En Argentine, les gens se souviennent de votre association de feu avec Bochini à Independiente, moins de celle que vous avez formée avec Maradona, à Naples entre 1984 et 1986…
Avec Ricardo Bochini, j’ai formé le meilleur duo de ma carrière, mais ensuite, j’ai eu l’occasion de jouer aux côtés de numéros dix extraordinaires tels que Diego Maradona, Giancarlo Antonioni (ancien meneur légendaire de la Fiorentina, N.D.L.R.), Beto Alonso, Mario Kempés, Ricardo Villa… Et aussi contre d’autres grands numéros dix comme Platini, Zico, Cruijff…
Comment êtes-vous arrivé à Naples ? Maradona vous a-t-il influencé ?
Non, à l’époque, il ne pouvait y avoir que deux joueurs étrangers par équipe en Italie. La Fiorentina a fait signer Sócrates et je suis parti à Naples. Avec Diego, nous n’avions pas parlé avant, mais je savais ce dont j’étais capable. J’ai marqué beaucoup de buts là-bas, nous avons terminé troisièmes en championnat lors de ma deuxième saison. Vérone était venu me chercher et je me suis trompé parce que cette année-là, ils ont été champions d’Italie… Mais jouer avec Maradona, que je connaissais du Mundial 82, et dans ce stade, c’était autre chose. Je suis parti en 1986 et Naples a été champion l’année suivante…
Vous vous fréquentiez en dehors des matchs et des entraînements ?
Non, nous n’étions pas de grands amis, seulement des coéquipiers. On se voyait peu finalement, il venait parfois aux entraînements, puis au match. Moi, j’avais ma famille, lui la sienne, et un autre train de vie. Il avait son propre entourage… Une fois, je l’ai invité à venir manger une milanesa à la maison, car ma femme les préparait très bien. Il est venu avec son petit frère, avec Claudia (son ex-femme, N.D.L.R.). On a passé un bon moment… jusqu’à ce que les gens sur la plage se rendent compte qu’il était là. Ils ont commencé à grimper de tous les côtés sur ma terrasse, c’était la folie !
Maradona séchait régulièrement l’entraînement ?
Écoute, c’est comme si Messi ne va pas s’entraîner : que va-t-on lui dire ? Si ensuite, il fait ce qu’il fait sur le terrain… Personne ne lui disait rien, puisqu’il était bon le dimanche.
Quel souvenir gardez-vous sur le terrain, à ses côtés ?
Il adorait déborder, que ce soit à gauche ou à droite, et terminer en faisant le coup du foulard : c’était le meilleur du monde à son époque, comme Messi aujourd’hui. Moi, j’attendais ses centres, car je savais qu’il allait faire ce coup-là. On faisait aussi pas mal de une-deux. Avec un joueur comme ça, il suffisait de bien se démarquer, de faire le bon appel, ensuite, il savait toujours te trouver. À l’époque, le championnat italien, c’était une finale tous les week-ends : toutes les équipes étaient capables de l’emporter les unes contres les autres.
Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver dans la peau d’un simple spectateur en observant Maradona sur le terrain ?
J’appréciais ce qu’il faisait, des gestes dont seul lui était capable. Maradona est un joueur né pour te faire sentir stupide, pour émerveiller les gens.
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