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Bilbao coule, Illarra mène
Avec les recrutements d'Ødegaard et de Lucas Silva, Asier Illarramendi est gentiment prié de quitter le Real Madrid. Ça tombe bien, l'Athletic Bilbao, auteur d'une première phase de Liga cataclysmique, serait prêt à faire des folies pour sa venue. Suffisant pour remonter la pente ?
« L’effet domino est une réaction en chaîne qui peut se produire lorsqu’un changement mineur provoque un changement comparable à proximité, qui provoquera un autre changement similaire, et ainsi de suite au cours d’une séquence linéaire. » Wikipedia est un homme très bien informé. Marca également. Lorsqu’il s’agit du Real Madrid, le canard le plus vendu d’Espagne donne rarement dans l’approximatif. Jeudi dernier, en home page de son site, il annonce l’accord de principe – et de millions d’euros – conclu entre la direction merengue et son homologue de Bilbao au sujet du transfert d’Illarra. En soi, la fin d’un effet domino qui a commencé tout juste un jour avant… Jeudi, aux alentours de minuit, un communiqué laconique annonce le transfert du jeune Martin Ødegaard vers la Casa Blanca. Politique de rajeunissement de l’effectif toujours, dans la journée de vendredi, un nouveau bulletin du Real annonce l’arrivée pour les cinq prochaines années de Lucas Silva, milieu de 20 ans en provenance de Cruzeiro. En deux annonces, Asier Illarramendi encaisse autant de revers, est prié de prendre la porte de sortie et enfile ses basques.
Une relève sous pression
Dans ce jeu des chaises musicales, l’Athletic Bilbao se retrouverait, toujours selon Marca, délaissé de 20 à 25 millions d’euros et accueillerait en son sein un milieu de terrain en manque de temps de jeu et/ou de confiance. Une dépense folle – pour les habitudes de Leones si frileux lors des mercatos – car le temps presse. Après une dernière saison majuscule, en témoigne sa qualification pour la Ligue des champions, le phare du football basque cale sévère. Oui, l’Athletic donne la fâcheuse impression d’être à bout de force après un exercice réussi. Comme en 2012-13, après les lendemains des épopées de Coupe du Roi et de Ligue Europa. Il a peut-être finalement ça dans ses gênes, l’Athletic. Au contraire de Bielsa, Valverde entre même dans les livres d’histoire du club. Avec 19 points en autant de matchs, ses ouailles ont signé la pire phase aller des 117 ans d’existence de l’équipe de la capitale d’Euskadi. Bien chanceux, ils restent à trois points de la zone rouge et pointent à la 13e place du classement. « Désormais, nous devons repartir de zéro et penser à ce que nous devons faire de mieux en Liga » , s’alarmait le week-end dernier un Ernesto Valverde sans solution.
Plus que ses tracas arithmétiques, l’Athletic inquiète par la pauvreté de son jeu. Un jeu stéréotypé où l’imagination fait défaut. De l’équipe de l’an dernier, Ander Herrera est le seul cadre à avoir plié les gaules. Ajoutez-y celui de Javi Martínez deux ans plus tôt, puis celui de Fernando Llorente à l’été 2013, et vous obtenez la perte de trois joueurs « franchises » en autant de mercatos. Avec les restrictions qu’imposent sa philosophie sur le marché des transferts, la direction des Leones a cassé sa tirelire pour Aritz Aduriz et Beñat Extebarria. Deux investissements ratés, notamment pour l’ancien joueur du Betis Séville, un temps appelé en sélection. Depuis ces départs, rares sont les jeunes de la cantera de Lezama à être sorti du lot – l’Agenais Aymeric Laporte en est presque le seul. Et ça inquiète : lorsqu’il a été dos au mur, l’Athletic a toujours réussi à sortir de nouvelles pépites de son centre de formation. Aujourd’hui, l’éclosion de Williams, Guillermo, Unai López, Aketxe se fait toujours attendre… Heureusement, Josu Urrutia, président de l’institution, aurait un plan…
Illarra, l’argument de campagne
Le 30 décembre dernier, le señor Urrutia annonçait des élections présidentielles pour le 27 mars 2015. Cette date fatidique approchant, la pression grimpe pour lui et sa Junta Directiva, bien qu’il soit toujours le grand favori. Le débauchage d’Asier Illarramendi serait alors pour lui un formidable argument de campagne. En signant un chèque d’une bonne vingtaine de millions d’euros, Urrutia sortirait les muscles et ferait un sacré pied de nez à la Real Sociedad, voisin et formateur d’Illarra. Actuellement, si Ancelotti ne cesse de clamer qu’il a « toute (sa) confiance » , il n’a pour le moment joué que 429 minutes en Liga… Avec les arrivées d’Ødegaard et de Lucas Silva, Florentino Pérez a pourtant envoyé un message fort à celui recruté il y a un an et demi contre 40 millions d’euros : ciao ! Alors, Asier sera-t-il le sauveur des Leones ? Dans les années 90, personne n’imaginait Valence s’effondrer en Liga Adelante. Au début du millénaire, la descente de l’Atlético de Madrid avait également été une surprise retentissante. Villarreal et la Real Sociedad, fanions historiques de Liga, sont aussi passés par la case rétrogradation. Actuellement, Bilbao, jamais descendu à l’étage inférieur, en prend tout droit le chemin…
Par Robin Delorme, à Madrid