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Bleues : donner le la sur un air de samba
Six jours après son entrée en lice ratée face à la Jamaïque (0-0), l’équipe de France défie le Brésil, ce samedi (12h). Les Bleues doivent profiter de cette opposition relevée pour balayer les doutes et véritablement lancer leur Coupe du monde.
On ne sait pas si Raymond Domenech fait partie des sources d’inspiration d’Hervé Renard. À vrai dire, on en doute sérieusement. Toujours est-il que l’entraîneur à la chemise blanche a copié à la perfection ce qui était l’une des marques de fabrique de l’ancien sélectionneur des Bleus : commencer une compétition majeure par un 0-0 soporifique et totalement oubliable. Dimanche dernier, à Sydney, la France a en effet démarré sa Coupe du monde en toute discrétion, sans parvenir à dominer la Jamaïque. Bérangère Couillard, la nouvelle ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a eu beau se féliciter de ce résultat, partager les points avec la 43e nation au classement FIFA n’est pas très probant. En 2019, les joueuses de Corinne Diacre avaient donné le coup d’envoi de leur Mondial à domicile en éparpillant la Corée du Sud (4-0), ce qui leur avait permis de générer un engouement fou pour la suite de la compétition. L’an passé, lors de l’Euro anglais, elles avaient affiché leur énorme potentiel et laissé poindre de très belles promesses en balayant l’Italie (5-1). Cette fois, rien de tout cela. Mais plutôt l’impression que les Tricolores ne sont pas encore vraiment entrées dans leur tournoi.
Se rassurer, chasser la morosité
Six jours plus tard, elles vont avoir l’occasion d’y remédier. Les partenaires d’Eugénie Le Sommer seront sur la pelouse du Suncorp Stadium de Brisbane, ce samedi (12h), pour affronter le Brésil. Il sera temps de se rassurer dans le jeu, tout d’abord, en stimulant une animation offensive atone depuis deux rencontres (en comptant le match amical contre l’Australie). Il faudra surtout en profiter pour chasser la morosité ambiante, alimentée par les craintes venues de l’infirmerie. En plus de devoir se passer des services de plusieurs cadres qui avaient déclaré forfait avant le début du Mondial (Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino, Amandine Henry, Griedge Mbock), le sélectionneur français a passé toute la semaine à suivre l’évolution de la blessure de Wendie Renard. Touchée au mollet gauche, la capitaine des Bleues a repris l’entraînement, mais sa présence face aux Canarinhas demeurera incertaine jusqu’au dernier moment. « On a besoin d’elle », a soufflé son coach, conscient de l’importance de sa tour de contrôle en défense centrale. Au milieu de la grisaille, une bonne nouvelle, tout de même : quinze jours après être sortie sur civière contre l’Australie en match de préparation, Selma Bacha sera opérationnelle.
La pépite de l’OL ne sera pas de trop pour mettre à mal des Brésiliennes qui, elles, ont réussi leur entrée en lice (4-0 contre le Panama). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, affronter l’autre cador du groupe ressemble d’ailleurs à une aubaine pour la France. En difficulté contre les blocs bas avec beaucoup de répondant sur le plan physique, Grace Geyoro et ses coéquipières seront cette fois opposées à des joueuses plus techniques que la moyenne. À l’aise avec le cuir et naturellement attirées vers l’avant, les protégées de Pia Sundhage voudront aller chercher un succès qui serait quasiment synonyme de première place. Elles laisseront des espaces, que les flèches tricolores pourront exploiter. Et puis, quoi de mieux qu’un choc à forts enjeux, un France-Brésil de surcroît, une affiche qui résonne inévitablement chez n’importe quel amateur de football hexagonal, pour enfin donner de la saveur à une aventure qui en manque encore cruellement ? En 2008 comme en 2010, le 0-0 inaugural des Bleus de Domenech avait été suivi d’un gigantesque fiasco. Finalement, 2006 avait tenu lieu de contre-exemple – presque – parfait. Si Hervé Renard veut aussi s’en inspirer, il ne doit surtout pas se gêner.
Par Raphaël Brosse