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- France-Italie (2-1)
Bleuets : la force du gang des Lyonnais
Pas toujours flamboyante et aidée par un arbitrage discutable, l’équipe de France Espoirs a néanmoins réussi à dominer l’Italie (2-1), jeudi soir, grâce à la performance de sa colonne lyonnaise, formée par le trio Lukeba-Caqueret-Barcola, bien relayée par Cherki en fin de match.
À 23h47, heure de Cluj, un homme trempé s’est pointé face à une caméra de beIN Sport et a avoué n’avoir « jamais autant sué pendant un match de foot ». Du haut de ses 21 ans, Lucas Chevalier, portier d’une équipe de France Espoirs qui entrait en lice dans l’Euro de sa catégorie jeudi contre l’Italie, a pourtant déjà croqué dans plusieurs paquets de rencontres. Mais qu’a-t-il bien pu se passer, au juste ? Vaste question alors que les Bleuets ont pourtant réussi à arracher l’essentiel, soit trois points précieux (2-1) qui leur permettent de recoller à hauteur de la Suisse, victorieuse de la Norvège (2-1) en fin d’après-midi. Ce qu’il s’est passé est en effet bien plus complexe qu’un simple résultat et si le gardien du LOSC a sué comme rarement jeudi soir, c’est avant tout car sa troupe a souffert sur la fin de match et a reçu plusieurs coups de pouce de la part de l’arbitre de ce France-Italie, Allard Lindhout. Privé de VAR, ce dernier a, entre autres, été très cool sur une faute de Niels Nkounkou avant la magnifique ouverture du score de Kalimuendo, plus que généreux sur une main de Pierre Kalulu dans la surface tricolore après la pause, assez clément sur l’interception de Gouiri qui a débouché sur le deuxième but français et à l’envers sur une tête placée par Bellanova dans les ultimes secondes, probablement renvoyée derrière la ligne de but par Lukeba (et de la main ?).
Et pour le reste, au-delà d’un arbitrage favorable, les Bleuets, qui ont fini à dix après une expulsion logique de Loïc Badé à sept minutes de la fin, n’ont pas tout réussi. Qu’en a pensé leur patron, Sylvain Ripoll ? Que ça a été « chaud, très chaud. Mon regret, c’est que je pense qu’on a eu les situations pour plier le match avant. On ne l’a pas fait et on s’est exposé au retour d’un adversaire qui a beaucoup poussé, qui a de la qualité… (…) Je trouve qu’on a vu des séquences de qualité et qu’on s’est procuré des occasions, quand même. » Sur ce point, difficile de donner tort au sélectionneur des Bleuets. Oui, l’équipe de France a eu des cartouches. Oui, Arnaud Kalimuendo a été plus intéressant et efficace que lors du match face au Mexique, se montrant aussi précieux dans ses appels que dans ses décrochages, à l’image de celui au départ de l’action mal ficelée par Khéphren Thuram en première période (33e). Oui, certains mouvements et certaines séquences seront à conserver, mais globalement, la première performance française de cet Euro aura été assez inaboutie et restera tachée par les nombreuses failles vues sur phases arrêtées.
L’esprit de Barcola, l’exemple Lukeba
Sur l’étagère des satisfactions, il faudra cependant ranger la belle copie des membres du gang des Lyonnais. Castello Lukeba, très solide à côté de Badé, limite à plusieurs reprises jusqu’à son expulsion – notamment sur l’égalisation de l’Italie –, et auteur d’un tacle maldinesque devant Miretti en fin de match (82e), a été à la hauteur de l’événement. Maxence Caqueret, lui, a assumé son rôle de leader et a été, malgré du déchet, de quasiment tous les meilleurs mouvements bleus. On gardera en mémoire sa passe vers Kalulu à la 39e, son enchaînement dans les petits espaces de la 42e et ses quelques récupérations. Son repositionnement dans un 4-2-3-1 aux côtés de Manu Koné lors de la dernière demi-heure a aussi été positif. Pour le deuxième match face à la Norvège, le capitaine pourrait d’ailleurs retrouver le double pivot à la place d’un décevant Thuram et laisser Enzo Le Fée ou Rayan Cherki, auteur d’une belle entrée, prendre sa place un cran plus haut. Le Fée, aussi travailleur sans ballon que créatif balle au pied, serait très certainement un choix plus pragmatique sur un onze de départ là où Cherki peut être davantage une grenade précieuse à dégoupiller sur une fin de match, sa créativité et sa vitesse venant tirer sur les corps et les esprits adverses épuisés.
Enfin, un autre produit made in OL a marqué des points. Il s’agit de Bradley Barcola, de nouveau très généreux pour attaquer la profondeur, ultra discipliné sans ballon, vif pour combiner et cogner lors des phases de transition, et même auteur de son premier but avec les Espoirs sur une action qui dit beaucoup de son esprit. Il aurait été assez facile d’abandonner le mouvement après l’interception de la passe de Gouiri par Udogie, mais Barcola est resté actif et a forcé l’erreur du défenseur de Tottenham. Pour la première fois, l’équipe de France Espoirs a démarré un match avec cinq joueurs formés à l’OL dans son onze, et tous lui ont rendu d’une manière ou d’une autre. Ce sera le point positif d’une drôle de première soirée, inégale, qui gardera un autre mérite : celui de placer les Bleuets sur le bon chemin. Suite au prochain épisode, dimanche.
Par Maxime BRIGAND