- Ligue des Champions
- Europa League
Bilan des clubs français : la honte !
Paris au talent (C1) et Lyon à l’honneur (C3) sont passés. Et puis c’est tout. L’OM et Bordeaux ont rejoint la charrette des condamnés ASSE, Nice et l’OL (C1). Mauvais indices pour l’Indice…
C1 : Paris Motta
Pour Paris, ça pourrait aller vite en affirmant que vu l’effectif, vu les moyens financiers, vu le groupe C très abordable, etc. Sauf que ! Réduit à 10 et remonté au score (1-1), ce PSG-là s’est arraché pour gagner 2-1 quand même face à un très solide Olympiakos, leader du championnat grec et venu en France pour jouer la qualif. Ce but de la victoire contient tous les « ingrédients » (un mot très à la mode) du professionnalisme a minima qu’on réclame à des « milliardaires » du ballon rond. Un but à la 89e pour démontrer que ce Paris ne lâche rien. Un but qui implique Thiago Motta, Thiago Silva, Marquinhos et Cavani. Le premier a intercepté de façon très futée le ballon de la tête dans la zone centrale du terrain en jouant en retrait sur Silva. Motta a été énorme, notamment quand son équipe a été réduite à 10 (expulsion de Verratti, 46e) : il est monté d’un cran, a joué entre les lignes pour organiser le jeu, tout en continuant à redescendre gratter des ballons et presser. Deux ballons perdus au grand maximum… Motta positionné plus haut, l’équilibre a été maintenu en partie derrière avec les deux latéraux qui ne montaient plus. Mais comme Paris reculait sous la pression grecque, Thiago Silva a alors réclamé de Cavani qu’il décroche lui aussi pour renforcer le milieu. Quand on a ces deux Thiago surdoués tactiquement qui gèrent le match sans l’intervention du coach, on peut aller loin.
C’est donc Silva, servi par Motta, qui a relancé propre dans les pieds de Marquinhos, engagé dans le camp grec. Entré dix minutes plus tôt à la place de Zlatan, le jeune Brésilien a tout de suite trouvé ses marques et combiné en lançant Cavani à la limite du hors-jeu dans la profondeur pour partir « chercher bonheur » : 2-1 ! Preuve qu’à défaut d’identité de jeu pas encore parfaite, ce PSG a bien un projet de jeu qui permet à n’importe quel entrant (Marquinhos en l’occurrence, mais aussi Rabiot, plutôt pas mal) de se trouver et de trouver les autres. Et puis il y a eu la joie collective sincère : la pyramide de joueurs parisiens fêtant Cavani, monstre de dévouement au service du collectif. Un but qui dit beaucoup… Manque plus qu’à secouer Lavezzi, encore décevant, et baffer Verratti (un rouge idiot qui mazoute son immense talent). Voilà : Paris est en 8es et premier de son groupe (13 points). Contrat rempli pour les « milliardaires » . Mais avec deux bémols : des temps faibles observés ici ou là (deux fois contre Olympiakos, à Athènes et à Paris) et des fautes défensives d’inattention (les deux buts d’Anderlecht et d’Olympiakos au Parc). Contre les grosse cylindrées, ça ne passera pas. Enfin, hommage à Zlatan et un beau but pour sa 100e en Ligue des champions.
C1 (suite) : néant olympien…
L’OM… Un but de Wilshere au bout de 36 secondes de jeu qui plombe Morel pour le compte. Un milieu à trois platement « défensif » et improbable avec Romao, Lemina et Imbula (trop chien fou pour ces matchs où la précision technique et tactique s’impose). Un Khalifa au replacement aléatoire et jouant aussi fantomatique que Jordan Ayew. Un Gignac pris dans la tenaille (pas fou, Arsène ! Il a vu son but contre Ajaccio). Et puis surtout, Valbuena et Thauvin qui entrent en deuxième mi-temps, histoire d’être préservés pour le match contre Montpellier de ce soir ? Seul Mandanda, qui a entre autre stoppé un péno d’Özil (37e), a surnagé. Du coup, on a encore revu une équipe de coureurs à pied, baladé cette fois-ci par un Arsenal en mode décrassage (2-0). OK, l’OM était déjà éliminé et la priorité, c’est devenu la L1. Reste que… Malgré sa vaillance lors des matchs d’avant, cet OM a bien joué cette C1 plusieurs tons en dessous. Si on ne peut pas affirmer que la rage de vaincre des Bleus contre l’Ukraine (3-0) puisse tenir lieu de projet de jeu, on ne peut pas dire que ce Marseille-là se soit véritablement arraché comme un Sakho. C’est peut-être ici qu’on a pu mesurer la différence entre un Baup (honnête coach « accompagnateur » en Coupe d’Europe) et un Deschamps (vrai meneur d’hommes au plus haut niveau), dont on doute qu’il aurait lui aussi fini à zéro point au bout de 5 matchs…
Plus grave : de tels parcours européens comme celui de l’OM n’apportent en rien cette fameuse expérience internationale dont se gargarisent les entraîneurs français. Ils n’apportent pas vraiment non plus une « meilleure cohésion de groupe » . Désolé, mais un groupe ne progresse pas dans ces conditions. Pas avec ce niveau de jeu. Pas avec ce manque d’exigence et surtout ce manque d’ambitions (DD était là-dessus intraitable). Même si le groupe F était très relevé. Qu’auraient donc appris Nkoulou, Imbula, Khalifa ou Abdallah de cette C1 2013-2014 ? Pas grand-chose. Idem pour les tauliers Valbuena et Mandanda, voire André Ayew. Seule petite consolation, Thauvin : lui seul a réussi son baptême européen, à Naples et à Arsenal (belle entrée, deux belles occases à l’Emirates). L’OM est dernier avec zéro point, éliminé de la C3 et de la C1. Et dire que Dortmund viendra au Vélodrome venger l’affront d’il y a deux ans (0-3)…
C3 : l’OL et pis c’est tout !
Lyon : Gourcuff ! Même s’il compte pour du beurre, le but inouï de Yoann en seconde mi-temps est l’un des plus beaux de l’histoire du foot (sic) : une reprise de volée du rond central qui finit sous la barre. Pureté du geste, puissance et précision, ellipse magnifique, lob parfait. Mais l’arbitre avait sifflé une faute avant. Tous ceux qui ont raté ça doivent corriger cet oubli et voir les images… Sinon, hommage à Lyon et à son président. Même dans le marasme qu’il a en partie créé, Jean-Michel Aulas reste l’inspirateur de son club. Ce sont bien ses principes d’exigence, de sérieux et d’honneur qui font que son OL brille quand il est fort et qu’il ne sombre jamais dans l’absolue médiocrité quand il est moins bon. L’OL peut être mauvais, mais jamais totalement nul, dans l’ambition s’entend. Voilà pourquoi, même diminué, affaibli, dans un groupe I faiblard, dans une compète encore mineure à ce stade (poule de C3) et avec un gros match de L1 à Paris en vue, l’OL a battu le Betis Séville (1-0) et s’est qualifié pour le tour suivant. L’OL est invaincu (2 victoires et 3 nuls) : pas génial, mais synchrone avec le degré minimum de professionnalisme que Aulas, en plus de ses entraîneurs, a toujours exigé de ses joueurs. Un jour, il faudra faire le compte de tous les points de l’indice UEFA engrangés par l’OL, cette saison y compris… Dans le contenu, on retiendra juste le but magnifique sur une combinaison plein axe de Gourcuff-Lacazette-Gomis (buteur, 66e). Un dernier coup de collier à Guimarães pour sécuriser la première place permettrait aux Lyonnais d’aiguiser leurs motivations : pour Grenier, Gonalons, Gomis (voire Lacazette ou Gourcuff ?), la voie vers l’équipe de France et le Mondial brésilien passe aussi par un bon parcours européen. Aulas et Garde le leur ont-ils dit ?
Bordeaux… Si un jour, vous allez au Château du Haillan, vous pourrez y contempler une grande carte murale de l’Europe. Sur cette carte figurent toutes les villes dont les clubs ont été les adversaires des Girondins de Bordeaux dans les différentes coupes d’Europe (C1, C2 et C3). Et il y en a pas mal, de ces clubs, que les scapulaires marinés ont affrontés… Cette année, cette carte s’est enrichie de trois nouvelles villes-clubs : Tel Aviv, Nicosie et Francfort (0-1 à dom hier soir, 4e, dernier et éliminé : juste pour info). Voilà. Trois petits drapeaux girondins de plus plantés sur une grande carte de l’Europe : ce sera tout pour le nullissime bilan européen 2013-2014 de Bordeaux.
par Chérif Ghemmour