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Berahino, deux ans en enfer
Auteur d’une énorme saison 2014-2015 à West Bromwich, Saido Berahino a depuis tout gâché. À tel point que personne ne sait si le joueur de vingt-trois ans est capable de retrouver son niveau de jeu à Stoke City, où il est arrivé cet hiver. Le tout à cause de caprices et d’un moral en berne.
Novembre 2014. Alors sélectionneur des Three Lions, Roy Hodgson décide d’inclure Saido Berahino dans sa liste des 23 pour la première fois. Pas franchement une surprise pour le Burundais qui a opté pour l’Angleterre et qui vient d’inscrire sept buts en neuf matchs de Premier League depuis le début de la saison. Août 2015. Tottenham pose trente millions d’euros sur la table pour récupérer le joueur. Pas franchement suffisant pour West Bromwich Albion, qui refuse directement l’offre. Janvier 2017. L’attaquant est transféré à Stoke City pour environ quinze millions d’euros. Pas franchement emballant pour le footballeur de seulement vingt-trois ans, qui a néanmoins fait part de sa satisfaction sur le site officiel de son nouveau club : « Enfin ! Je suis vraiment heureux. Je suis impatient à l’idée de débuter et de rencontrer tous mes coéquipiers. »
🗣 ‘Let’s make some memories’@SBerahino has a message for all you #SCFC fans🔴⚪️🔴⚪️🔴 pic.twitter.com/m0zWvtIb5f
— Stoke City FC (@stokecity) 20 janvier 2017
Alors, que s’est-il passé en deux ans et demi pour que l’ex-futur international (zéro sélection finalement) perde autant de sa valeur ? Pas mal de choses, en vérité. D’abord, il y a eu le bras de fer lancé et perdu par Berahino. Quand il apprend que WBA a rejeté la proposition des Spurs lors de l’été 2015, celui qui sort d’une saison à vingt pions (quatorze en Premier League, six en coupes nationales) et cinq passes décisives (une en PL, quatre en coupes) pète son câble. Sa colère combinée à son impulsivité le fait tweeter plus vite que Jean-Michel Aulas : « Triste que je ne puisse expliquer exactement comment le club m’a traité, mais je peux officiellement dire que je ne jouerai plus pour Jeremy Peace. »
De son côté, West Brom reste droit dans ses bottes. Une fois le mercato fermé, Tony Pulis, son entraîneur, remet le rebelle à sa place, évoquant lui aussi un manque de respect. Envers les supporters de l’équipe, cette fois : « West Brom a nourri la carrière de Saido pendant une décennie, ils méritent le plus grand respect, et à un moment, involontairement, il ne leur en a pas montré assez. Il doit grandir et réaliser que les gens de West Brom l’ont supporté depuis le début de sa carrière. » Pas faux, quand on sait que le garçon n’avait jamais vraiment convaincu sous les couleurs du club avant sa grosse saison.
Un problème de poids
Bien obligé de répondre aux obligations de son métier – autant pour des raisons contractuelles que pour garder une certaine cote en Angleterre –, Berahino rejoue donc sous la présidence de Peace en PL. Trente et une fois pour la saison 2015-2016, même. Problème : son talent semble avoir disparu (quatre buts, zéro assist) et l’ex de Brentford perd petit à petit sa place de titulaire en même temps que son crédit auprès du public. Jusqu’à ce que Pulis ne l’écarte, tout simplement, au début de la saison actuelle. Avant sa venue à Stoke, le buteur déchu ne comptait que cinq parties avec l’équipe professionnelle et n’avait plus été vu sur un terrain de Premier League depuis le 10 septembre et une défaite à Bournemouth. À peine faisait-il le bonheur éphémère des moins de vingt-trois ans (trois buts en quatre matchs). La raison présentée par WBA pour justifier cette mise à l’écart ? Le surpoids du monsieur. Lequel a répondu à cette accusation avec une photo de son corps publiée sur Twitter. « Ce n’était pas pour nuire à West Brom. Si j’avais voulu le faire, j’aurais parlé dans la presse. C’était pour mes amis. Tout le monde m’appelait« le gros », alors j’ai dû leur montrer une photo pour leur montrer que je n’étais pas aussi gros. »
Consommation de MDMA
Finalement, c’est Mark Hugues, son nouveau coach à Stoke, qui s’est permis de rétablir la vérité en conférence de presse : Berahino était en fait suspendu pas moins de huit semaines par la Fédération pour avoir consommé de la MDMA. Une molécule psychotrope qu’il aurait utilisée comme anti-dépresseur (à l’instar de l’alcool) pour redonner un peu de joie à un mental rendu fragile par… son excès de poids. Bref, le joueur avait terriblement besoin d’un nouveau départ après avoir gâché une saison haute en couleur. Désormais, l’objectif n’est plus de choper une première cape avec la sélection anglaise. Plutôt de retrouver un niveau à la hauteur de ce qu’il a montré par le passé. Ses premières entrées avec les Potters n’incitent pas à l’optimisme, mais le renouveau prendra forcément un peu de temps. Et s’il a appris dans la tête, c’est déjà une bataille de gagnée.
Par Florian Cadu