- Euro Espoirs
- Quarts
- France-Ukraine (1-3)
Euro Espoirs : la France, défense et décadence
Sèchement éliminée par l'Ukraine en quarts de finale de l'Euro Espoirs (1-3), l'équipe de France a fait preuve d'une fébrilité défensive criante. Comme sur l'ensemble du tournoi. Un problème pour une sélection composée de « phénomènes ».
Castello Lukeba, Loïc Badé, Mohamed Simakan, Pierre Kalulu, Niels Nkounkou, Bafodé Diakité, Valentin Gendrey, Yasser Larouci. La liste est large, le talent l’est tout autant. Pourtant, de ces défenseurs de haut niveau – habitués à l’élite du football français, allemand ou italien –, aucun n’a réellement su se montrer à la hauteur des exigences d’un Euro Espoirs. Entre manque de cohésion, de leadership ou simple fragilité technique, l’arrière-garde bleue s’est en effet affaissée tout au long de cette quinzaine roumaine, jusqu’au coup fatal asséné par l’Ukraine, ce dimanche soir en quarts de finale (1-3).
Mur cassé
En symbole, il suffit d’ailleurs de se focaliser sur le slalom d’Artem Bondarenko pour la troisième réalisation ukrainienne, venu s’amuser de Lukeba dans la surface de réparation pour mieux ajuster son ballon piqué. Une action illustratrice de certaines statistiques. Des seize sélections engagées, la France se classe en effet au deuxième rang des pires défenses, avec cinq buts encaissés – aux côtés de l’Italie, de l’Allemagne et du Portugal, les deux premières étant sorties au premier tour. Un bilan peu flatteur, pour un groupe n’ayant réussi à garder sa cage inviolée qu’une seule fois (victoire 1-0 contre la Norvège) et trop souvent sauvé par un Lucas Chevallier irréprochable.
Malgré la superposition de talents, la complémentarité aura ainsi cruellement fait défaut aux hommes de Sylvain Ripoll. Et ce, dès la première rencontre face à l’Italie. Malgré l’énorme volume de jeu déployé par Castello Lukeba, son comparse Loïc Badé, sera, lui, complètement passé à côté, embourbé dans ses approximations 80 minutes durant, puis expulsé pour un énième tacle en retard. En quatre matchs, la défense aura même été remaniée à cinq reprises (dont deux en cours de partie), déséquilibrant une balance penchant déjà vers ce secteur offensif tant loué, au détriment d’une solidité digne d’une compétition internationale.
Une question d’équilibre
Dès lors se pose légitimement ce débat sur l’équilibre. Impressionnant, le vivier offensif français – quelque peu en dessous durant cet Euro, exception faite de Rayan Cherki – a éclipsé ces lacunes défensives, révélées au pire des moments. La faute aussi, peut-être, à un excès de confiance qui ne disait pas son nom, envoyant les Bleuets soulever le trophée à peine la liste des 23 dévoilée. Sans avoir été au pied du mur, les noms égrainés plus haut n’ont pour autant jamais été transcendants, cramés par une saison éreintante ou simplement en manque de réussite. Rien de bien rassurant à un an des Jeux olympiques en résumé. Un tournoi que la France du football croit également gagner avant même de jouer.
Par Adel Bentaha