- Amical
- France/Brésil (1-0)
Bleus de travail
Malgré sa victoire contre le Brésil, il ne faut pas se leurrer, l'Equipe de France n'est pas encore au top. Bonne nouvelle, il y a de la place pour les progrès.
L’expulsion d’Hernanes a faussé la donne. Avant le mauvais geste du Prophète, à onze contre onze, la France faisait zéro-zéro contre le Brésil. Et si elle semblait solide sur ses bases, elle n’était pas encore au point devant. Surtout, le milieu n’assurait pas au mieux son rôle de ciment. Décorticage façon crevette…
Au coup d’envoi, Laurent Blanc avait remis ça, avec son désormais traditionnel 4231. La base arrière est connue, stable et ce n’est pas sur ce match qu’elle doit être remise en cause. Lloris est le numéro un au poste de gardien. Rami et Méxès composent une charnière solide et de plus en plus complémentaire. Good cop / bad cop, et personne aujourd’hui ne peut les contester. Philou a livré hier un sacré match, entre interventions patronales et relances superlatives, mention spéciale à son extérieur du pied. Toutefois, il prend peut-être encore un peu trop de risques, que ce soit dans son placement ou ses sorties de balle, mais c’est aussi ça avoir du talent. Les latéraux, eux, ont fait un match correct, mais sans plus (surtout à 11 contre 10). Sagna manque toujours de précision dans ses centres -n’est pas Willy Sagnol qui veut- et s’il ne fait pas de boulette, il ne parvient pas non plus à s’imposer comme un titulaire indiscutable. Reste que, faute de concurrence directe, il peut voir venir. A gauche, Abidal avait ses repères derrière Malouda, au bon souvenir de leurs années lyonnaises, mais s’il joue plus souvent arrière central que latéral avec son club, ce n’est pas pour rien. Clichy est une alternative crédible et un poil plus technique. En attendant, Patrice Evra est toujours blacklisté, et à moins d’enchaîner des performances de Ballon d’Or, il ne reviendra pas en EdF de sitôt. Couché.
En attendant Nasri
Au milieu, la touillette a reconduit la paire Alou Diarra – Yann M’Vila. Autant Alou Diarra est parfait dans un rôle de pieuvre défensive, autant il est limité quand son équipe domine, comme l’a mis en exergue la seconde mi-temps. Mais son influence et son passé bordelais plaident en sa faveur. Surtout quand le sélectionneur s’appelle Laurent Blanc, on ne va pas se mentir bien longtemps. Ce n’est pas pour rien que le Président a fait d’Alou son capitaine, et ce n’est certainement pas pour le déloger de sa place de titulaire lors des prochaines rencontres. Tant pis pour Toulalan, le vrai perdant de la Coupe du Monde. Au poste de relayeur, M’Vila a tout ce qu’il faut pour briller : la justesse, la technique, le coup de rein et les boucles d’oreille. Mais qu’il soit supérieur à Abou Diaby ou Lassana Diarra reste à prouver. Le Madrilène paie ses non-titularisations au Real. Mourinho vient de déclarer que c’était un joueur sublime mais pas forcément évident à coacher… Dommage. Parce qu’en bleu, il n’était pas loin d’être le meilleur sur la pelouse à chacune de ses apparitions. Même quand il a joué arrière droit. Quant au Gunner, difficile de savoir, surtout après ses prestations en Coupe du Monde, pourquoi il n’est pas titulaire… Sans vouloir accabler la doublette M’Vila-Diarra, c’est au milieu que l’équipe de France a le plus de marge pour les progrès et aurait beaucoup à gagner en trouvant un relais de qualité entre son bloc offensif et son bloc défensif. Hier, en première mi-temps, c’est justement ce qu’il manquait. Face au onze brésilien, ce 4231 a rapidement montré ses limites quand les ballons tardaient à remonter. C’est le point faible de l’EdF depuis la retraite d’un certain Patrick Vieira, qui faisait le lien entre défense et attaque comme personne*.
[page] Au poste de meneur de jeu justement, depuis la retraite de Zidane, le rôle est confié à Yoann Gourcuff. Malgré toutes ses qualités (justesse technique, port altier, politesse), Yoann semble un peu juste pour le rôle. Mais, comme on le voit avec Lyon, Yoyo est un meneur de type sensible, qui a besoin du collectif pour s’exprimer, plus qu’un électron libre. Mettez-le dans un collectif brillant et il vous le magnifiera ; mettez-le dans une équipe fragile et il en sera le premier affecté. Aussi, il lui manque son Vieira à lui et sans doute un peu aussi son Makélélé. En attendant que le collectif français soit huilé, Samir Nasri, plus fort dans le dribble et la percussion, plus à même de s’en sortir tout seul, pourrait légitiment lui prendre sa place à l’avenir. Mais la panacée, et Laurent Blanc le sait bien, serait de réussir à correctement associer les deux et de justement tirer tout le collectif vers le haut.
Les évidences Menez & Benzema
Sur les flancs, les titulaires étaient Menez et Malouda. Que les choses soient claires, au vu de son expérience, de son registre et de son volume de jeu, Malouda reste indiscutable. Il tient son couloir comme pas deux, avec justement un abattage défensif comparable à celui de tout arrière latéral digne de ce nom. Ce qui d’ailleurs laisse à penser que le meilleur latéral gauche possible, si la France était le Brésil, s’appellerait Florentino Maloudao. En attendant que la délocalisation soit effective, le Guyanais demeure le titulaire au poste d’ailier gauche. A droite, Menez est en train de s’imposer. Le grand gagnant d’hier, c’est lui. Mais à onze contre onze, il faut avouer qu’on l’a moins vu. Reste qu’il est toutefois un impact player unique, capable de faire sauter n’importe quel verrou sur une inspiration. Et la concurrence est aujourd’hui soit à l’OM (Rémy), soit à l’hôpital (Ben Arfa), soit au purgatoire (Ribéry). Au mieux, seul Valbuena semble pouvoir un tant soit peu rivaliser avec le Romain. Enfin, en pointe, pas la peine d’épiloguer, Benzema s’est imposé comme l’avant-centre qu’il fallait au Bleus.
Donc voilà, Laurent Blanc commence à y voir de plus en plus clair. Il impose ses choix (Alou Diarra, Menez, se passer d’Evra ou de Toulalan), mais il lui reste pas mal de boulot sur l’établi. Surtout au milieu de terrain. Tout s’articulera autour du retour du Nasri. Parce qu’il faudra alors éliminer quelqu’un. La logique voudrait que ce soit Gourcuff. Mais cette même logique voudrait aussi que les deux soient associés, d’autant que Gourcuff, comme il l’a montré hier, et plus que capable à la récupération. Mais cette manip’ sortirait M’Vila de l’équipe. Tout ça sans compter sur Abou Diaby, au profil tellement proche de Vieira que c’en est peut-être trop évident, ou sur Lassana Diarra, qui pourrait bien se refaire la cerise au Real un jour… Bref : au boulot, Président !
* Précisons que ceci ne constitue pas une attaque contre Zidane, mais une simple observation tactique. En 2006, celui qui montait les ballons, c’était Patrick Vieira, non Zidane. C’est d’ailleurs l’erreur commise par Domenech en finale. Au moment de la blessure de Vieira, alors que la France dominait l’Italie, Ray fait entrer Alou Diarra et permet du coup aux Italiens de remonter de 20 mètres d’un coup. Lippi, en se frottant les mains, l’a bien expliqué, et Patrick Vieira lui-même, n’ose pas dire le contraire quand on lui parle. Pour ça, il faut avoir l’interview de Vieira dans le numéro 73 de SoFoot…
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