- 11 avril 1959 – Le jour où…
Billy Wright, premier « classe 100 » de l’histoire du foot
Capitaine de l'Angleterre pendant les Coupes du monde 1950, 1954 et 1958, le gentleman Billy Wright a été le premier joueur de l'histoire à atteindre les 100 sélections en équipe nationale. Le cap symbolique a été franchi à Wembley le 11 avril 1959 face à l'Écosse, sous les yeux du Premier ministre et de sa femme Joy Beverley, l'une des stars de la chanson de l'époque. Wright, le David Beckham 1.0.
Le Championnat britannique des nations constitutives – British home championship en V.O – était une compétition qui voyait s’affronter tous les ans les quatre nations du Royaume-Uni : Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande (puis Irlande du Nord). Disputé une première fois en 1883, ce tournoi fut arrêté 101 ans plus tard très exactement. De toutes les éditions, l’une des plus marquantes reste celle de 1959, avec ce match joué à Wembley entre l’Angleterre et l’Écosse. Si cette rencontre est restée dans les annales, c’est surtout parce qu’elle était l’occasion pour le capitaine anglais Billy Wright de passer le cap symbolique des 100 sélections en équipe nationale, une première à l’époque dans l’histoire du football.
En équipe première à 15 ans
Aujourd’hui un peu passé aux oubliettes, Billy Wright était l’une des grandes stars des années 50. Un joueur qui, s’il avait pu débuter sa carrière internationale plus tôt, aurait pu approcher les 150 sélections au lieu des 105 qu’il honorera (la dernière en mai de cette même année 1959 pour une victoire 8-1 des Anglais face aux Américains à Los Angeles). Il n’a pu débuter avec l’Angleterre qu’à l’âge de 22 ans, en 1946, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il battait des records de précocité juste avant le conflit, intégrant l’équipe première de Wolverhampton en D1 dès ses 15 ans en 1939. « Snowy » – le surnom donné par ses coéquipiers du fait de la blondeur de ses cheveux – avait débarqué l’année d’avant chez les Wolves en répondant à une petite annonce dans un journal annonçant une détection de jeunes joueurs dans son comté de naissance, le Shropshire. Jeune sergent instructeur en charge des exercices physiques des soldats pendant la guerre, il patiente jusqu’à l’armistice pour véritablement lancer sa carrière de footballeur, en restant jusqu’à sa retraite fidèle à Wolverhampton. Et fidèle à l’équipe nationale, bien évidemment.
Trois fois champion d’Angleterre
Billy Wright, c’est un total de 541 matchs disputés avec les Wolves, quasi tous en tant que capitaine, et donc 105 sélections, dont 90 en portant le brassard. Plus de 600 matchs et aucun carton reçu, ni jaune ni rouge. Une stat remarquable, même si l’arbitre avait tendance à beaucoup moins dégainer en ce temps… Ailier reconverti défenseur central, Wright était réputé très bon dans les duels. Un athlète jamais blessé, toujours concentré, qui disait ceci de son métier : « Je n’avais que deux choses en tête quand j’étais joueur : récupérer la balle à l’adversaire pour ensuite la donner le plus proprement possible à mon coéquipier le plus proche. » Simple et limpide. Ses plus grands succès, il les obtient en club avec Wolverhampton, l’un des plus fameux des fifties, trois fois champion d’Angleterre en 1954, 1958 et 1959, et vainqueur de la FA Cup 1949. En équipe nationale, l’histoire retient malheureusement les trois échecs lors des Coupes du monde 1950 (élimination en phase de poules), 1954 (quart-de-finaliste vaincu par l’Uruguay) et 1958 (nouvelle élimination dès les poules).
Mais Billy Wright, c’est aussi un précurseur en matière de football people, grâce à son mariage avec l’une des plus grandes stars de la chanson des années 50 : Joy Beverley, l’une des trois Beverley Sisters, un fameux trio qui faisait dans les tubes sirupeux qui cartonnaient bien à l’époque, dans cette Angleterre d’avant la déferlante Beatles. Wright et Beverley se marient au lendemain de la Coupe du monde ratée de 1958, la noce faisant les choux gras de la presse, et le couple restera régulièrement suivi par les médias nationaux, comme les Beckham des décennies plus tard.
Joy Beverley est dans les travées de Wembley ce 11 avril 1959, tout comme le Premier ministre Harold Macmillan, venu sur la pelouse avant le coup d’envoi féliciter le « centenaire » . Pour l’anecdote, c’est Bobby Charlton qui plante ce jour-là le seul but du match en fin de partie, ce même Bobby Charlton qui sera ensuite celui qui battra le record de sélections de Wright : 106 en 1970. Ils sont aujourd’hui neuf internationaux anglais à avoir dépassé le cap des 100 : Shilton (125), Beckham (115), Gerrard (114), Moore (108), A. Cole (107), Charlton (106), Lampard (106), Wright (105) et Rooney (103). Mort le 3 septembre 1994 d’un cancer du pancréas, Billy Wright a eu droit à sa statue à l’entrée de Molineux, le stade de Wolverhampton, le lieu de sa légende. Là même où ses cendres ont été éparpillées. Selon sa volonté.
Par Régis Delanoë