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Bleus : la quête du visage
Entre les blessures et un rythme effréné, les Bleus affrontent mercredi soir la Finlande avec l'objectif d'y voir plus clair à quelques mois de l'Euro, mais surtout de préparer un déplacement capital au Portugal.
Drôle de période pour Didier Deschamps, pour qui l’essentiel se joue plus que jamais loin du gazon. Alors que les Bleus remontent cette semaine dans le train censé les emmener à l’Euro dans sept mois, le premier entraîneur du pays ne cesse de se gratter la tête et voit son quotidien se transformer plus que jamais en une partie de Docteur Maboul géante. Ici, l’enjeu n’est pas de ne pas faire hurler Sam, mais de faire tourner un groupe de champions du monde enfermés dans un rythme infernal : un match tous les trois jours pour la majorité d’entre eux depuis la reprise, pour certains – comme Kylian Mbappé ou Presnel Kimpembe – sans avoir pu effectuer la moindre préparation et pour d’autres après avoir dû lutter avec la Covid. Alors, que faire ? S’adapter, comme toujours, répond Deschamps : « C’est le maître mot. Je ne prends aucun risque et je ne vais pas me plaindre d’avoir trois matchs. Je vois ce match amical contre la Finlande d’un côté positif. Je vais pouvoir répartir le temps de jeu. Avec le staff, on va gérer. » Dans la foulée, le sélectionneur a quand même précisé que pour la réception de la Finlande, mercredi soir, il sera obligé de se passer de « cinq ou six joueurs », notamment Mbappé, qui soigne toujours ses ischio-jambiers, et Benjamin Pavard, blessé à une cuisse.
Conséquence : Didier Deschamps a passé un lundi après-midi un peu fou pour trouver un « renfort » disponible et ne pas avoir à trop bricoler derrière. Première option ? Ferland Mendy, que le Real a décidé de retenir après les soucis musculaires récents du joueur. Deuxième option ? Bouna Sarr, lui aussi retenu par son club (le Bayern), cette fois pour des raisons médicales, alors qu’un avion avait été affrété pour le faire venir à Paris. Qui alors ? Nordi Mukiele ? Le défenseur de Leipzig est touché à une cuisse. Résultat, trois ans après avoir été appelé par erreur par la Bolivie, Ruben Aguilar a débarqué pour la première fois dans le groupe France. Interrogé mardi, Deschamps a cependant dégagé l’idée d’un « choix par défaut » tout en ouvrant une porte nous ramenant au terrain : « Latéral droit, c’est un poste où il y a beaucoup de joueurs, mais peu d’expérience par rapport au niveau international. Il y a des périodes où un poste est un peu moins fourni. Celui-là, c’est le cas depuis un petit moment, et Sylvain Ripoll constate aussi cela avec les Espoirs. Il y a toujours des joueurs, mais les voir au niveau international, ce n’est pas évident. » Ce qui l’est, en revanche, c’est que l’équipe de France n’est pas au cœur d’une semaine anodine. La preuve : plusieurs joueurs (Pavard, Hernandez, Tolisso, Rabiot, Mbappé et Kimpembe) n’ont pas participé à l’entraînement collectif mardi.
« Je ne m’interdis rien »
Car après la Finlande, face à qui Steve Mandanda sera titulaire et où Marcus Thuram pourrait goûter ses premières minutes internationales, mercredi, les Bleus iront au Portugal samedi et retrouveront la Suède trois jours plus tard. Car c’est aussi à travers les rencontres du moment que se dessine progressivement le groupe qui disputera l’Euro dans quelques mois, et ce, alors que Didier Deschamps a enchaîné les essais tactiques lors des derniers rassemblements. « Pour cette fois encore, je ne m’interdis rien, a-t-il prévenu en ce début de semaine. Mais au fond, j’ai une idée bien claire de ce qu’on va faire. À chaque fois, l’objectif est le même : prendre un système pour être le plus dangereux pour l’adversaire. Après, en juin, je sais que tout le monde ne sera pas disponible, que certains niveaux de performance seront différents. Personne n’a de wild card. »
Si l’équipe de France n’a plus perdu depuis son revers subi en Turquie en juin 2019, une question se pose : s’il a longtemps été reproché à Deschamps de s’enfermer dans l’immobilisme, ces nombreux essais compliquent aussi la prise de repères entre les joueurs, et mardi, dans un entretien donné à Eurosport, Arrigo Sacchi en a profité pour mettre un taquet au sélectionneur : « Il fait partie de la catégorie des bons entraîneurs, c’est incontestable. C’est comme dans la vie, il y a des tacticiens et des stratèges. Cette catégorie d’entraîneurs, c’est celle des tacticiens et ils sont très bons pour ça. Mais que manque-t-il aux tacticiens ? La beauté, l’harmonie, l’amalgame et les émotions. Les émotions sont très brèves et se reposent plus sur les individualités que sur le collectif. » Quel visage affichera l’équipe de France à l’Euro ? Ça se décide aussi maintenant, dans une période compliquée, où les joueurs sont poussés dans leurs limites physiques et mentales, et c’est aussi à ça que doit encore un peu plus servir ce rassemblement, avant tout.
Par Maxime Brigand