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Bleus : le choix de la dynamique
À un peu plus d’un an de l’Euro en Allemagne, Didier Deschamps a annoncé mercredi sa liste de convoqués pour un rassemblement de juin qu'il sait toujours délicat à croquer.
C’est une tranche de quelques jours que Didier Deschamps ne sait pas vraiment faire cuire, un vieux casse-tête déposé au bout d’une longue course de plus de dix mois, faite de virées diverses et variées, une parenthèse désenchantée qui, généralement, invite à tout sauf à la déglingue. Elle est pourtant là et il faut la jouer, le plus sérieusement possible, pour s’éviter un été de nœuds et de doutes. En plus de dix ans à la barre du premier navire du pays, le sélectionneur des Bleus a pourtant fini par prendre le pli : les rassemblements de juin lui amènent généralement plus de tracas que de confirmations. Celui de 2022 en avait été un parfait exemple, l’équipe de France ayant alors bouclé sa saison par deux gamelles à domicile – face au Danemark (1-2) et à la Croatie (0-1) – et deux nuls fragiles – en Croatie (1-1) et en Autriche (1-1). À l’époque, Deschamps avait concédé « ne pas avoir encore trouvé la bonne formule pour gérer le rassemblement de juin ». C’est donc forcément avec prudence qu’il s’avance vers celui de 2023, dont le menu est un voyage à Faro pour danser avec Gibraltar et un match à guichets fermés face à la Grèce.
L’enfer de l’impair
À un peu plus d’un an de l’Euro en Allemagne et deux mois après un succès approximatif en Irlande (0-1), arraché grâce à un coup de fusil de Benjamin Pavard et à un Mike Maignan monumental alors que les Bleus avaient passé leur nuit à s’abîmer les dents sur de vaillants hommes verts, on a retrouvé Deschamps, mercredi après-midi, pour l’annonce d’une liste de convoqués que l’on savait sans secousse. Une nouvelle génération s’installe, et l’idée est naturellement de ne pas tout secouer pour tout secouer. Par rapport au rassemblement de mars, les ajustements ont donc été minimes. Devant, Moussa Diaby va ainsi laisser sa place à Christopher Nkunku, comeilleure gâchette de la dernière Bundesliga (16 buts) et de retour dans le groupe pour la première fois depuis sa blessure sur le palier de la dernière Coupe du monde. Derrière, Wesley Fofana, touché aux ischios en mars, va prendre le fauteuil de Jean-Clair Todibo là où Ferland Mendy va revenir pour la première fois depuis septembre 2022. Au milieu, Képhren Thuram, lui, va être laissé à disposition des Espoirs en vue du prochain Euro de la catégorie. Rien de renversant, même si le cas d’Alexandre Lacazette, troisième meilleur buteur français de la saison derrière Rayan Philippe et Kylian Mbappé, a été abordé en vitesse. Ce qu’en a dit Didier Deschamps : « S’il a marqué beaucoup de buts, c’est aussi parce qu’il a beaucoup plus joué que la saison dernière. Bravo à lui, à son club. Alex a toujours eu cette qualité d’efficacité, il fait une très bonne saison et fait toujours partie des sélectionnables. Après, il y a une concurrence au poste, et même si on continue de le suivre, ça n’a pas trop de sens de mettre trois ou quatre joueurs du même poste dans la liste ». Circulez.
Avant le début du rassemblement, fixé au vendredi 9 juin, voilà tout de même le patron des Bleus, dont le groupe ne compte cette saison, fait rare, qu’un seul finaliste de Coupe d’Europe (Alphonse Areola, qui va disputer la finale de la C4 avec West Ham), face à un petit enjeu : que les joueurs ayant disputé leur dernier match de la saison le week-end dernier (Pavard, Upamecano, Coman, Kolo Muani, Nkunku, Thuram) ne coupent pas à 100%. « C’est toujours le souci des années impaires, a commenté Deschamps à la tribune. Il va y avoir un travail d’entretien physique, et l’objectif d’ici au premier match va être d’avoir tout le monde au même niveau. La saison a été épuisante, les joueurs ont besoin de récupérer et ce n’est jamais facile, mais on va essayer de confirmer ce qu’on a fait de bien en mars. » À l’époque, Eduardo Camavinga, titularisé au milieu en Irlande, avait notamment marqué des points et l’autre enseignement du rendez-vous médiatique du jour est que Didier Deschamps compte bien réutiliser le joueur du Real au milieu sur ce rassemblement de juin alors qu’Aurélien Tchouameni vit une saison bien plus complexe. Avant de filer, le technicien a aussi évoqué ses regrets de voir Robin Le Normand se rapprocher de l’Espagne, mais à l’heure qu’il est, alors que la France du sport a la tête dans la terre battue et que la Ligue 1 s’apprête à ouvrir les parasols, il continue d’étirer un fil éternel : celui de la continuité et du vécu commun plutôt que celui de la nouveauté et des essais. Rien de bien neuf sous le soleil.
Par Maxime Brigand, au siège de la FFF