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Benzema : et surtout la santé
Forfait pour le Mondial, Karim Benzema fait de nouveau parler, malgré lui. La raison ? La nature de sa blessure et les dissonances existantes entre le staff du Real Madrid et celui de l’équipe de France.
Le 20 novembre dernier, le couperet tombe avec un léger fracas : Karim Benzema ne disputera pas la Coupe du monde. Victime d’une lésion au quadriceps de la cuisse gauche, l’attaquant disait en effet au revoir à ses coéquipiers, mais surtout, à sa dernière Coupe du monde. Une cassure physique et psychologique aux allures de feuilleton, réveillé ces derniers jours par les spéculations entourant la gravité réelle de cette blessure. Et à travers elle, les différends opposant le Real Madrid à l’équipe de France.
Bonne volonté et mauvaise communication
« J’ai quelques douleurs par-ci, par-là, mais rien de bien méchant. Je peux jouer un match, ça c’est une certitude, mais pas à 100%. Donc je me soigne doucement, parce que la compétition approche et que je veux être au maximum de mes capacités face à l’Australie. » Ces mots, Karim Benzema les prononçait le dimanche 13 novembre au micro de Téléfoot. Rassurant et rassuré, l’avant-centre faisait ainsi un bilan approximatif d’une situation physique encore floue, dans l’attente du tournoi suprême. La faute à une préparation chaotique.
Début septembre, le corps médical du Real Madrid signale en effet une fatigue musculaire de son buteur. La conséquence logique d’une saison 2021-2022 disputée en surrégime. Et si la cuisse droite est sérieusement affectée, la gauche n’est pas en reste. Suffisant pour mettre en garde le joueur, venu solliciter le board madrilène. « C’est Karim Benzema lui-même qui a demandé à être ménagé, en vue de la Coupe du monde qu’il vivait vraiment comme son ultime rêve, raconte Tomás Roncero, spécialiste du Real Madrid pour As. En Espagne, on a su dès le départ que sa blessure était sérieuse. De là, les médecins du club ont réorganisé le calendrier spécialement pour lui, en le préservant au maximum. Il n’a donc joué qu’une mi-temps contre le Celtic et a été ménagé en championnat. C’était la condition obligatoire à sa présence en Coupe du monde. »
Forfait prévisible ?
Un situation délicate, prise au sérieux par le Real Madrid et son joueur – quitte à susciter la polémique concernant son implication réelle dans le début de saison merengue -, mais dont ne s’est jamais vraiment inquiété Didier Deschamps à l’annonce de sa liste. « J’ai échangé avec Karim, bien évidemment, pour avoir les tenants et les aboutissants. Les staffs médicaux ont échangé ensemble (Real Madrid et équipe de France, NDLR), et il n’y a pas d’inquiétude par rapport à sa situation, ni aux échéances qui sont les nôtres. » Rassuré par les analyses de Franck Le Gall et Cyril Moine, entre autres, le sélectionneur a donc affiché une bonne dose de confiance au moment de décoller pour le Qatar aves ses 25 hommes.
Les choses ne se dérouleront malheureusement pas comme prévu. Rarement présent durant les séances collectives au stade Jassim bin Hamad, Karim Benzema peine à retrouver ses pleines capacités, au point de forcer sur sa jambe gauche et de la fragiliser à son tour. Aussitôt déclaré inapte, aussitôt rentré à Madrid, le « Nueve » n’aura donc passé que dix jours en Coupe du monde. Un ratage complet, mais surtout, la mise en avant de problèmes de communication persistants entre le Real Madrid et l’équipe de France.
Un retour attendu
« À Madrid, ils voulaient tout faire pour préserver Karim. Mais cette course à la Coupe du monde a précipité les choses », laisse planer Roncero. Il faut dire qu’en Espagne, ce mini-feuilleton n’aura pas laissé indifférent. Dans leurs récentes éditions, As et Marca faisaient ainsi état d’un certain étonnement au Real Madrid, lié à ce retour express du Français. En résumé : fallait-il forcer la présence du joueur au Qatar, pour finalement le renvoyer à la maison dès la première alerte ? Pour la Maison-Blanche, le son de cloche est, dès lors, tout autre.
Actuellement en vacances sur l’Île de la Réunion, le Tricolore est en effet attendu aux entraînements pour le 1er décembre prochain, avant de retrouver l’équipe la semaine suivante. « Pour les médecins du Real Madrid, Karim Benzema serait apte à reprendre l’entraînement dès la deuxième semaine de décembre. L’objectif, c’est de le récupérer pour le 30 du mois pour le match contre Valladolid », conclut Roncero. Moins grave que prévue ou simplement mal jugée, la blessure de Karim Benzema a donc mis en lumière la mauvaise gestion d’un cas pourtant habituel. Loin des rumeurs infondées de potentiel retour en Bleu ou d’un climat de tensions ayant poussé à son « éviction indirecte » du groupe, l’intéressé se retrouve surtout en quête de sérénité. Pour enfin lancer une saison déjà longue.
Par Adel Bentaha
Propos de Tomás Roncero recueillis par AB.