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Bleus : 53 jours plus tard…

Par Maxime Brigand, à Munich
5 minutes
Bleus : 53 jours plus tard…

Deux mois après son sacre russe, l'équipe de France retrouve la compétition jeudi soir, à Munich, pour la première journée de la Ligue des nations et au bout d'une semaine de rentrée euphorique.

Où est le foot ? Assez loin, pour le moment, et c’est tout le grand écart de la semaine vécue par les Bleus, de retour aux affaires sportives jeudi soir, à Munich : à l’heure d’évoquer sa rentrée internationale mercredi dans L’Équipe, Antoine Griezmann a résumé l’affaire sous la forme de « gros câlins » . Faut-il lui en vouloir ? Non, évidemment : qui n’a jamais rêvé de rester scotché dans les nuages ? Personne, même pas Didier Deschamps, qui avait ouvert la voie à ses champions du monde il y a une semaine, au siège de la FFF, en abattant la carte du passé : « Pour moi, cela n’avait pas été facile. Les mois qui ont suivi avaient été un peu laborieux… » Ainsi, nous y voilà : la fête est en train de se terminer, les derniers cotillons tombent sur les tronches et il faut ouvrir la page du retour à l’ordinaire, alors que les joueurs brûlent entre une envie humaine de continuer à célébrer un titre de champion du monde décroché il y a cinquante-deux jours et un besoin sportif de remettre le pif dans la compétition au plus vite. Première étape, l’Allemagne, donc, et justement : Raphaël Varane a débarqué mercredi en conférence de presse pour raconter qu’il n’y avait « rien de mieux » qu’un tel rendez-vous pour redémarrer la machine. On a eu envie de le croire, mais aussi de comprendre ce qui avait changé dans ce groupe. Pas simple.

Un titre qui n’autorise rien

Sur l’exercice du pas de côté, la Coupe du monde en Russie aura été un must, un bonheur pour les oreilles, une parenthèse presque dorée où les points de vue se sont croisés entre les joueurs et où l’on aura presque eu l’impression que les types choisis par Deschamps cherchaient à raconter au mieux leur sensibilité du foot, du jeu, de la vie, des hommes. Là-bas, à Istra, Paul Pogba était sorti de sa planque médiatique – continuité parfaite à sa prise de force en matière de leadership dans le vestiaire tricolore –, N’Golo Kanté était venu un jour disséquer en public l’idée de « passes intérieures » , Adil Rami sera venu noyer le poisson avant le quart de finale face à l’Uruguay et tirer en grand le fil d’un groupe « kiffant » , et Lucas Hernandez viser parfaitement à la sarbacane, notamment sur un Lionel Messi qui n’avait à ses yeux « pas touché un ballon » en huitièmes de finale malgré les deux passes décisives livrées par l’Argentin. Puis, tout est redescendu d’une manière presque naturelle lors de cette rentrée, comme si un accord tacite avait été signé entre les différentes composantes : vu qu’on se comprend, vivons ensemble.

Voilà pour la face publique de la chose, surface où Varane, qui sera capitaine jeudi soir à la suite du forfait d’Hugo Lloris, est venu faire le minimum mercredi et rassurer le monde en dessinant le tableau d’un « groupe qui se connaît bien, qui a vécu pas mal de jours ensemble cet été… Bon, on n’est pas tous au même niveau physique, mais on est prêts, et les repères, on les a » . Dans la foulée, Didier Deschamps n’a pas dit autre chose : « Comme j’ai dit à mes joueurs, ce titre doit être une force. On a l’avantage d’avoir un capital confiance important, même si les risques, il y en a toujours… Un match, c’est un rapport de force, et on a préparé ce match-là comme d’habitude, avec le même respect, et être champion du monde ne me laisse pas de largesse comme il ne nous autorise pas à entrer sur le terrain en pensant que tout va bien se passer. » Ça, c’est aussi pour le sens de l’histoire : depuis le Brésil en 1994, aucun champion n’a réussi à remporter le match suivant sa finale de Mondial.

« Vous voulez que j’évolue dans quel sens ? »

Ce qui nous amène à la face privée, celle où Varane avoue que « le danger, c’est le relâchement, mais c’est vrai qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’on commence à chanter ensemble… » D’où l’idée que ces mecs ont envie d’étirer la fête, eux qui ont transformé le bizutage de Benjamin Lecomte en bordel immense et qui ont roulé dans Clairefontaine, Samuel Umtiti en tête, au volant d’une voiturette de golf. C’est de saison, et la rentrée est faite pour ça, sauf qu’un truc attrape les regards : ce groupe a toujours les crocs, l’envie de bouffer tout ce qu’on lui présente et souhaite surtout ne rien changer. Une confirmation que Didier Deschamps est entré dans leur tête en Russie, lui qui s’est envolé lundi face à la presse : « Mais vous voulez que j’évolue dans quel sens ? J’aurai toujours des choix à faire, des listes à faire, des changements en cours de match à faire… Vous savez, pour un entraîneur ou un sélectionneur, il y a un mot très important : c’est s’adapter. » Et évoluer pour ne pas perdre en route une osmose créée, c’est l’enjeu, Deschamps le sait, lui qui a toujours placé ses joueurs devant lui au moment des célébrations – « Ce sont eux, les acteurs. C’est leur mérite d’abord. » L’Allemagne est la première étape de demain : c’est aussi le lieu où le foot, conjugué chez les Bleus comme « un vrai collectif dont il est difficile de sortir une tête d’affiche » (Varane), retrouvera sa place.

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