pogba, Matuidi et Cabaye peinent parfois à trouver leur rôle, tant à la relance, à la création qu’à la récupération. Au vrai, les trois se marchent parfois sur les pieds.

Un problème, très peu de solutions

La récupération, un secteur où les Bleus ont presque été scandaleux face au Paraguay et ce, peu importe le score (1-1) ou la qualité de l’adversaire. Face aux Guarani, ni Pogba, ni Cabaye, ni Matuidi n’ont été vraiment efficaces dans ce secteur. Et si le premier a surnagé offensivement grâce à ses qualités techniques et physiques hors norme, les deux autres n’ont pas plus existé dans la moitié de terrain paraguayenne. Là où, à Paris, Cabaye et Matuidi touchent énormément de ballons, face au Paraguay, la quasi-totalité du processus de création résidait dans les pieds de la paire Valbuena – Pogba, aidés par les latéraux et les appels d’Olivier Giroud. Frappeur de qualité, Cabaye ne s’est quasiment jamais retrouvé aux abords de la surface lors de la première période qu’il a disputé, ce qui n’a pas été le cas de Clément Grenier, entré à la place de Blaise Matuidi. Pas vraiment plus convaincant que son ancien partenaire à Lille lors de son entrée en jeu, Rio Mavuba a eu le mérite de se bouger un peu à la récupération. Au fond, le seul qui a donné vraiment satisfaction dans ce secteur de jeu lors des deux premiers matchs amicaux, c’est Moussa Sissoko. Auteur de deux entrées en jeu convaincantes, le Magpie devrait être titulaire ce soir à la place de Paul Pogba. Pas de quoi bousculer le « Run PMC » dans les charts, en somme.