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Bettoni, le chauve qui murmurait à l’oreille du chauve
Fidèle bras droit et ami de Zinédine Zidane depuis plus de vingt ans, David Bettoni joue un rôle clé dans les récents succès madrilènes sur la scène continentale. L’entraîneur adjoint du Real, qui cultive l’art de la discrétion, pourrait remporter sa troisième Coupe d'Europe.
Non, les crânes chauves du monde du football ne sont pas uniquement présents dans le corps arbitral français. Tony Chapron, Bartolomeu Varela et Antony Gautier pourraient ainsi être sérieusement concurrencés sur le plan capillaire par une autre triplette, qui officie quant à elle sur le banc de touche de Santiago-Bernabéu. Derrière Zinédine Zidane, illustre crâne dégarni depuis 2005, Antonio Pintus, préparateur physique des Meringues et David Bettoni trimbalent eux aussi leurs boules à zéro sur le bord des pelouses espagnoles et européennes. Dans l’ombre de Zizou depuis leurs débuts communs au centre de formation de l’AS Cannes dans les années 1990, Bettoni, l’ami et fidèle lieutenant, aura l’occasion, ce samedi soir à Kiev, de remporter une troisième coupe aux grandes oreilles d’affilée en tant qu’entraîneur adjoint du Real Madrid. Un rôle loin des projecteurs, qui convient parfaitement à sa nature et dans lequel cet amoureux de la tactique excelle depuis janvier 2016.
« Zidane lui fait une confiance aveugle »
Zinédine Zidane s’est montré ferme. Alors que les dirigeants madrilènes voulaient l’associer à l’Argentin Santiago Solari, ancienne gloire du Real, sur le banc merengue, le tacticien français avait été implacable : son entraîneur adjoint sera David Bettoni, son fidèle bras droit, qu’il avait fait venir au club en 2013, après avoir hérité du poste d’adjoint de Carlo Ancelotti. D’abord superviseur des adversaires du Real, Bettoni prend du galon et devient l’assistant de Zizou sur le banc de la Castilla en 2014. Les deux hommes peaufinent leur complémentarité à la tête de la réserve de la Maison-Blanche et se voient confier les clés de l’équipe première à la suite du renvoi de Rafa Benítez en janvier 2016.
« Je me suis toujours dit que c’était quelqu’un qui pouvait m’apporter quelque chose. On a la même vision du foot, c’est quelqu’un avec qui j’échange sur beaucoup de choses » , explique alors Zidane à son propos lors de ses premières conférences de presse en tant qu’entraîneur du Real. « Bettoni est indispensable pour Zidane, avance de son côté Alberto Piñero, journaliste espagnol qui suit le Real Madrid au quotidien. C’est l’une des seules personnes à avoir accès à son cercle familial. Zidane lui fait une confiance aveugle, ce qui est une chose rare pour lui. » Guy Lacombe, formateur des deux hommes à l’AS Cannes puis tuteur de leur formation au BEPF (Brevet d’entraîneur professionnel de football) connaît lui aussi parfaitement ce duo : « Bettoni pour Yazid, c’est comme Jean-Louis Gasset pour Laurent Blanc, explique-t-il pour So Foot en juin 2017. Ce sont deux personnes différentes et complémentaires, d’ailleurs pour Zidane, ce n’est pas Zidane tout seul, mais bien un duo Zidane/Bettoni, c’est comme ça qu’eux deux le voient et veulent le vivre. »
Un rôle essentiel dans la préparation tactique
Et les deux hommes réussissent pour le moment à merveille leurs débuts dans le grand bain avec déjà deux Ligue des champions, un championnat d’Espagne et deux Coupe du monde des clubs au compteur. Des succès dans lesquels Bettoni joue un rôle clé. Spécialiste du domaine tactique, le natif de Saint-Priest en région lyonnaise distille ses conseils à Zidane, prépare les séances d’entraînement, étudie les adversaires à l’aide de longues séances vidéo et met en place les stratégies sur coups de pied arrêtés. « Dans un staff, l’adjoint est celui qui abat une somme de travail énorme, analyse-t-il pour le site Actufoot. C’est un électron libre connecté à plusieurs branches, la préparation physique, l’équipe vidéo, le corps médical. Pour moi, un adjoint doit savoir rester à sa place par rapport au groupe et au coach. Ce n’est pas le numéro 1, il doit être à l’écoute de son entraîneur et être à sa disposition. »
Un travail dans l’ombre, loin des projecteurs et des paillettes réservées aux stars du vestiaire madrilène. « Il n’est pas vraiment connu du grand public en Espagne, témoigne Alberto Piñero. C’est un personnage secondaire dans la vie du Real. Je ne sais pas ce que les joueurs pensent de lui, mais je n’ai jamais eu écho d’une quelconque rumeur à son sujet, ce qui, au Real Madrid, est un bon point. » En deux saisons et demie passées dans le staff du Real, Bettoni n’a fait parler de lui qu’à une seule reprise, en février 2016, pour une histoire de licence d’entraîneur que lui avait retirée la Fédération espagnole. L’affaire avait été rapidement réglée par l’état-major merengue, sous l’impulsion de Zidane, et Bettoni avait pu reprendre son siège sur le banc du Real, juste à côté de son sosie capillaire.
Par Maxime Feuillet
Propos d'Alberto Piñero recueillis par MF