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Bleus : ils pouvaient y croire, mais n’en sont toujours pas…
Chaque liste amène son lot de surprises et de déceptions. Avec la série de forfaits qui a émaillé le rassemblement des Bleus pour affronter l'Albanie et la Suède, ils étaient encore plus nombreux que d'habitude à espérer. Revue d'effectif de la réserve de la République...
La liste est longue : Patrice Évra, Mamadou Sakho, Jérémy Mathieu, Mathieu Debuchy, Laurent Koscielny, Stéphane Ruffier, Olivier Giroud, Clément Grenier pour les indisponibles attendus. Blaise Matuidi et le réserviste Benoît Trémoulinas pour les forfaits de dernière minute. On aurait pu ajouter les incertitudes autour de Loïc Perrin et Eliaquim Mangala – indisponibles contre l’Albanie -, la rechute d’un postulant naturel comme Yoann Gourcuff ou encore les retraites internationales plus ou moins volontaires de Franck Ribéry et Samir Nasri… Pour moins que cela en 2004, Raymond Domenech s’était plaint de devoir « racler les fonds de tiroir » . En 2014, Didier Deschamps n’a pas pris le temps de s’apitoyer, et nombre de footeux français auraient aimé devenir ces fameux « fonds de tiroir » . Pour le rassemblement de novembre 2014, les vainqueurs s’appellent Benoît Costil, Kurt Zouma, Layvin Kurzawa ou encore Maxime Gonalons. Les perdants ? Tous les autres.
Aymeric Laporte, Samuel Umtiti, oubliés ?
Secteur de jeu le plus touché par les forfaits, la charnière centrale fournissait paradoxalement le plus de postulants pour jouer les bouche-trous : le Basque Aymeric Laporte, le Lyonnais Samuel Umtiti, l’ancien Caennais Thomas Heurtaux, le Milanais Adil Rami ou encore la nouvelle hype du Napoli Kalidou Koulibaly. Au final, Didier Deschamps a surpris tout son monde en rappelant Kurt Zouma, déjà convoqué par le passé, mais toujours vierge de sélection. L’actuel défenseur de Chelsea n’ayant disputé que cinq matchs officiels depuis le début de saison (un en Premier League, deux en Ligue des champions pour un but et deux en League Cup), sa convocation reste un point d’interrogation. D’autant que le jeune défenseur de Bilbao et celui de l’OL sont titulaires indiscutables dans leurs clubs. Puissance et gros potentiel – il est champion du monde U20 avec Pogba -, l’ancien Stéphanois profite sûrement d’un profil qui fait défaut actuellement chez les Bleus, à savoir un central qui aime les duels et permettrait d’être moins friable sur les coups de pied arrêtés défensifs. Malgré tout, difficile de comprendre l’absence de Laporte – titulaire indiscutable à l’Athletic depuis un an et demi et qui dispute la Ligue des champions – ou Umtiti – pilier de l’OL depuis maintenant plus de deux saisons et champion du monde U20 comme Zouma. D’autant plus que ces deux-là étaient titulaires en Espoirs quand le Londonien devait s’exiler sur le flanc droit pour jouer…
Quant aux autres candidats potentiels en charnière, on peut imaginer que Thomas Heurtaux, 11 titularisations et un but en Serie A, doit s’imposer ailleurs qu’à Udinese pour espérer attirer l’attention du sélectionneur. Adil Rami, pilier sous Laurent Blanc, joue pourtant dans l’un des plus grands noms d’Europe, le Milan AC, mais ne semble pas avoir le moindre crédit aux yeux de Deschamps. Ses deux dernières apparitions en sélection coïncident avec deux défaites contre le Brésil (0-3 en juin 2013) et l’Allemagne (1-2 en février de la même année). On peut imaginer qu’à niveau plus ou moins égal, le patron des Bleus préfère miser sur la jeunesse. Finalement, le seul joueur qui pourrait vraiment faire bouger les lignes prochainement s’appelle Kalidou Koulibaly. Encore méconnu du public français, le central de 23 ans reste sur deux années comme titulaire au RC Genk et une vingtaine de matchs européens. Mais surtout, depuis le début de saison, il s’est imposé comme un élément incontournable à Naples. Le temps joue pour lui, et s’il continue d’enchaîner les grosses performances, une apparition sous le maillot bleu n’est pas à exclure en 2015.
Clichy, blacklisté ?
Chez les latéraux, le vrai perdant des dernières listes de Didier Deschamps s’appelle Gaël Clichy. Malgré 12 matchs officiels pour Manchester City, où il est en balance avec Kolarov, deux titres de Man of the Match – notamment contre Manchester United où il offre le but de la victoire à Agüero – et quelques services rendus comme arrière droit, le joueur formé à Cannes semble avoir encore perdu quelques places en Bleu. Derrière Patrice Évra et Lucas Digne, ce n’est pas nouveau. Derrière Benoît Trémoulinas et Layvin Kurzawa en revanche, c’est une nouveauté de l’été 2014. Sa dernière apparition en équipe de France remonte à la victoire 6-0 contre l’Australie en octobre 2013. Il est fort probable qu’on ne le revoit plus…
Au milieu de terrain, le grand absent est un jeune retraité. Samir Nasri, vexé de ne pas aller au Mondial, avait annoncé il y a plusieurs mois sa retraite internationale. On peut dire sans trop se mouiller que la Dèche aurait pu raisonnablement l’ignorer une fois de plus sans ce retrait volontaire : aucun match entier depuis le début de saison, une seule passe décisive qui remonte au 25 août contre Liverpool… Le sélectionneur lui aurait de toute façon préféré Sissoko et Payet. Quant aux autres joueurs absents de la liste, le plus surpris pourrait être Rémy Cabella. De la fête au Brésil, passeur décisif pour son dernier match en Bleu contre la Serbie, le feu follet paie son statut ambigu à Newcastle (10 matchs, 5 titularisations en Premier League) et des statistiques encore trop timides : une seule passe décisive, certes contre Tottenham lors d’une victoire qui a relancé les Magpies, c’est un peu léger pour prétendre à l’équipe nationale. À Tottenham justement, Benjamin Stambouli n’a sûrement même pas pris le temps de suivre l’annonce de la sélection en direct. Si l’ancien Montpelliérain a signé à Londres pour passer un cap et titiller les Bleus, son temps de jeu – 20 minutes en Premier League, quelques matchs de Ligue Europa – le met totalement hors-jeu.
Pour son coéquipier Étienne Capoue, la problématique est inverse : 11 titularisations en championnat, deux matchs en C3, mais un profil qui le fait passer derrière trop de monde, à savoir Matuidi, Cabaye, Pogba, Sissoko dans le rôle de relayeur, et derrière Guilavogui et Gonalons dans un rôle de récupérateur. Sans qu’il n’y ait à redire. Dans ce secteur de jeu, peu de nouveautés sont donc à prévoir cette saison, sauf sur le plan offensif si Nabil Fekir continue de briller à Lyon ou que le corps de Gourcuff arrête d’abuser des RTT. Si le talent du second n’est plus à prouver, le premier doit s’aguerrir dans les gros matchs. Malgré 6 buts et quelques gestes de grande classe en 12 matchs de Ligue 1, le jeune Lyonnais a souffert lors du premier gros choc de sa carrière, contre l’OM de Bielsa. À sa décharge, il a quand même marqué contre Monaco le 12 septembre et fait une passe décisive contre Lille le 5 octobre… S’il poursuit sa progression, Fekir en sera tôt ou tard.
Ben Yedder moins loin que Ménez
En attaque, l’instauration du 4-4-2 comme système ouvrait des perspectives. Si Lacazette et Gignac ont actuellement les faveurs du boss pour épauler Benzema en l’absence de Giroud, on peut penser que Wissam Ben Yedder doit attendre chacune des listes avec une impatience croissante. Bien parti pour faire une troisième saison de suite à au moins 15 buts en Ligue 1 (7 buts après 13 matchs), il n’est pas loin, mais souffre d’une concurrence féroce pour son profil et d’un manque de repères au niveau européen. Pour lui, l’équipe de France passera sûrement par la case transfert dans un club de standing européen.
Quant à Bafé Gomis, dont les qualités auraient pu servir dans le 4-4-2 en losange, son temps de jeu à Swansea (2 titularisations en 9 matchs de Premier League) est insuffisant. Ok, la Panthère Noire reste sur un but décisif contre Arsenal, mais il faudra en claquer plus pour devenir l’attaquant de pivot dont DD pourrait avoir besoin. Pour le dernier candidat déclaré, Jérémy Ménez, on peut imaginer que ses revendications sont son premier frein : lui qui s’est déclaré « meilleur dans l’axe » se positionne ainsi en concurrent direct de Benzema. Malgré les 4 buts en Serie A du bonhomme, difficile d’imaginer le Madrilène se faire dessus en songeant à son rival. Surtout quand trois de ces buts ont été mis sur penalty. Pour le Milanais, un retour en Bleu passera soit par un repositionnement, soit par une multitude de forfaits. Un peu comme en ce mois de novembre 2014…
Par Nicolas Jucha