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Upamecano-Konaté, compères et paire
Il est trop tôt pour dire que l'équipe de France a trouvé sa charnière, mais la paire Dayot Upamecano-Ibrahima Konaté a marqué des points contre les Pays-Bas. Une complicité et une assurance à confirmer dès ce lundi, en Irlande.
Didier Deschamps ne l’a pas caché, il aurait aimé pouvoir compter un peu plus longtemps sur Raphaël Varane, l’un des piliers de son groupe depuis le début de son mandat et jeune retraité international à seulement 29 ans. « Je suis bien obligé de l’accepter, je l’accepte, même si dans l’idéal… », soufflait-il la semaine dernière. Une consolation, quand même, celle de ne pas manquer de solutions dans ce secteur de jeu, où l’on trouve peut-être le réservoir le plus important actuellement. Et déjà, une paire se dégage et semble en capacité d’éteindre les éternels débats sur la charnière idéale pour les Bleus. Ce vendredi soir, le duo Dayot Upamecano-Ibrahima Konaté a marqué des points à l’occasion de leur deuxième titularisation commune en équipe de France après le match contre l’Australie (4-1) en Coupe du monde en décembre. Il ne faut pas insulter le passé auquel appartient Varane, souvent brillant, mais le présent et le futur, sans encore tirer de plans sur la comète, proposent des perspectives réjouissantes.
Complets et modernes
Face aux Pays-Bas, les deux défenseurs ne sont pas tombés sur les attaquants les plus en forme, même s’il faut se coltiner Memphis Depay et surtout Wout Weghorst, entré en jeu après 30 minutes. Konaté et Upamecano ont à peu près le même âge (23 et 24 ans) et comptent à peine une vingtaine de sélections à eux deux (8 et 13 en incluant vendredi), ce qui ne les a pas empêchés d’afficher beaucoup d’assurance et de sérénité. « Ils sont jeunes tous les deux, mais depuis quelques années, regardez où ils jouent : Liverpool, le Bayern, expliquait Deschamps après le succès de son équipe. On est au Stade de France devant 80 000 personnes, pour eux ça n’a pas trop d’emprise et tant mieux. » Dès la 8e minute, Upamecano avait marqué avec un peu de réussite pour doubler la mise, alors que son compère aurait pu l’imiter quelques minutes plus tard d’un coup de casque à la suite d’une nouvelle offrande d’Antoine Griezmann. Leur taille (1,86 mètre pour Upamecano, 1,94 pour Konaté) leur permet d’être des atouts sur les coups de pied arrêtés offensifs, et ce n’est qu’une qualité parmi tant d’autres. Deschamps : « Ils dégagent beaucoup de force athlétique, ils sont bons dans les duels, ils ont un bon jeu de tête, de la vitesse et ils ne sont pas embêtés avec le ballon, ça fait beaucoup de qualités pour des défenseurs. »
Complicité et moments charnières
La Coupe du monde, leur première grande compétition avec les Bleus, ressemble à un déclic positif pour les deux hommes. Plutôt logique pour Konaté, qui avait pointé le bout de son nez au château de Clairefontaine quelques mois plus tôt, en juin ; un peu moins pour Upamecano, qui avait fêté sa première cape en septembre 2020 avant de disparaître, entre les blessures et les mauvaises passes. À l’automne dernier, il avait encore sombré au Danemark (2-0), où la France disputait son dernier match avant le Mondial. « Il était plutôt très performant en club, un peu moins avec nous, mais à travers la Coupe du monde, il a pris une autre envergure, avec plus de sérénité et de confiance », se réjouissait Deschamps au début du rassemblement en cours. Le technicien peut aussi s’appuyer sur la complicité naturelle entre ses deux défenseurs, ce qui n’est jamais de trop pour une charnière. Upamecano et Konaté ont passé quatre ans ensemble au RB Leipzig entre 2017 et 2021, dont deux années sous les ordres de Julian Nagelsmann, ce qui leur a permis d’évoluer côte à côte une cinquantaine de fois, en comptant l’équipe de France espoirs.
« Avec Dayot, on a joué très longtemps ensemble, on a des automatismes, confirmait au Qatar Ibou Konaté, très à l’aise devant la presse. C’est comme mon frère parce que j’ai passé des moments magnifiques avec lui. On est constamment en contact en dehors du foot. » Voilà un argument supplémentaire pour convaincre le grand patron de les installer durablement, même si Presnel Kimpembe et Lucas Hernandez finiront par revenir et que la concurrence est très sérieuse (Wesley Fofana, William Saliba, Benoît Badiashile, Jean-Clair Todibo, Axel Disasi, etc.) « C’est leur moment, j’en suis convaincu, disait dans L’Équipe Marcel Desailly, un homme à 116 sélections, pour adouber le duo Upamecano-Konaté. Ils peuvent devenir, surtout Upamecano, peut-être les plus grands défenseurs que la France ait eus, si le collectif continue de gagner des titres. » Réponse immédiate de son copain Deschamps, ce dimanche, en direct de Dublin : « Envisager que ça puisse être une défense très solide et complémentaire aide à travers ce qu’ils ont pu réaliser, oui. Il y a beaucoup de qualités, ça demande confirmation à chaque fois avant de les comparer à d’autres charnières qui ont été là pendant de longues années. L’important maintenant, c’est de s’installer dans la continuité et maintenir ce niveau de performances dans le temps. » Ça commence ce lundi soir, en Irlande, en attendant de futurs moments charnières.
Par Clément Gavard