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Bernardo Silva, au cœur de la City
À deux doigts de quitter l'Angleterre l'été dernier, Bernardo Silva a finalement poursuivi son aventure avec Manchester City pour le plus grand plaisir de Pep Guardiola. Repositionné au cœur du jeu des Citizens, le Portugais brille cette saison, au point de devenir sans doute, avec Kevin De Bruyne, le joueur le plus important de City.
Manchester City et le Real bataillent depuis 74 minutes lorsque Tony Kroos accroche Oleksandr Zinchenko devant la surface madrilène. István Kovács porte alors son sifflet à la bouche, mais ne va plus loin, constatant qu’un joueur ne s’est pas arrêté de jouer. Plutôt que de lever les bras au ciel pour réclamer une faute, Bernardo Silva s’empare du cuir, l’expédie dans la lucarne de Thibaut Courtois, impassible sur le coup, et scelle la victoire des siens (4-3). À elle seule, cette action symbolise ce qu’est le Portugais : un formidable joueur, qui saisit toutes les occasions pour laisser ses pieds s’exprimer et qui est surtout devenu un boulon essentiel de la bécane de Pep Guardiola.
Avec Guardiola, Bernardo a trouvé son Zorro
D’ordinaire si discret, Bernardo Silva a pourtant pris la lumière plus que de raison ces derniers mois. La première fois ? Au mois d’août dernier lorsque son coach annonce en conférence de presse que l’ancien Monégasque souhaite quitter le club et mettre fin à une idylle de quatre années. Pourtant, neuf mois plus tard, l’international portugais ne cesse de briller à chacune de ses sorties avec le maillot bleu ciel. Après avoir conquis le cœur du Catalan dès son arrivée, celui que l’on surnomme « Messizinho » prend peu à peu possession de celui du jeu de City cette saison.
Timide et réservé, Bernardo Silva trouve pourtant très vite à qui parler lorsqu’il débarque en Angleterre à l’été 2017. Alors qu’il n’a disputé que trente minutes en amical avec les Citizens, le milieu offensif est immédiatement adoubé par Guardiola : « Je suis tellement reconnaissant. Je remercie le club de l’avoir recruté. » Le début d’une véritable histoire d’amour entre les deux hommes. Pendant ces quatre premières années, l’ancien coach du FC Barcelone ne cesse de multiplier les déclarations élogieuses envers son joueur. « Je suis un homme incroyablement chanceux de l’avoir dans mon équipe et je me régale de l’avoir à l’entraînement et à chaque match, raconte-t-il en février 2019 alors que Silva a brillamment pris le relais de Kevin De Bruyne, blessé au cours de l’hiver. C’est un homme charmant, je l’aime. C’est aussi simple que ça. » Sept mois plus tard, Pep n’avait pas changé d’avis : « Pour l’instant, il y a Bernardo et dix autres joueurs. À l’heure actuelle, il est bien meilleur que les autres. »
L’amour vache
Baladé entre le milieu et l’attaque, le joueur formé à Benfica peine toutefois à s’imposer comme un titulaire indiscutable, et sa formidable polyvalence lui joue parfois des tours. Au point qu’il n’est plus considéré comme le numéro un à un poste, mais bien comme une solution de rechange à tous les autres, à la moindre baisse de régime du titulaire. Tant et si bien qu’il ne dispute que 26 petits matchs de Premier League la saison passée alors qu’il en affichait au moins 34 au compteur sur les trois saisons précédentes (il en a déjà disputées 32 cette saison). Des chiffres qui expliquent ses envies de départ, amplifiées par la crise sanitaire et le fait de « se sentir seul en Angleterre », loin de ses proches, restés au Portugal, comme il le confiait au Times début mars. Finalement resté au club, Bernardo Silva se retrouve repositionné par Guardiola pour cette nouvelle saison. Le Portugais évolue désormais en numéro huit aux côtés de Rodri et De Bruyne, voire seulement avec l’Espagnol quand le Belge évolue un cran plus haut. Un changement gagnant puisque, en plus d’avoir été élu joueur des mois de septembre, octobre et novembre par les supporters de City, il semble avoir enfin trouvé sa place au sein du collectif de City.
Plus reculé sur le terrain, le natif de Lisbonne peut faire parler sa qualité de passe tout en mettant son activité débordante au service de son équipe. De quoi s’attirer à nouveau les louanges de son entraîneur, qui le définit « comme un joueur clé pour de nombreuses raisons : pour l’éthique de travail, parce qu’il peut jouer à six postes en attaque – milieu de terrain, ailier, faux 9 et des deux côtés. Il peut jouer partout parce qu’il est si intelligent et si intuitif. » En plus de tout ça, l’ancien de Monaco tient le choc malgré un physique plutôt frêle : « Il parcourt toujours entre 12 à 15 kilomètres par match, pas pour le plaisir de courir, mais parce qu’il sait là où il doit aller. » Autant d’éléments qui décrivent sa polyvalence qui, si elle a parfois pu le desservir par le passé, lui permet de parfaitement s’adapter à ce nouveau poste, comme en attestent les statistiques. À l’heure actuelle, Bernardo Silva est le troisième joueur de son équipe à tacler le plus, le deuxième à délivrer le plus de passes clés et figure également au quatrième rang des buteurs au sein de l’effectif des Citizens avec huit réalisations en championnat.
Preuve également qu’il s’est désormais rendu indispensable, il est, derrière João Cancelo, le deuxième joueur de champ le plus utilisé par le technicien espagnol. Et surtout, il semble à nouveau comblé, comme le confie Guardiola : « J’ai l’impression que maintenant il est heureux ici, avec sa vie personnelle. » À tel point qu’une prolongation de son contrat, qui court jusqu’en 2025, pourrait être évoquée avec les dirigeants mancuniens, même si le joueur estime, à nouveau dans les colonnes du Times, que « ce n’est pas le bon moment pour en parler ». « À la fin de la saison, je vais m’asseoir avec City et voir ce qui est le mieux pour les deux parties », rajoute le génial milieu de terrain. En attendant, il aura l’occasion de s’offrir une autre prolongation ce mercredi soir au Santiago-Bernabéu : celle de sa saison européenne avec comme objectif de ramener pour la première fois la coupe aux grandes oreilles du côté de Manchester City. De quoi finir de le rendre définitivement incontournable dans le nord de l’Angleterre.
Par Florian Porta