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  • Angleterre – Championship – Nottingham Forest/Blackpool

Blackpool, football low cost

Par Régis Delanoë
5 minutes
Blackpool, football low cost

Alors que la deuxième division du football anglais débute sa saison ce week-end, le club de Blackpool se retrouve bien embêté, avec à peine assez de joueurs sous contrat. Et ça s'est vu ce samedi contre Nottingham Forest avec une défaite 2-0. Le résultat d'une politique RH désastreuse, entre stratégie du court terme et pingrerie à l'extrême.

Une équipe qui, à moins d’une semaine du début de la saison, ne comptait que 13 joueurs de champ et aucun gardien et qui, pour la première journée, n’a pu inscrire que 4 remplaçants sur son banc, l’histoire paraît difficilement concevable, y compris dans les obscurs championnats de District qui forment la base de notre football hexagonal.

Alors imaginez un peu qu’on parle là d’un club engagé en deuxième division anglaise et qui évoluait en Premier League il y a seulement quatre saisons de ça. Sans blague, Blackpool FC s’est même retrouvé à un moment avancé de sa préparation avec seulement huit joueurs sous contrat. Et pas question de compléter avec des joueurs de la réserve, cette dernière section a été dissoute en 2011 pour faire des économies ! Face à cette situation, le nouvel entraîneur José Riga a même été contraint d’annuler une tournée de préparation prévue initialement en Espagne mi-juillet, faute de joueurs disponibles. Et encore le week-end dernier, pour un dernier galop d’essai avant la reprise du championnat, Blackpool a disputé – et perdu 0-1 – un match amical face à Burnley avec 9 joueurs à l’essai sur la feuille de match dont deux titulaires au coup d’envoi. Dans la précipitation, certaines recrues ont fini par arriver au cours de la semaine, dont un gardien, enfin. Un certain Joe Lewis, qui arrive en prêt de Cardiff où il était portier remplaçant. D’autres joueurs ont signé ces derniers jours, à l’arrache, des contrats précaires ou sous forme de prêt. Bon an mal an, le coach belge des Seasiders à la dérive a réussi à aligner une équipe complète samedi sur la pelouse de Nottingham Forest, avec 9 recrues dans le XI de départ. La saison passée, le maintien avait été acquis d’extrême limite en terminant à la 20e place d’un championnat comptant 24 équipes, à deux points de la relégation. Cette fois-ci, étant donné l’intersaison bordélique qui vient de se tramer, on voit mal comment le club pourrait échapper à la descente en troisième division au printemps prochain. Ce serait moche pour les supporters de cette cité balnéaire du pauvre, qui ont manifesté leur colère ces derniers jours face à la situation. Pour les dirigeants en revanche, ce serait une récompense bien méritée.

L’ex-club de Stanley Matthews

Car ce qui arrive actuellement à Blackpool FC n’est que la conséquence parfaitement logique d’une gestion humaine catastrophique menée depuis des années. Il n’est pourtant pas ici question de dirigeants véreux venus de l’étranger pour saloper une institution footballistique anglaise, comme il est trop souvent de coutume chez certains autres clubs (coucou Portsmouth !). Non, ici on parle de businessmen « du cru » . En 1988, Owen Oyston, un gars du coin qui a fait fortune dans l’immobilier, rachète le club et annonce avoir de grandes ambitions. Il souhaite notamment remplacer l’antique Bloomfield Road, l’ancien terrain de jeu de Stanley Matthews pendant une décennie et demie, par un nouveau stade de 40 000 places. Mais les fans vont vite s’apercevoir qu’Oyston est une grande gueule plus qu’un bâtisseur. Déjà à l’époque, il se forge une réputation de dirigeant près de ses sous. Il fait le beau dans les médias, déclarant en 1996 avoir refusé l’opportunité de reprendre Manchester United par amour pour Blackpool. Mais convaincu de viol durant cette même période, il doit céder la direction du club à sa femme, puis à son fils Karl à partir de 1999. L’adage dit que les chiens ne font pas des chats et effectivement, le fiston a semble-t-il suivi la même école que le daron : un Master Gestion des ressources humaines avec une spécialisation gros pingre. Depuis deux décennies, Blackpool réussit à durer dans le paysage footballistique anglais d’abord et surtout grâce au talent de ses entraîneurs : Sam Allardyce (qui y a débuté dans la fonction en 1994), Steve McMahon ou plus récemment Ian Holloway, auteur de la montée historique du club en Premier League pour en disputer une seule et unique saison en 2010-2011.

Elliot Grandin, recrue phare pour disputer la PL

Car pour ce qui est de l’effectif, les Oyston ne sont pas du genre à prendre des risques. Exemple à l’été 2010 justement, alors que les Seasiders se préparaient à vivre une première saison en élite, le plus gros investissement sur le marché des transferts a été pour acheter le contrat du Français Elliot Grandin au CSKA Sofia pour moins de 2 millions d’euros. Pour le reste, que des joueurs gratuits ou presque, dont des seconds couteaux français : Ludovic Sylvestre, Malaury Martin… Résultat : une relégation immédiate et une équipe qui a depuis plutôt tendance à jouer le maintien en Championship que la remontée en Premier League. Chaque intersaison, l’entraîneur en place est contraint de reconstruire presque entièrement une équipe avec des nouveaux joueurs, les contrats signés dépassant rarement une saison, sans compter les nombreux prêts jamais conservés. À force, Blackpool FC se paie évidemment une réputation de club low cost aux méthodes de recrutement vicieuses et aux rémunérations minimales. De plus en plus d’agents refusent de traiter avec ce club et il faut vraiment qu’un joueur se retrouve dans la mouise pour qu’il accepte d’entamer des négociations, dont il sait qu’il ne tirera qu’un contrat foireux. Et c’est ainsi que l’équipe s’est retrouvée cet été avec 27 départs à l’issue de la saison et des arrivées qui traînent toujours à arriver. Une situation qui achève de lasser toutes les parties concernées : Valeri Belokon, le partenaire lituanien des Oyston, actionnaire minoritaire du club, auteur d’une lettre ouverte publiée dans la presse locale où il demande à ses associés de se concentrer sur les intérêts de l’équipe plutôt que sur leur compte en banque ; le nouvel entraîneur José Riga, qu’on sent déjà au bout du rouleau ; et bien sûr les supporters, dont le porte-parole Rob Underdown a récemment déclaré : « Nous sommes la risée du football. » Difficile de lui donner tort.

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