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Biabiany, cœur d’artichaut

Par Valentin Pauluzzi
4 minutes
Biabiany, cœur d’artichaut

Presque contraint d’arrêter sa carrière il y a un peu plus d’un an à cause d’une arythmie cardiaque, Jonathan Biabiany est revenu à l’Inter, le club qui l’a lancé chez les pros et qui est en train de parfaitement le relancer.

L’écharpe rouge et noir recouvre le maillot d’entraînement de couleur blanche. Jonathan Biabiany est tout sourire pour sa première pose officielle avec sa nouvelle équipe du Milan. Le cliché a déjà fait le tour de la toile, quand soudain survient l’annonce de l’annulation du transfert, Zaccardo refusant d’effectuer le chemin inverse. Hasard ou coïncidence, de retour à Parme, un problème au cœur est décelé. Par qui ? À quel moment ? On ne saura vraiment jamais. C’est en tout cas le début d’une longue traversée du désert qui débouche sur un retour au bercail.

Au mauvais endroit, au mauvais moment

« Da valutare » , soit « à évaluer » , voici ce que l’on trouvait entre parenthèses à côté du nom de Biabiany dans la liste des indisponibles de Parme pendant quasiment toute une saison. L’Italie entière était au courant de son problème de santé, mais personne n’était capable de pronostiquer la durée de son absence. L’intéressé, lui, restait confiné dans son silence, assistant à la destruction administrative et sportive de son club. En avril, il résilie son contrat pour fuir ce bourbier qui ne faisait qu’aggraver un mental déjà bien entamé. Il n’aura pas pu faire ses adieux à un public qui l’a vu progresser saison après saison jusqu’à devenir l’un des meilleurs ailiers de la Serie A. Mais la situation devenait intenable pour les joueurs en pleine santé, alors imaginez pour ceux sur la touche. Pendant neuf mois, le Francilien multiplie les visites chez les spécialistes aux avis divergents, jusqu’à un voyage à Boston : le professeur Baggish donne son aval, la myocardite, une maladie asymptomatique qui peut simplement guérir toute seule, est vaincue.

Sans endroit, pendant un moment

Biabiany est maintenant à quai, et ce, pendant plusieurs semaines. Une année de perdue, mais des dizaines de retrouvées. Quoi de mieux que de repartir de zéro pour reprendre une carrière interrompue au moment de définitivement décoller. Pendant que la Serie A est en vacances, lui trime à Interello, le centre de formation interiste qu’il a fréquenté il y a une décennie. C’est le retour dans une famille qui l’a adopté sur les terrains cabossés de la banlieue parisienne et qui ne l’a pas oublié. L’Inter lui met un préparateur physique à disposition, et Mancini, qui l’a lancé chez les pros en 2007, suit tout ça avec beaucoup d’intérêt. L’officialisation de son transfert tarde à arriver, abreuvant les spéculations sur l’état de santé du natif du Blanc-Mesnil, mais le 10 juillet, l’info est lancée : quatre ans de contrat. Un acte de confiance, d’estime et d’amour. Cependant, la route est encore longue. L’été est chaud et long, on parle même d’un prêt pour faciliter son retour sur les terrains. Biabiany refuse et compte bien jouer sa carte malgré la concurrence. Un pari audacieux d’un joueur impatient de rattraper le temps perdu.

Au bon endroit, au bon moment

San Siro, le 22 novembre dernier. Inter-Frosinone. Tous les spectateurs sont debout pour applaudir la sortie du numéro 11 à sa première titularisation. Un but, son premier depuis 14 mois, et de nombreuses initiatives sur son côté droit, une véritable épine dans le pied de la défense adverse. Aucun doute, ses problèmes de palpitant sont de l’histoire ancienne. Rendons à Roberto ce qui est à Roberto, tout le mérite lui en revient, car sa gestion frôle la perfection. Le 13 septembre, Biabiany fait sa première réapparition sur une feuille de match lors du derby. Dix jours plus tard, il entre en jeu contre le Hellas. Très vite, il est la solution prioritaire en cas de panne offensive. À Palerme, il met cinq minutes pour servir une passe décisive à Perišić.

Jonathan monte en puissance, mais il est encore trop tôt pour débuter une rencontre. Mancio le fait patienter, l’exhorte à bosser encore plus. Les pauses internationales de septembre, octobre et novembre lui permettent de rattraper à vitesse grand V ses coéquipiers en matière de condition physique. Mancini tient là une arme de choix pour décadenasser les rencontres fermées. Ce but est d’ailleurs le deuxième sous le maillot nerazzurro. En effet, l’ancien Parmesan avait déjà refait un détour après une série de prêts, à l’été 2010, au lendemain du Triplete. Un court passage de six mois, le temps d’inscrire son nom au tableau d’affichage de la finale du Mondial des clubs contre le TP Mazembe. L’Inter sur le toit du monde, paradoxalement, le début d’un incroyable black-out de cinq ans. Celui de Biabiany en aura duré quatre de moins. De Mazembe à Frosinone. Les voies de la résurrection sont impénétrables.

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