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Bleus : la quête des paillettes
Quelques jours après avoir buté sur le Portugal (0-0), l'équipe de France se déplace mercredi soir en Croatie avec l'ambition de rafler trois points et de poursuivre son sans-faute, mais aussi de mettre un peu de paillettes dans sa vie.
Ils avaient pourtant décidé de ne rien dire, ou presque. D’abord, Didier Deschamps : « Oui, on peut toujours mieux faire… C’était difficile pour les joueurs offensifs ce soir. Parfois, les déplacements ne sont pas bons, parfois les passes n’arrivent pas. Pour gagner, il aurait fallu mieux faire dans le dernier geste. On savait que le Portugal était une belle équipe et je pense qu’il faut surtout parler de la qualité défensive des deux équipes. Finalement, le score est logique par rapport à ce qu’il s’est passé sur le terrain. C’était un match solide et tactique, fermé et verrouillé. » Puis, Benjamin Pavard : « On a très bien défendu, concédé peu d’occasions. On a fait un match solide, tous ensemble. Ce qu’il a manqué, c’est le but. C’est bien, maintenant, il faut récupérer. » Et, tout à coup, Adrien Rabiot a débarqué, armé d’un regard sombre et d’un colt chargé : « Il faut vite passer à autre chose. »
Dimanche soir, les Bleus ont buté sur le Portugal (0-0) au stade de France et ont laissé une drôle d’impression au milieu d’un décor froid, triste, vidé de la moindre émotion. Tout le monde souhaitait se réchauffer et voir des étincelles dans tous les sens : on aura vu deux équipes fermer à double tour la porte de leur surface respective et se montrer globalement incapables de se piquer. Ainsi, il ne s’est rien passé, et Didier Deschamps n’a pas forcément glané de gros indices pour son enquête du moment : la recherche du meilleur système pour ses Bleus, dépliés en 3-4-1-2 en septembre et en 4-4-2 losange depuis deux rencontres. Objectif des deux schémas : mettre dans les meilleures dispositions le trio offensif, notamment un Antoine Griezmann qui a disputé face au Portugal son 39e match de suite avec l’équipe de France (seul Patrick Vieira a couché une meilleure série, rendant 44 copies consécutives entre 1999 et 2004) et qui est le fusible essentiel des Bleus dans les transitions offensives depuis le Mondial 2018.
« Antoine manque juste de repères »
Une question : Griezmann est-il fait pour tenir quasiment à lui tout seul le trousseau des circuits français ou doit-il récupérer, comme à la Coupe du monde, un rôle plus libre, dans lequel il a brillé de mille feux en Russie ? « Ce n’est pas un 10, a tiré Alain Giresse cette semaine dans L’Équipe. Il doit être en soutien de Giroud, mais pas comme attaquant excentré. C’est dans une position de 9 et demi qu’il s’exprime le mieux. » Ce qu’en a dit Deschamps, de son côté, mardi après-midi : « On discute depuis un bon moment de la position d’Antoine. Je sais où il est le plus influent, c’est-à-dire dans une position axiale. Il manque simplement de repères et il a été mieux en deuxième mi-temps contre le Portugal. Je veux bien que vous restiez sur le dernier match, mais en 82 sélections, c’est 32 buts et 21 passes décisives. Ça parle. Je sais la qualité d’Antoine et ce qu’il est capable de donner à l’équipe. »
Partant, surtout dans un tel système, il est nécessaire que le joueur du Barça soit accompagné de joueurs mobiles, ce qui n’a pas forcément été le cas face au Portugal, Giroud venant souvent se réaxer là où un losange demande souvent deux attaquants qui s’excentrent afin d’offrir un tunnel d’expression plein axe à Antoine Griezmann. Ce constat amène alors à ouvrir la porte à une alternative demandée par certains observateurs : une titularisation de Wissam Ben Yedder, caméléon tactique capable de se marier à différents profils et qui a fait une entrée remarquable contre l’Ukraine. Un trio Griezmann-Ben Yedder-Mbappé aurait de la gueule sur le papier et mérite d’être vu : ce déplacement en Croatie, qui entre dans la catégorie « test » , peut être une belle occasion pour ça.
Trouver la variété
À l’heure de retrouver leurs victimes de la finale du Mondial, les Bleus, vainqueurs en force des Croates en septembre (4-2), vont également devoir régler un autre casse-tête : celui d’un milieu à quatre qui doit trouver des automatismes et éviter de trop décrocher, histoire de ne pas foutre en l’air la possibilité d’être en supériorité numérique. Critiqué par certains, loué par d’autres, Paul Pogba va ainsi être scruté, lui qui a énormément tenté face au Portugal et qui semble être le seul joueur capable de prendre des risques par la passe, ce qui amène naturellement à du déchet (15 ballons perdus dimanche, dont certains chauds plein axe). Adrien Rabiot, souvent trop prudent dans ces choix, pourrait, lui, laisser sa place à un Tolisso qui a marqué des points contre l’Ukraine et qui aide l’équipe de France à sortir des ballons au sol, ce que seul Kimpembe semble être en mesure de faire derrière étant donné le faible jeu au pied d’Hugo Lloris (50% de passes réussies dimanche) et la propension de Raphaël Varane à balancer des sacoches vers Giroud. Zagreb et son Maksimir : mercredi soir, les Bleus retournent au laboratoire, et on espère y voir de la vitesse, des mouvements, un poil de folie. « La variété » demandée par Deschamps, finalement. C’est toujours mieux qu’un mur.
Par Maxime Brigand