Bienvenue en National

Il est une banderole que les supporters des équipes de Ligue 2 ou de National ont l’habitude d’afficher : « Des matchs le samedi pour des stades en vie » . La LFP n’allait quand même pas s’emmerder avec des négociations inutiles. Le derby était donc programmé un mercredi, 20h, en plein milieu de la semaine. Chouette.

Le PFC joue ses matchs à domicile au stade Charléty. Une belle bête capable d’accueillir 20 000 spectateurs. Hier soir, nous étions 300, en comptant drapeaux et tambours. Pas vraiment l’affluence d’un choc. D’ailleurs, autant le dire tout de suite : ce derby, les supporters des deux équipes s’en tapent un peu. Vraiment pas le match que ces derniers cochent sur leur agenda dès le calendrier communiqué. Aucune rivalité particulière, aucune suprématie à affirmer. Non, rien de tout cela. Pour les Ultras cristoliens, juste un des déplacements les plus courts de la saison.

Surtout, un match à Charléty est une occasion pour les Val-de-Marnais « de prendre l’apéritif ailleurs que sur le lac de Créteil ou que sur le parking de notre stade » . Alors, excusez du peu, le rendez-vous était fixé au beau milieu du parc Montsouris, en face de la cité Universitaire. Un parc huppé de la capitale qui voit pléthore d’hommes d’affaires évacuer le stress dû à la crise en faisant leur footing. Hier soir, surprise, les Cristoliens leur avaient concocté un petit parcours santé en plus : il s’agissait de slalomer entre les canettes de bière. Sympa.

Il faut savoir qu’en National, l’un des moments forts d’une journée de championnat se trouve bien souvent lors de l’apéritif qui précède (et qui suit) chaque rencontre. Par apéritif, comprendre une longue après-midi passée à refaire le monde, et bien plus encore, autour de mets divers et variés. Forcément, s’il fallait fonder ses espoirs sur le jeu pratiqué sur la pelouse…

Mais qu’importe, il est de gens pour affronter passements de jambes foireux, centres au troisième poteau et horaires de merde pour supporter leur équipe.

L’entrée dans le stade se fera vers 19H30 pour le Kop Cristolien, composé d’une trentaine de supporters. Direction le parcage visiteur (sic), délimité par une simple ficelle. Le dispositif de sécurité est d’ailleurs imposant : à vue de nez, on compte à peu près une douzaine de stadiers. Devant l’œil incrédule des autres spectateurs, les torses nus fleurissent un peu partout. « Ce soir, c’est la Croatie » , s’encourage-t-on mutuellement.

Alors, c’est vrai, il n’y aura pas de superbe tifo pour l’entrée des joueurs, ni de Marseillaise sifflée, il n’y aura pas non plus de fumigène pour l’ouverture du score de l’US Créteil par Mokdad en début de première mi-temps, on n’entendra pas de provocations gratuites entre supporters des deux camps après l’égalisation parisienne de Yenga à la 86ème minute. Il n’y avait pas de télé, il n’y aura pas de compte-rendu dans Téléfoot dimanche prochain ni de long résumé dans L’Equipe ou dans France Football, le Canal Football Club ne consacrera pas un reportage « au cœur du derby francilien » . Ce n’était pas non plus un très beau match de football.

Simplement une rencontre comptant pour la 12ème journée de National. Ce genre de match que l’on dispute dans l’anonymat le plus complet, un soir de semaine et auquel 300 spectateurs ont assisté, presque en famille. Loin, bien loin de la Ligue 1.

Par Lucas Duvernet-Coppola, au stade Charléty