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Bilan des clubs français : qualifiés à l’oral de rattrapage !
Les cancres OM et ASM se sont fait recaler. PSG, OL, Rennes et Bordeaux sont encore en course. Lors de la sixième soirée décisive, il leur faudra parler haut et fort, clair et net pour décrocher le diplôme des phases à élimination directe. Pas évident...
Le spectre de la C3 ?
Évacuons tout de suite les cas affligeants de l’OM et de Monaco, derniers de leurs poules. On parle quand même du finaliste de C3 de l’an dernier et d’un demi-finaliste de C1 2017… Preuve de l’inconstance de deux clubs qui jusqu’à cette année animaient régulièrement le haut de la L1 et surtout preuve d’une gestion sportive désastreuse en définitive. La politique d’achats-ventes annuelle de Monaco et le recrutement défaillant de Marseille ont plombé deux clubs qui ne savent plus où ils habitent.
Et comme le niveau européen ne pardonne pas, la sanction est tombée sèchement, en portant un méchant coup à l’indice UEFA de la France. Sur ce sujet, on fera les comptes à la fin… Pour le reste, cette cinquième soirée européenne a été marquée par le sursaut de Bordeaux et Rennes, quasi morts avant de jouer, mais finalement encore vivants après leur victoire respective en Ligue Europa. Et c’est très précisément cette Ligue Europa qui focalise aujourd’hui tous les regards. On ne l’a pas assez souligné, mais elle apparaît comme une drôle de ligne d’horizon pour les Girondins et les Rennais, mais aussi pour les Lyonnais et les Parisiens en Ligue des champions ! En gros, s’ils perdent respectivement à Donetsk et à Belgrade, ils finiraient troisièmes et seraient reversés en Ligue Europa. Avec l’OL et le PSG, on aurait la consolation triste à la fin de la saison de voir peut-être enfin un club français décrocher cette C3 qui manque au foot français. C’est certes le scénario le plus pessimiste qu’on puisse imaginer, mais il est, hélas, plausible.
Lyon paierait logiquement ses fins de match calamiteuses face à Hoffenheim et Paris son incapacité à battre un Napoli de grande qualité, mais moins expérimenté que lui en Ligue des champions. Plus qu’au match aller au Parc (2-2), c’est au retour (1-1) que les hommes de Tuchel auraient dû l’emporter face aux hommes d’Ancelotti bizarrement timorés au San Paolo… Mais, heureusement, on n’en est pas là. Cette semaine, Lyon et Paris ont livré chacun à domicile et face aux « ténors » anglais deux prestations de haut niveau qui pourraient leur permettre d’accéder aux 8es de finale, voire même d’aller plus loin. À condition, justement, d’effacer ces scories qui les ont conduit à attendre l’ultime soirée pour se qualifier.
Déclic parisien ?
La victoire du PSG sur Liverpool (2-1) offre le visage contrasté de l’équipe qui a gagné, mais qui a beaucoup subi. Qui plus est, il faut désormais relativiser la valeur du « monstre Liverpool » , défait trois fois à l’extérieur dans cette poule.
L’attaque de feu Mané-Firmino-Salah, qui avait bénéficié de l’effet de surprise la saison passée, n’agit plus vraiment. Tuchel l’avait bien compris avec un dispositif qui a privé Liverpool de profondeur, donc d’espaces à dévorer pour les trois de devant. Le coach allemand a été le grand artisan du succès parisien avec son 4-4-2 modulable où Marquinhos placé au milieu pour renforcer l’axe défensif a fait merveille. Les deux autres Brésiliens, Thiago Silva XXL et Neymar, ont complété une excellence dans tous les secteurs du jeu. Virevoltant entre les lignes, Verratti, très bon, mais à baffer pour son comportement, a huilé le collectif en imprimant le bon tempo et le bon équilibre au milieu. En trouvant Neymar en phase offensive, l’Italien a permis au Brésilien de rayonner dans le camp adverse. Comme le dit si bien Didier Domi, bravo à Tuchel, donc.
On sent qu’il a achevé sa revue d’effectif en donnant du temps de jeu à tous en L1 et en C1. Il a redonné goût au combat à des gars qui en manquaient trop. Il a instauré une vraie concurrence qui n’épargne personne (Draxler, Rabiot, voire Cavani sorti à la 65e) et qui promeut Kehrer, qu’on a sous-évalué. Enfin, Tuchel a inculqué une flexibilité tactique (défense à trois ou à quatre) à une équipe polymorphe capable de jouer haut et en possession (à Naples et dans les 30 premières minutes au Parc contre Liverpool) ou plus bas et en contres mortels comme sur le but de Neymar, toujours face aux Reds. Rien que pour voir la suite, on souhaite à Paris de faire taire tout suspense en allant gagner à Belgrade et, qui sait, finir premier. C’est jouable… Après le match, la joie des Parisiens autour d’un Neymar combatif et qui défend enfin a peut-être scellé la vraie symbiose d’une star prête à se fondre vraiment dans le collectif. Même étriqué, ce succès contre Liverpool restera peut-être aussi le match référence que Tuchel attendait.
OL, Rennes et Bordeaux en ballottage…
Belle prestation de Lyon face à Manchester City (2-2) qui aura finalement pris quatre points sur six au numéro 1 anglais. Bien joué et félicitations au p’tit Aouar, incroyable de justesse tactique et de combativité à la récup. Avec Ndombele, Lyon tient une paire d’as qui pose une assise confortable pour peu que le reste du collectif suive. Reste que… Les Citizens étaient presque qualifiés au coup d’envoi (ils le sont désormais), ce qui explique qu’ils n’étaient pas vraiment à 100 % et Pep Guardiola avait dû se passer de De Bruyne, Bernardo Silva et Gündoğan. Enfin, sur le déroulé du match, même mené à deux reprises par deux buts splendides de Cornet, City a mis peu de temps à égaliser par Laporte et Agüero, tous deux de la tête. Sur deux coups de pied arrêtés… Rageant et inquiétant parce qu’il y a récidive après les mêmes erreurs défensives d’étourderie face à Hoffenheim et parce que Lyon finit trop souvent par se faire rattraper, en C1 comme en L1.
Du coup, le dernier match du 12 décembre prochain au Shakhtar s’annonce périlleux. D’une part à cause justement de l’inconstance lyonnaise qui transforme en plomb tout l’or qu’il sait pourtant créer avec talent. À cause de la destination inconnue du match retour en raison des troubles politiques en Ukraine. Et surtout à cause de la victoire épique de Donetsk à Hoffenheim (3-2) qui va galvaniser une équipe qui avait aussi assez largement dominé l’OL au Groupama Stadium le 2 octobre dernier (2-2). Le Shakhtar en démonstration avait mené 2-0 et raté plusieurs occases avant le réveil d’un Lyon en réaction.
Un nul suffit, ceci dit, à Lyon qui peut le faire. Mais la dynamique finale et psychologique penche plutôt côté ukrainien… Un mot sur Rennes et Bordeaux. Grâce à un but de Grenier, les Bretons vainqueurs à Jablonec (0-1) se sont relancés après un match médiocre où ils ont beaucoup subi, sauvés par la barre et par leur gardien Koubek. Une victoire à domicile face à Astana leur ouvrirait les portes d’un 16e de finale. On souhaite un miracle pour y parvenir aussi à des Girondins vainqueurs à la maison du Slavia Prague (2-0) devant 6311 pékins. Une victoire à Copenhague déjà pas évidente au vu du match aller ne suffirait pas : il faudrait également que le Zénith déjà qualifié et sûr de rester leader aille gagner au Slavia. Mais bon, tant qu’il y a de la vie…
Par Chérif Ghemmour