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Billong : « En Bosnie, j’ai entendu des insultes comme « sale noir » »

Propos reccueillis par Florian Lefèvre
6 minutes
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La Ligue des Champions est une compétition bouillonnante. Après avoir goûté au chaudron de Mostar, Jean-Claude Billong, 23 ans et défenseur de Maribor, voyage entre les volcans islandais pour affronter le Hafnarfjörður.

Après une saison à Rudar Velenje, septième (sur dix) du dernier championnat slovène, tu as rejoint cet été le champion national, Maribor. Comment se passent tes débuts ?Maribor, c’est un très gros club. Je suis tombé sur de super coéquipiers qui m’ont bien intégré. J’arrive : l’appart’, la voiture… Tout était prêt. La voiture, c’était une Nissan Qashqai. Au niveau de la communication, il n’y a pas de problème de compréhension : 95% de l’effectif et du staff parlent anglais.

Quand tu as eu la possibilité de rester en Slovénie en signant à Maribor, ça t’a tout de suite emballé ?(Il réfléchit) Dans un premier temps, pas plus que ça, parce que j’avais des offres en France, en Croatie et en République tchèque. Je voulais juste attendre et choisir le bon moment. On a refusé une première offre de Maribor, ensuite ils m’ont rappelé. Le directeur sportif, c’est Zlatko Zahovič. Historiquement, c’est le meilleur joueur slovène. Il voulait me rencontrer personnellement alors que dans les autres clubs, on passait par des intermédiaires. Moi, je le connaissais avant, je le prenais dans les jeux-vidéos de foot. Il m’a parlé cash : « Des grands costauds comme toi, il n’y en a pas beaucoup, donc on te veut. » Il m’a dit que si je bossais bien, j’aurais une place dans le onze et qu’on pourrait écrire une belle histoire. Ses mots m’ont touché. Derrière, en une semaine, ça s’est fait.

Ici, Le directeur sportif est Zlatko Zahovič. Historiquement, c’est le meilleur joueur slovène. Moi, je le connaissais avant, je le prenais dans les jeux-vidéos.

Zlatko Zahovič avait l’image d’un joueur sanguin. C’est toujours le cas ?En tant que directeur sportif, il est plutôt tranquille. Mais quand le match arrive, on sent qu’il n’y a qu’une seule chose à faire : gagner. Au quotidien, Zahovič est impliqué tactiquement, techniquement, dans la cohésion du groupe. Il est présent à chaque entraînement, à chaque match, à domicile, à l’extérieur. C’est une figure du club.

Tu as eu l’occasion de visiter le pays ?Oui, la plus grosse ville, c’est Ljubljana. Au bord de mer, il y a Piran, l’équivalent de la Côte d’Azur en France. Ce qui m’a le plus marqué jusque-là, c’est Portorož. Tu es à la plage, c’est relaxant, le sable est chaud… C’est bien pour passer quelques jours.

Revenons quelques années en arrière. Après ta formation à Mantes la Joli (Yvelines), tu es parti tenter ta chance aux États-Unis…Je voulais changer de vie. Sachant que je venais juste d’avoir mon baccalauréat, j’y suis allé pour l’université à la base. Sauf que comme je ne parlais pas très bien anglais, je n’ai pas eu le TOEFL, l’examen qui te permet de suivre des cours en anglais. De là, des agents m’ont proposé de faire des essais à Los Angeles Galaxy, Kansas City, et finalement, j’ai atterri aux New-York Red Bull. J’ai fait un an là-bas avec les jeunes, ensuite je devais signer un contrat avec Philadelphia Union, mais ça ne s’est pas fait.

Aux États-Unis, Henry ne parlait pas trop aux jeunes. C’était : Bonjour, ça va ? Ça se passe bien ? Mais tu apprends beaucoup du professionnel.

Qu’est-ce que tu as découvert aux États-Unis ?Sportivement, c’était le premier gros club où je jouais. Je me suis entraîné avec des bons joueurs, Peguy Luyindula, Thierry Henry, Tim Cahill…

Ça te faisait quoi d’être à côté Thierry Henry ?En fait, il ne parlait pas trop aux jeunes. C’était : « Bonjour, ça va ? Ça se passe bien ? » Mais tu apprends beaucoup du professionnel. Il faisait des trucs à l’entraînement que je ne voyais qu’à la télé. Humainement, le plus sympa, pour moi, c’était Peguy Luyindula. Il donnait toujours des petits conseils. Ça s’est plutôt bien passé, mais le problème, c’est qu’il y a des limitations au niveau des nationalités aux États-Unis. Prendre un jeune joueur qui vient de France et qui n’a fait que des petits centres de formation, ce n’était pas l’idéal pour eux.

Maribor se déplace ce mercredi en Islande pour aller chercher un ticket de barragiste en C1. Au deuxième tour préliminaire, vous êtes allés jouer Zrinjski, l’un des deux grands clubs de Mostar, en Bosnie-Herzégovine. C’était comment ?C’était très très chaud. Il y avait beaucoup de supporters. Ce n’était pas facile de déployer un beau football, parce qu’ils n’avaient pas arrosé le terrain, il y avait des trous dans la pelouse… Mais c’est une très bonne équipe. On mène 1-0, on prend un carton rouge à l’heure de jeu, ils égalisent à la 89e et on gagne 2-1 en marquant un penalty à la 93e (1-1 au match retour, NDLR). Comme je viens d’arriver, j’étais sur le banc. L’entraîneur a fait confiance à des joueurs qui ont déjà joué la Ligue des champions et l’Europa League. C’est un autre monde : les structures, les journalistes… Tu sens que là, tu es vraiment dans une compétition européenne.

Pour mon premier match en Slovénie, il y avait un joueur de 22 ou 23 ans, qui me disait : Rentre dans ton pays, ici c’est la Slovénie.

Tu disais que l’accueil avait été chaud. À quel point ?Quand je suis arrivé, j’étais le seul renoi du stade – enfin presque, il y a aussi un Brésilien métis dans l’équipe. J’entendais des insultes qui voulaient dire « sale noir » . Ça me faisait un peu rire.

Mais ça t’es déjà arrivé auparavant en Slovénie de subir le racisme ?Pour mon premier match de championnat en Slovénie avec le Rudar Velenje, on jouait le NK Krško. Il y avait un joueur de 22 ou 23 ans, qui me disait : « Rentre dans ton pays, ici c’est la Slovénie. » Moi, ce ne sont pas deux ou trois paroles qui vont me déstabiliser sur le terrain. Il peut dire tout ce qu’il veut, ça ne va pas me faire sortir du match. En dehors, c’est une autre histoire… D’ailleurs, sur le moment, tous mes coéquipiers sont venus pour me réconforter et insulter le joueur adverse.

Et cela reste marginal ou ça t’arrive régulièrement d’entendre ce genre de choses ?Non, non, non. En Slovénie, c’était la première et la dernière fois que j’ai entendu ce genre d’insultes.

Vous affrontez donc Hafnarfjörður à l’extérieur après votre victoire 1-0 à l’aller. Quel est le style de Maribor ?Progression rapide vers l’avant et possession de balle. Au vu du match aller, je pense qu’on a de meilleures qualités, c’est à nous de le démontrer au retour. L’objectif, c’était de se qualifier pour une Coupe d’Europe parce que ça fait trois ans que le club n’a pas disputé de phase de poules, que ce soit en Ligue des Champions ou en Europa League. On a fait une pré-saison de malades, tout le monde était cuit. Au niveau du staff, des dirigeants, des joueurs qui étaient là avant moi, tu sens que c’est ce qui nous tient à cœur et je pense que c’est réalisable d’accrocher au moins la qualification en Europa League viales barrages de la C1.

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