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«Besoin du traducteur pour acheter des baskets»

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«Besoin du traducteur pour acheter des baskets»

Le défenseur Yamoudou Camara, 23 ans, est le premier Français à jouer en Lituanie. Il vient de remporter le championnat avec Ekranas. Pas vraiment grâce au régime Dukan.

Quelle connerie as-tu faite pour finir dans le championnat de Lituanie ?

A la fin de mon contrat à Nancy, j’étais en galère. J’ai fait une grosse coupure avant de reprendre l’entraînement dans quelques clubs à droite à gauche. En juillet, un agent m’a proposé de partir en Lituanie pour essayer de rebondir. J’ai carrément douté au début car c’est un changement de vie radical. Pas tellement au niveau du foot mais le quotidien est bouleversé. Bon, quand tu aimes le foot, tu essaies de ne pas trop penser au reste. Et puis les Lituaniens aiment bien les Français, ils viennent me poser des questions. Il faut être un homme et avoir un peu de courage pour aller en Lituanie. Au final, ça restera une bonne expérience.

Comment les gens se comportent avec toi ?

Je les sens un peu froids, c’est normal en Europe de l’est… Lorsque je suis tout seul, ils ne me parlent pas trop. Ici c’est le lituanien ou le russe, rien d’autre. Je vais souvent à Vilnius, la capitale, avec un Camerounais qui joue dans un club proche du mien. On se débrouille en anglais mais quand le gars en face ne pige pas, c’est mon traducteur qui fait le relais. Je me débrouille en anglais et lui s’occupe de moi pour les démarches quotidiennes. J’ai eu besoin de lui quand je suis allé m’acheter une paire de baskets. En fait, il est tout le temps avec moi, je l’appelle et il rapplique.

Comment vivent les Lituaniens ?

Je ne te cache pas que la vie sur place ne m’intéresse pas trop. Je ne suis ici que pour le foot. Il y a aussi un Canadien de Montréal dans l’équipe, on passe beaucoup de temps ensemble. Lui est venu de Suède vu que c’est à côté. Il est donc un peu plus curieux que moi. Il faut vivre ici pour comprendre. C’est l’atmosphère qui n’a rien à voir. La cuisine aussi : les repas sont à base de soupe et de charcuterie, des trucs gras pas vraiment conseillés aux sportifs. Les joueurs locaux se lâchent un peu. Ils ne sont pas gros mais tu sens qu’ils n’ont pas reçu d’éducation au niveau diététique.

Et le foot ?

Je ne l’aurais pas cru si l’on m’avait dit en juillet que la première ligne à mon palmarès serait le titre de champion de Lituanie. L’année prochaine, on fera le tour préliminaire de la Coupe d’Europe. Pour moi, ça peut être une occasion d’être repéré par un gros club de l’Est vu que mon équipe passe souvent à la télévision. Les gens connaissent le club, plus que moi en tout cas parce que je ne connaissais même pas le nom en arrivant. Et le plus dingue, c’est que je n’ai pas encore vu de neige. Vers la fin du championnat, il faisait encore 4-5° et les pelouses en herbe étaient en bon état.

Quel est le programme d’ici le tour préliminaire ?

Là je suis en France depuis un mois. On reprend l’entraînement le 3 janvier mais le championnat reprend seulement en mars. En janvier, on disputera à Moscou un tournoi de quinze jours qui réunit les champions de plusieurs pays de l’Est. Ensuite, on ira en exhibition en Turquie puis en Ouzbékistan. Je fais un peu le tour d’Europe. J’ai grave de visas sur mon passeport.

Avec ta formation en France, tu mets la misère à tout le monde ?

Le niveau du championnat lituanien, c’est le National français. Mais c’est un jeu différent car les joueurs slaves conservent bien le ballon. J’apprends un autre style et ça m’aidera peut-être à avoir de nouvelles possibilités. Je progresse dans le jeu au sol. Et surtout je m’amuse. Mais bon, j’espère ne pas rester ici trop longtemps. Il faut que je trouve un bon club en Russie, en Roumanie ou en Grèce. En tout cas, je n’ai pas envie de revenir en France. J’ai été un peu dégoûté de ne pas avoir ma chance. J’ai plutôt envie d’aller un jour en Angleterre ou en Allemagne.

Ça n’aurait pas été plus simple d’insister un peu à Nancy ?

Pas forcément. Je serais devenu quoi à jouer plusieurs années en Cfa2 ? Rien du tout ! J’y étais la mauvaise année : en 2006, Nancy a fini troisième de Ligue 1 avec Puygrenier et André Luiz en défense centrale. Je ne pouvais pas avoir ma chance, c’était trop dur. Alors oui, j’aurais pu rester pépère en D4 mais où est l’intérêt ?

Mickaël Osganian

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Adrien Rabiot : le Duc se sort les doigts
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