- Ligue des nations
- J1
- Allemagne-France (0-0)
Bleu, blanc, bloc
Moins de deux mois après la victoire en Russie et à trois jours de retrouver le stade de France, les Bleus ont prouvé jeudi soir, à Munich, qu'ils n'avaient pas changé sur la forme : le seul enseignement d'une soirée marquée par un excellent Areola.
« Je n’ai pas encore regardé dans le miroir, il paraît que c’est impressionnant… » Ainsi aura donc repris la saison 7 de la bande à Deschamps, série récompensée il y a moins de deux mois d’une étoile dorée – la deuxième de l’histoire de la France du foot – et dont le premier épisode, tourné à Munich jeudi soir, a débuté sur un cou déchiré : celui de Benjamin Pavard. Sur le coup, on s’est dit que les Bleus, frais champions du monde, étaient tombés dans un traquenard et que l’histoire se rejouait : depuis le Brésil en 1994, aucun vainqueur de la Coupe du monde n’a réussi à remporter le match suivant sa finale mondiale. Alors, alors ? Pas d’hystérie : non, l’équipe de France ne s’est pas imposée en Allemagne, mais en revient ce vendredi avec un nul plus qu’honnête (0-0) et quelques confirmations.
Comprendre : si quelque chose a changé dans le fond, si ces hommes ne sont plus les mêmes, rien n’a changé dans la forme. À l’Allianz-Arena, on a vu les Bleus débarquer avec les armes de la campagne de Russie, de l’état d’esprit et la chère « force collective » , et c’est avant tout ce qu’il faut retenir d’un match de reprise dont il est difficile de tirer le moindre enseignement tant la forme des acteurs est, de l’aveu même de Deschamps, « fluctuante » . « Cette solidarité, c’est notre base, a soufflé après la rencontre le sélectionneur tricolore. Et heureusement, parce que la fin du match a été laborieuse… On a fini à l’énergie. Un match de rentrée n’est jamais évident, certains joueurs ont repris depuis trois semaines, je n’ai pas eu le temps de préparer cette rencontre, car certains ont joué dimanche dernier, mais on a fait ce qu’on sait faire, avec un peu plus de déchet technique lié à la condition physique aléatoire des garçons. On devient gourmand avec ce groupe, mais faire un nul ici, dans ces conditions, c’est un bon résultat pour nous. »
Faire peur
Impossible d’avancer le contraire, même si un élément a accroché les regards : aujourd’hui, cette équipe de France fait peur à son adversaire. C’est une question de statut, d’aura qui se dégage, et dans la nuit munichoise, Joachim Löw, en difficulté après l’élimination de l’Allemagne au premier tour du dernier Mondial et qui a reçu un soutien malgré tout chaleureux du public allemand, ne s’en est pas caché après la baston : « On savait que ce serait un gros défi et on l’a relevé. Aujourd’hui, on a joué avec quatre défenseurs centraux de formation et une ligne de quatre derrière parce qu’il fallait contrôler les latéraux français, Kylian Mbappé… » Ainsi, une équipe comme l’Allemagne s’autorise désormais à reculer pour mieux contrôler ces Bleus, qui auront malgré tout laissé jouer leur adversaire jeudi soir tout en lui filant le contrôle du jeu (60,2% de possession pour la Nationalmannschaft).
Reste que l’équipe de France a résisté à l’envie pour ne pas retomber brutalement sur Terre, à trois jours de retrouver les Pays-Bas et surtout le stade de France, qu’elle a aussi répondu par séquences grâce à la toujours solide paire Kanté-Pogba, un Mbappé précieux dans le jeu en déviation et un Griezmann qui s’est une nouvelle fois déchiré dans le repli défensif tout en se montrant brillant entre les lignes malgré un physique sifflant. Cette semaine est une « parenthèse » , le genre d’instants pour finir de savourer et reprendre en douceur la compétition, mais ce retour aux affaires aura été une réussite, ponctuée d’une découverte internationale : le grand bonhomme de la rencontre aura été Alphonse Areola, qui fêtait sa première sélection après vingt-neuf rassemblements passés dans l’ombre et qui aura sauvé la maison à six reprises, un record sur un match pour un gardien de l’équipe de France sur la période 2008-2018. Dimanche sera une autre histoire, une autre problématique, un autre soir pour une autre fête. Pour le moment, Didier Deschamps avoue ne pas savoir : « Turnover, pas turnover, tout est possible. Je peux tout faire, mais je ne sais pas pour le moment. » Reste une certitude : son bloc est toujours vivant.
Par Maxime Brigand, à Munich