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Benzema et Blanc à l’Assemblée nationale : rendez-vous en terre inconnue
Pendant que l’Espagne se déchire autour de l’affaire Rubiales, en France, une commission ad hoc de l’Assemblée nationale tente de comprendre ce qui ne va pas dans nos fédérations sportives, notamment à la FFF. D’où la probable convocation de Karim Benzema ou Laurent Blanc. Tout ça pour rien ?
À moins d’un an des JO de Paris 2024, le sport français n’offre pas un visage serein, malgré l’autosatisfaction de ses notables et du CNOSF. Les affaires, les scandales ou encore les procès se sont multipliés, et dans toutes les disciplines : patinage artistique, rugby, tennis et bien sûr le football. Les sujets ne manquent pas également après des années, voire des décennies d’omerta ou de complaisance : agressions sexuelles, corruption, défaillance démocratique, sexisme, etc. De quoi alerter les représentants du peuple, et notamment de l’opposition. Sabrina Sebaihi, députée écologiste (EELV) des Hauts-de-Seine, a donc lancé en juin dernier une commission d’enquête (la première de son groupe, qui peut en initier une par an) afin d’essayer d’y voir plus clair et surtout de permettre d’offrir à la nation un tableau moins nébuleux. « Il ne se passe pas un jour sans qu’un article ne nous révèle des dysfonctionnements. Or, on parle quand même de 16 millions de Françaises et de Français qui sont inscrits dans un club rattaché à une fédération sportive. On ne peut pas continuer à faire semblant de régler les problèmes en mettant la poussière sous le tapis. Il y a besoin d’un changement en profondeur. » La députée mettait au passage le doigt sur un problème qui a pris tout son sens entre le long feuilleton Noël Le Graët et donc l’actuel séisme Rubiales. « Un ancien monde et un nouveau monde sont en train de se percuter. Avec d’un côté les anciens dirigeants, issus du monde sportif, anciens athlètes, qui ont du mal à bouger sur les sujets d’inclusion. Et de l’autre des hommes d’affaires ou politiques qui arrivent avec de l’argent, un management brutal… »
Du « mauvais Français » aux « quotas »
De la sorte, comme nous l’apprend RMC, il a été décidé de remonter loin. Dans le cas du football, Karim Benzema ferait partie de la liste des footballeurs convoqués. Peu surprenant finalement tant son cas a pu être politisé, notamment autour de son exclusion de l’équipe de France, et de la problématique du racisme. Benzema était alors soupçonné par les grands experts du petit écran d’être un « mauvais Français » au sein des Bleus. Il devra donc s’absenter d’Arabie saoudite pour revenir à Paris remuer un passé qu’il semble vouloir oublier dans son exil doré. Autre affaire sur les mêmes thématiques : les « quotas » qui avaient secoué un univers qui se croyait épargné par ce type de fantasmes identitaires, par ailleurs illégaux dans la République française. Laurent Blanc risque donc de nouveau d’avoir à livrer le fond de sa pensée sur une polémique qu’il imaginait largement oubliée. Il se peut toutefois qu’il vive cette audition comme des vacances au regard de la situation actuelle de l’OL. Dans un second temps, associations et responsables fédéraux apporteront leurs témoignages…
Tout ça pour rien ?
Un rapport sera ensuite rendu, comme d’habitude sans guère d’effets. Malgré la qualité du travail et les révélations apportées, la commission d’enquête parlementaire consacrée au fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France n’avait pas ébranlé nos dirigeants, pas davantage que le petit monde du foot français. Il faut aussi se souvenir que le CNOSF ne regarde pas d’un œil favorable cet inventaire, d’autant plus que son nouveau président David Lappartient (qui traîne quelques jolies casseroles en tant que boss de l’UCI), président LR du conseil départemental du Morbihan, ne doit pas véritablement porter dans son cœur les « wokistes féministes » de chez EELV. D’autre part, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a lancé depuis une commission d’éthique, confiée aux bons soins de la sénatrice communiste Marie-Georges Buffet et de l’ancien champion d’athlétisme Stéphane Diagana (parmi ses membres, l’arbitre internationale Stéphanie Frappart). Cela dit, ne soyons pas trop pessimistes : écouter l’actuel coach des Gones disserter sur la binationalité et le Ballon d’or du peuple s’épancher sur Didier Deschamps représentera une belle occasion de se poser devant LCP.
Par Nicolas Kssis-Martov