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Bernardeschi a-t-il le niveau pour la Juventus ?
Cristiano Ronaldo, Paulo Dybala, Federico Bernardeschi... À chaque composition d'équipe de Maurizio Sarri, les supporters de la Juventus se demandent ce que peut bien faire là l'Italien, qui n'a pas montré grand chose depuis son arrivée voilà trois ans. Pas l'avis de son entraîneur, qui continue de lui accorder sa confiance match après match, sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi...
Le 26 juillet, la Juventus domine la Sampdoria dans son stade vide pour s’adjuger son neuvième titre de champion d’Italie consécutif, une performance inédite de l’autre côté des Alpes. Mais ce n’est pas le seul événement de la soirée. Car si Cristiano Ronaldo a ouvert le score pour les Bianconeri, l’auteur du second but de la soirée n’est autre que Federico Bernardeschi, sur un ballon mal repoussé par le portier adverse. Son deuxième but de la saison après une réalisation début octobre contre Leverkusen en Ligue des champions, le premier en championnat depuis le… 23 septembre 2018 face à Frosinone. 672 jours d’abstinence : une éternité.
Pourtant, le jeune Italien ne peut pas se plaindre d’un manque de temps de jeu, lui qui a été aligné… dix fois en douze rencontres de Serie A depuis la reprise – dont une rencontre où il était suspendu. Le seul match qu’il a débuté sur le banc ? Celui contre la Sampdoria, justement, avant d’entrer après moins d’une demi-heure de jeu pour suppléer un Danilo blessé. La preuve que cette Juventus ne sait pas se passer d’un joueur dont tout le monde se demande pourtant chaque week-end ce qu’il fout aux côtés des Cristiano Ronaldo, Paulo Dybala et autres Gonzalo Higuain. Tout le monde, sauf Maurizio Sarri, apparemment.
Sarri envers et contre tous
Mais comment en est-on arrivé là ? Révélé à la Fiorentina, Federico Bernardeschi s’offre assez vite un statut de jeune espoir en devenir du football italien. Il intègre la Nazionale à seulement 22 ans, à quelques mois de l’Euro en France, pour ne plus la quitter. Et un an plus tard, jackpot : la Juve lâche 40 millions pour l’enrôler. À son arrivée, le joueur semble déterminé à écrire une page du grand roman bianconero. « La Juventus est l’un des meilleurs clubs du monde. Vous êtes immédiatement plongé dans une mentalité gagnante ici. La concurrence pour les places est élevée, mais c’est une chose positive pour moi et mes coéquipiers. Je suis ici pour aider la Juventus à maintenir le bon travail des six dernières saisons. »
Or, s’il est vrai que depuis, la Juve a décroché trois Scudetti de plus, on ne peut pas franchement dire que ‘Berna’ soit l’un des grands artisans de cette réussite. Lors de sa première saison turinoise, sous Allegri, il dispute 22 rencontres et score à 4 reprises. Pas dingue, mais pas nul non plus, d’autant qu’il inscrit quelques pions importants (à Cagliari, 0-1, ou contre la Fiorentina, 2-0) et rate deux mois de compétition (mars-avril) pour une blessure au genou. Lors de la deuxième saison, il gagne du temps de jeu, mais peine à se montrer décisif, à l’image de ses deux petits buts inscrits en Serie A (les deux en août et septembre, puis plus rien). Alors, forcément, à l’été 2019, les dirigeants turinois se posent des questions. Faut-il s’en débarrasser ? Ou lui offrir une nouvelle chance avec l’arrivée de Maurizio Sarri ? Après une longue hésitation, c’est finalement la deuxième option qui est choisie, le club turinois refusant même une offre du Barça, qui proposait un échange avec Ivan Rakitic.
Trop de déchet dans son jeu
Et pourtant, même avec Sarri, rien ne change. Bernardeschi joue, de plus en plus, mais déçoit, de plus en plus. Les statistiques sont claires : l’ailier a disputé 1575 minutes cette saison en Serie A (son plus gros total depuis son arrivée à Turin), quand Douglas Costa (certes souvent blessé) n’en a disputé que 792, soit la moitié. Inexplicable pour la plupart des tifosi juventini, mais tout à fait rationnel pour le coach, Maurizio Sarri : « Bernardeschi peut être utilisé dans plusieurs rôles, c’est un joueur fort, il a des qualités techniques et physiques. Il doit trouver de la stabilité dans ses performances. Pour moi, il peut devenir une excellente solution au milieu de terrain, mais il peut aussi bien réussir sur un côté » , affirmait-il fin juin.
D’accord, sauf que cela fait trois ans que l’on attend, et que l’impression laissée par ce joueur, doué techniquement mais avec encore beaucoup trop de déchet dans son jeu, c’est qu’il serait parfait dans un club comme Bologne, le Torino voire Sassuolo, mais qu’il n’a pas grand chose à faire à la Juventus. Constat sévère, mais limpide. Néanmoins, pour le moment, les supporters vont devoir prendre leur mal en patience. Car, selon son agent Beppe Bozzo, Federico « n’a aucune intention de quitter la Juve. Les boss turinois l’ont d’ailleurs toujours défendu, et Sarri a reconnu à maintes reprises son utilité. L’entraîneur a toujours dit qu’avec le temps, nous verrons la vraie valeur de Bernardeschi » avait renchéri Bozzo. À désormais 26 ans, il ne va plus falloir trop tarder.
Par Tom Binet