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Big Sean

Par Maxime Brigand
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Big Sean

Depuis toujours, Turf Moor est un lieu à part du tableau anglais. C’est encore le cas cette saison où Burnley a déjà coupé la tête de Liverpool et Everton avec une approche singulière, mais aussi une idée certaine de l’ordre. Au centre de la machine : Sean Dyche, quarante-cinq ans, son passé avec Brian Clough et son envie de fermer la gueule de tout le monde.

Le premier rendez-vous raconte souvent beaucoup de choses. Pour Sean Dyche, il a eu lieu en octobre 2012. Face à lui, la paire de proprios de Burnley : John Banaszkiewicz et Mike Garlick. Veste serrée, barbe rousse taillée, crâne rasé, la voix cassée de Kettering débarque avec son CV – une saison en Championship avec Watford bouclée à la onzième place, quelques semaines avec les espoirs du pays – et dégaine alors un PowerPoint. Ou comment passer en quelques secondes de candidat potentiel à homme idéal. Voilà comment Dyche a posé sa première pierre à Burnley, en plus d’un discours fort basé sur la confiance, sa passion pour l’humain et les règles. L’ensemble de ses prises de parole le prouve. Celui qui est le boss des Clarets depuis maintenant quatre ans ne cesse de parler d’harmonisation des forces et d’alignement. Lui ne se vante pas d’avoir révolutionné le foot, joue même plutôt avec son étiquette de coach défensif qui aime dessiner des schémas rigides sur ses feuilles de match entre un 4-4-2 discipliné et un 4-5-1 rigide.

Mieux, il a décidé de mener une nouvelle guerre personnelle depuis plusieurs mois contre l’appel massif de la Premier League aux techniciens étrangers : « Il y a une soif énorme pour les coachs étrangers qui sont toujours des génies tactiques. C’est quelque chose qui est devenu populaire partout, que ce soit pour les entraîneurs étrangers ou les joueurs étrangers. Ils sont un peu plus classe – regardons ce que cet entraîneur belge ou cet entraîneur argentin peut faire. Antonio Conte est arrivé à Chelsea et il a été félicité pour avoir amené rapidement, avec de la discipline, un nouvel état d’esprit à Chelsea, qui bosse à l’entraînement en faisant des courses de 800 mètres, des courses de 400 mètres et des courses de 200 mètres. Venez à mes entraînements et regardez Sean Dyche faire ça et vous direz : « Quel dinosaure, un jeune dinosaure entraîneur et anglais ne peut avoir les bonnes idées. » »

Brian Clough, main-d’œuvre et gestion

Sean Dyche est une fracture dans le foot anglais. Un homme à part, un homme franc, mais aussi un entraîneur moderne avec une approche ancienne. Il est naturellement différent, car il n’a aucun filtre, n’est pas médiatique et se fiche pas mal de ce que les gens pensent de lui. Lui n’a jamais été une icône et n’a jamais voulu en être une. Il expliquait récemment : « La lumière et les grands termes philosophiques, tout ça n’est pas pour moi. Au fond, tout ça ne sert pas à grand-chose. Moi, je suis entraîneur de foot, et entraîneur de foot, c’est manager des personnes. Je n’essaye pas de vendre ce que je fais, j’essaye simplement d’être bon dans mon domaine. Je ne suis pas là pour impressionner les gens. » Vivre sous la direction de Dyche est simple : s’adapter ou dégager. Le coach de Burnley aime dire qu’il travaille avec des joueurs « bien éduqués » , une ligne de conduite tirée de son passé de joueur sous les ordres de Brian Clough à Nottingham à la fin des années 80, mais aussi de son éducation personnelle. Dyche évoque souvent ce père qui lui a appris les règles de la vie et le goût de l’effort. C’est comme ça qu’il a construit ce qu’est aujourd’hui Burnley : une entreprise où les joueurs sont la main-d’œuvre d’un projet global où chaque centime compte.

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Il n’y a qu’à regarder comment la promotion de l’été a été gérée et comment les leçons de la montée prématurée de 2014 ont été retenues. Depuis la renégociation à la hausse des droits TV, un promu brasse à millions – cent vingt millions directement, plus quatre-vingt-quinze millions pendant deux ans pour amortir une éventuelle relégation, situation dans laquelle est déjà Burnley après sa descente en 2014-15, ce qui lui a tout de même assuré cent quarante millions cet été. Middlesbrough a alors signé de gros chèques, Hull City a été plus calme, mais Burnley a continué dans sa logique où le seul gros coup a été la signature de Jeff Hendrick pour près de douze millions d’euros. Sinon ? Steven Defour a débarqué pour huit millions d’euros et le reste des recrues n’a rien coûté. Pourquoi ? Car l’argent a été utilisé pour moderniser le club, ses installations, son stade et son fonctionnement interne. De quoi « s’assurer que le futur sera bon à Burnley. Les propriétaires comprennent ça aujourd’hui. Les choses peuvent changer, on a tous vu ça, mais le club est resté en accord avec ses engagements. C’est le sens des réalités qu’on a engagé avec les dirigeants. » Depuis la relégation en 2015, seuls trente-deux millions d’euros ont été dépensés sur des joueurs. « Vous devez faire quelque chose avec l’argent, vous devez construire l’avenir. Cela ne peut pas juste être aligner une équipe sur le terrain et espérer qu’elle va s’imposer. »

L’héritage et la bataille

Burnley a alors réussi à convaincre autrement. C’est comme ça que Joey Barton est revenu par exemple dans la lumière la saison dernière avec les Clarets. Dyche lui a parlé pendant trois heures, avec franchise et brutalité, avant que Barton ne devienne un pilier de la remontée du club en Premier League et ne file ensuite aux Rangers. Sean Dyche est progressivement devenu une couverture pour ses joueurs, et la récente affaire Andre Gray, suspendu quatre matchs par la FA après des tweets homophobes en 2012, l’a encore prouvé. L’homme écoute et juge ensuite. C’est aussi la trace qu’il va laisser derrière lui qui compte. L’héritage de Dyche à Burnley est plus important que les deux montées en Premier League qu’il a guidées, et son actuel début de saison prouve qu’il maîtrise désormais son environnement. Car le promu tient la baraque, notamment à Turf Moor où le club a gratté ses trois victoires, et bouscule les gros bras à l’image de sa défaite difficile à avaler contre Arsenal (0-1) début octobre. Dyche sait que la bataille pour le maintien ne fait que commencer, que chaque point sera décisif, mais a désormais des bases solides dans un travail similaire à celui effectué par Allardyce à Bolton en début de siècle, et une réputation assise. L’histoire ne fait que continuer, celle du dinosaure avec.

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Par Maxime Brigand

Propos de Sean Dyche tirés du Telegraph et du Non-League Paper.

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