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Benzema et les Bleus : le brouillard jusqu’au bout
Alors que Karim Benzema se mure dans le silence et que l'équipe de France continue de défendre son bout de gras dans une polémique qui dure beaucoup trop, le constat est là : la réconciliation était vouée à l'échec, tant la communication entre les deux parties n'a jamais été au beau fixe.
Vingt jours après la surprenante décision de Karim Benzema de tirer un trait définitif sur son aventure avec les Bleus, les réponses autour de son choix n’arrivent toujours pas. Au contraire même, les questions ne cessent de s’accumuler. Et toutes les parties concernées par cet énième rendez-vous manqué entre le plus récent lauréat du Ballon d’or et l’équipe de France préfèrent remettre des pièces dans la machine via médias ou réseaux interposés, plutôt que de calmer le jeu en prenant la parole publiquement une bonne fois pour toutes et de donner les explications attendues. Le principal intéressé poste de temps à autre des messages énigmatiques sur ses réseaux sociaux, son agent Karim Djaziri ne perd pas une occasion de remettre la faute sur le staff de l’équipe de France et, cette semaine, c’est le journaliste Daniel Riolo qui est venu lâcher de nouvelles informations dans cette affaire, que « l’entourage de l’EDF » a souhaité contester dès le lendemain. La bisbille, qui est en train de tourner au ridicule, laisse place à un constat difficile à nier : malgré les efforts consentis, le retour de Benzema chez les Bleus ne pouvait pas fonctionner tant le fossé semble géant entre les deux camps.
Daniel Riolo raconte les dessous de la fin de l’histoire entre Benzema et l’équipe de France. #rmclive pic.twitter.com/ZzjNVyf2fx
— After Foot RMC (@AfterRMC) January 4, 2023
La FFF se défend coûte que coûte
Le problème de communication qui existait entre le joueur et le staff des Bleus depuis plusieurs semaines est désormais aux yeux de tous, et le dernier épisode de cet épineux dossier est donc arrivé ce mercredi dans L’After Foot sur RMC, où Daniel Riolo a longuement pris la parole afin de lâcher quelques révélations. Selon lui, Didier Deschamps n’aurait jamais réellement souhaité le retour de KB9 en sélection et s’y est finalement résolu face à la pression populaire avant l’Euro, période où Benzema était en pleine bourre avec son club. Plus récemment, le staff des Bleus aurait demandé à l’attaquant de forcer à l’entraînement avant le début du Mondial, au détriment de la volonté du joueur qui estimait être capable de se gérer seul, ce qui aurait été à l’origine de la rechute. Enfin, le médecin de la sélection ne se serait pas rendu à la clinique Aspetar à Doha le fameux soir où Benzema a passé ses derniers examens avant un départ tôt le lendemain matin, précipité par le staff de l’équipe de France, dont Lloris, Griezmann et Giroud n’auraient pas été mécontents.
Sentant les éventuelles polémiques arriver, le camp adverse n’a pas perdu de temps pour monter au créneau. Dans un nouvel article publié par RMC ce jeudi soir, l’entourage des Bleus affirme que Benzema a souhaité partir le plus vite possible en apprenant son forfait, que c’est bien le joueur qui « décide lui-même d’accélérer ses courses le jour où il se blesse », que le Real Madrid n’a « donné aucun document médical aux Bleus », et que Benzema « a décliné les deux propositions » de la FFF et de l’Élysée pour assister à la finale.
Deux personnages compliqués à suivre
Alors, qui dit vrai et qui dit faux ? Certainement impossible de le savoir tant que le joueur ne s’exprime pas publiquement. Quoi qu’il en soit, cette guéguerre presque enfantine laisse un terrible goût de gâchis en bouche et montre surtout qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’égos mal placés dont l’équipe de France pourrait bien se passer, alors qu’elle vient tout juste de se conforter une place dans le cœur des Français après son parcours remarquable. De l’autre côté, Karim Benzema aurait tout à gagner à éteindre la polémique en expliquant ce qu’il s’est passé au Qatar, plutôt que de laisser de nombreuses questions en suspens et son agent répondre à tous ses détracteurs sur Twitter.
Dans cette histoire, on peut aussi se dire que cette affaire résume assez bien le mariage raté de KB9 avec l’équipe de France. Pendant plusieurs années, à la suite de l’affaire Valbuena, Benzema et Deschamps ne s’étaient pas adressé la parole, et le sélectionneur a longtemps préféré botter en touche face aux journalistes plutôt que de dire précisément ce qu’il en était. Ce qui a mené à une incompréhension générale le jour où Benzema est revenu chez les Bleus, alors que plus personne n’osait envisager cette option. « Je fais des choix toujours dans le même sens, ce que je pense être le bien de l’équipe de France. Je suis là pour constituer un groupe. J’ai toujours considéré que le collectif était au-dessus de tout », posait Deschamps en 2017, comme s’il estimait que l’attaquant du Real n’avait plus sa place dans son groupe, avant donc de revenir sur sa décision quatre ans plus tard et de justifier cela… presque avec le même discours : « Je ne veux pas faire un cas particulier. J’ai déjà été confronté à certaines situations compliquées, difficiles avec certains joueurs. Je suis toujours passé outre mon cas et ma personne. L’équipe de France passe au-dessus, elle ne m’appartient pas. » Un grand sélectionneur difficile à décrypter qui n’aura plus à gérer un grand joueur difficile à décrypter, c’est du gâchis, mais c’est peut-être mieux pour nos méninges.
Par Alexandre Lejeune