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Bissouma, deuxième envol avec les Aigles du Mali
Pour l’ouverture de son tournoi, le Mali défie la Tunisie ce mercredi au stade de Limbé. Mais alors que les Aigles débarquent à cette CAN avec de grandes ambitions, ils vont également pouvoir compter sur le retour, comme si de rien n’était, du milieu de Brighton Yves Bissouma, absent de la sélection depuis plus de trois ans pour des « raisons personnelles ».
16 octobre 2018. Au moment de quitter la pelouse burundaise sur laquelle il venait d’honorer sa dix-huitième cape, Yves Bissouma ne pensait probablement pas qu’il n’allait plus revêtir le maillot malien avant une éternité. À cause d’un manque de communication, celui qui a récemment été élu joueur de l’année à Brighton a longtemps préféré bouder dans son coin plutôt que de revenir en sélection, jusqu’au déclic l’été dernier.
Friture sur la ligne
Car oui, l’absence de Bissouma n’est rien d’autre qu’une histoire de caprice qui a mal tourné. Comme il l’a enfin révélé après de longs mois de silence, tout est parti d’une opération à l’épaule qui l’a empêché de jouer la dernière CAN. « J’ai vécu l’un des moments les plus difficiles de ma vie. J’ai passé treize heures dans le coma et j’ai failli mourir sur mon lit d’hôpital. Même les médecins étaient en panique, racontait fin août 2021 le joueur de 25 ans dans le talkshow malien de référence 4-4-2 sur RP Médias. Mais pendant cette période, je n’ai reçu aucun message d’un dirigeant ou du coach. » Bissouma en avait aussi profité ce jour-là pour accuser le sélectionneur Mohamed Magassouba de monter les supporters contre lui en le convoquant à chaque rassemblement pour mieux le forcer à décliner.
Une prise de parole brise-glace, puisque dans la foulée, Magassouba s’était positionné en faveur de son retour, et ce, alors que le joueur venait de critiquer l’ensemble du staff. Bonne ambiance. Pour ne rien arranger à son cas, le milieu de terrain a été accusé d’agression sexuelle à Brighton en octobre dernier. Doublement préjudiciable puisqu’il devait à l’époque effectuer son come-back pour les qualifs de la Coupe du monde. Alors que l’enquête suit son cours, l’ancien Lillois a finalement reçu l’autorisation par la police britannique de se rendre au Cameroun. Il n’en reste pas moins au cœur d’un climat peu propice à de bonnes performances, même s’il a toujours la cote auprès des fans.
Gare au rejet de greffon
Mais alors pourquoi reprendre Bissouma pour la CAN ? Eh bien quand on sait que le Mali n’a jamais fait mieux qu’une finale perdue en 1972, malgré une autre génération dorée à la fin des années 2000 avec Frédéric Kanouté, Seydou Keita ou Mahamadou Diarra, il est difficile d’imaginer la sélection se priver de l’un de ses meilleurs éléments. D’autant que celui qui a découvert le Mali à treize piges en rejoignant l’Académie de Jean-Marc Guillou à Bamako a en réalité déjà prouvé son attachement aux Aigles. « J’ai une double nationalité. Je pouvais jouer avec la Côte d’Ivoire [son pays natal]. Gervinho et feu Sidy Diallo m’avaient sollicité, mais j’ai décliné l’offre, car j’attendais ma convocation pour jouer avec les Aigles, a dévoilé Bissouma sur RP Médias. Je suis malien, j’aime le Mali. »
Pas certain toutefois que cela suffise pour s’intégrer sans dérégler une machine malienne qui tourne très bien sans lui. À son poste, le Mali compte déjà sur un vivier bien fourni entre le patron Haïdara de Leipzig, Samassékou et la jeune doublure Mohamed Camara. Qualifiés facilement pour cette CAN, et plus récemment pour les barrages du Mondial 2022 en ayant préservé leur cage inviolée lors des six rencontres des éliminatoires, les Maliens avancent avec des certitudes défensives. Et si le solide Bissouma peut se targuer d’être le seul joueur de Premier League à avoir réalisé plus de 150 tacles et interceptions combinés la saison dernière, l’autoproclamé meilleur milieu d’Angleterre devra aussi assumer son statut. À lui de défendre sa place dès le premier match contre la Tunisie, s’il veut s’éviter un rejet de greffon chez les Aigles.
Par Gabriel Joly