Bleus : la formule magique ?

Si Patrick Vieira n’était pas forfait, cette formule n’aurait peut-être jamais vu le jour. Avec la blessure de Grand Corps Malade, Ray Do a recomposé son équipe et compensé l’absence du Pat par un milieu à trois.

Makélélé est imparable en pur récupérateur, merveille de pointe d’un triangle défensif ayant pour base le segment Gallas – Thuram. Cette charnière sert aussi de rampe de lancement pour des latéraux chargés de combiner avec les milieux relayeurs. Sagnol et Abidal se retrouvent ainsi sur la même ligne que Makélélé, qui fait office d’ancre pour toute l’équipe.

Claude MC est solaire à ce poste, notre meilleur ami dans le football, ou comment rendre hommage à l’intelligence stratégique au milieu d’un gazon. Autour du Roi Soleil, les rayons Toulalan et Malouda font pistons, entre les latéraux et le trident offensif, le plus souvent par l’intermédiaire de Ribéry, voire parfois directement vers les attaquants.

Florent Malouda se retrouve donc plus proche de l’axe comme de la défense, dans un poste qui ne lui va pas si mal, voire mieux que celui de milieu excentré. De l’autre côté, Toulalan se retrouve relayeur droit, un poste où il doit encore se trouver, mais surtout un poste où il peut donner toute sa mesure. Si à Lyon, il joue les Makélélé (au sein d’un milieu à 3 auquel ressemble donc celui de cette EDF), ici, il joue plutôt le rôle de Tiago. Intelligence et hargne, subtilité et chienne de garde ; l’Amour et la Violence. Si ce milieu à trois ressemble à celui de Lyon, il fallait bien que Domenech y arrive un jour, il ressemble surtout à celui de France 98, avec 3 travailleurs qui verrouillent derrière 3 éléments offensifs.

Ainsi, l’animation repose sur un vrai trident offensif, à même de combiner pour mettre le feu. Ribéry joue en meneur libre, en trequartista, c’est à dire positionné aux trois quarts de l’équipe, libre de faire ce qu’il lui plaît, d’aller foutre le dawa où bon lui semble.

Il ne faut pas voir ici un “simple” 10, au sens de meneur de jeu bloqué dans l’axe, mais plutôt dans un accélérateur de particules posté devant son milieu de terrain, se déplaçant sur toute la largeur d’abord, puis la longueur, droit au but ou en zig zag, c’est selon.

Devant ce Zidane post-moderne et, il faut bien l’avouer, un peu fou-fou, on retrouve Djorkaeff, pardon Benzema. Houllier l’avait bien dit à l’époque, le rôle de prédilection de Karim, c’est celui de neuf et demi. L’attaquant gone est parfait pour ce rôle, technique, classe et dangereux à chaque prise de balle, dans le sens du jeu, déterminé et buteur. Le grand bonhomme du tournoi pourrait bien être français. Reste la pointe.

Henry a fait son meilleur match en bleu depuis longtemps pour sa centième, et semble pouvoir se retrouver dans cette organisation. Car la vraie question n’était pas qui à la place d’Henry, mais comment en tirer à nouveau le meilleur parti ? Comme l’a dit Mémé, on organise une équipe en fonction de ses attaquants et Raymond a su trouver comment utiliser judicieusement le meilleur buteur de l’histoire de France. Enfin ce qu’il en reste.

Car tout le problème était là, il s’agissait d’admettre enfin qu’il était vain et suranné de jouer pour le TH d’Arsenal, il n’existe plus. Aussi, si l’on peut toujours espérer le trouver rapidement dans la profondeur pour un petit plat du pied bien senti, Thierry sert surtout ici de point de repère, de gouvernail, d’étoile sur le sapin. Et non de finition, sinon le choix se serait porté sur Trézéguet, et tant pis s’il faut un jour d’élimination regretter le manque d’efficacité, pourtant flagrant lors de ces matchs de préparation.

Ici, la pointe distribue les fausses pistes et les faux appels, fixe la défense et ouvre des espaces. Dans ce rôle, Suaudeau vantait les mérites Nicolas Ouédec, Jacquet pouvait compter sur Guivarc’h. Aujourd’hui, Domenech peut compter sur Thierry Henry.

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