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Benoît Pedretti: « J’aime bien payer mes impôts en France »

Propos recueillis par Aymeric Le Gall
Benoît Pedretti: « J’aime bien payer mes impôts en France »

Passé proche de la relégation avec l'AC Ajaccio la saison passée en Ligue 2, Benoît Pedretti, bientôt 35 berges, avait envie d'un dernier challenge excitant avant de raccrocher les crampons. C'est désormais chose faite avec sa signature à Nancy. Entretien made in France avec un joueur qui a toujours les crocs.

Tout d’abord Benoît, content de retrouver un point de chute après la fin de ton contrat à l’AC Ajaccio ?

Oui, je suis content d’avoir retrouvé un club. Un club ambitieux qui a envie de retrouver l’élite, même si cette saison il y a au moins huit clubs qui sont dans le même cas, mais j’ai trouvé ici des installations de niveau Ligue 1, un groupe de qualité avec lequel on va faire le maximum pour atteindre nos objectifs.

Toi qui connais un peu la L2 maintenant, tu sais que c’est un sacré combat pour parvenir monter en fin de saison…

Oui c’est clair que c’est très difficile. Mais il faut déjà qu’on attende fin août pour connaître notre effectif définitif, ça peut encore bouger de ce côté-là. Le niveau va être élevé cette année, il y a presque une dizaine d’équipe qui ont envie de découvrir ou de retrouver la Ligue 1 mais pour le moment on attend le 13 août pour savoir combien de formations pourront monter (le 13 août prochain, le Conseil d’État tranchera le litige entre la FFF et la LFP, suite à l’action en référé de cette dernière, ndlr). C’est quand même hallucinant de démarrer un championnat sans savoir s’il faut terminer dans les deux ou trois premiers pour avoir le droit de monter…

Tu parlais de l’imbroglio entre la FFF et la LFP à propos du nombre de montées/descentes la saison prochaine. T’en penses quoi de cette affaire ?

C’est incompréhensible, tout simplement. J’ai l’impression que tout le monde était d’accord, que ça ne posait pas de problème pour que cette réforme soit mise en place lors de la saison 2016-2017. Et au final la Ligue décide un peu toute seule de passer en force et d’accélérer le processus… C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de communication entre les différentes partie, ça permettrait de mettre fin à cet imbroglio alors que le championnat a déjà repris. Je trouve que c’est néfaste pour l’image du foot français… On parle souvent de la mauvaise image que véhiculent les joueurs mais certains dirigeants du foot ne rendent pas non plus service à notre sport. Maintenant de notre côté on verra bien, de toute façon on n’a pas le choix. Et s’il faut être dans le deux premiers on essaiera d’être dans les deux.

Tu as signé à Nancy pour une année plus une seconde en option, est-ce que c’était une condition nécessaire pour rejoindre le club ?

Oui c’était très important car je n’avais pas envie de venir faire un an pour repartir comme ça juste après. J’ai envie de bien finir ma carrière mais après, l’année en option dépendra du nombre de matches que je vais disputer. Donc soit je peux encore continuer à jouer parce que la saison s’est bien passée et dans ce cas-là ça sera avec plaisir, soit je ne peux plus, si je me blesse ou n’importe quoi, et là ça sera le moment d’arrêter.

Comment ça s’est passé dans la tête la saison passée avec Ajaccio ?

Tu n’as pas forcément été un habitué des luttes pour le maintien durant ta carrière… Honnêtement ça a été très, très dur. Ça a été une année éprouvante, usante, on a ramé toute la saison alors qu’on avait pour ambitions de remonter en L1. Même si la fin est heureuse (avec le maintien de l’ACA, ndlr), on a laissé beaucoup d’énergie l’année dernière c’est clair.

Tu n’as pas trop cogité à la fin de ton contrat ajaccien et avant de signer à Nancy ?

Non pas vraiment. Il y a déjà le mois de vacances « normal » qu’ont les footballeurs, et ensuite j’ai fait la reprise tout seul. Bon… c’est vrai que ça fait un peu bizarre parce que ça fait quand même quinze ans que je fais des reprises classiques, avec un groupe, et là se mettre à courir tout seul ça a été un peu difficile. Mais bon, je me suis accroché, j’ai beaucoup travaillé en me disant qu’il y avait encore le temps, il restait jusqu’au 31 août pour trouver un club donc je n’ai pas trop douté. Finalement j’ai la chance d’avoir trouvé quelque chose d’intéressant dès le début du mois d’août.

Tu as essayé de retrouver éventuellement un club de Ligue 1 ?

Oui avec mon agent on a tenté de contacter quelques clubs mais ça ne s’est pas fait. Et puis je suis lucide, je sais qu’à mon âge on intéresse plutôt les promus où les clubs de ce calibre. Bon au final ça ne s’est pas fait et ça n’est pas très grave, j’ai découvert la Ligue 2 l’année dernière et je pense que jouer la montée avec un club ambitieux de deuxième division c’est aussi valorisant. C’est un objectif extraordinaire et c’est excitant à jouer et pourquoi pas retrouver la Ligue 1 suite à ça, ça serait magnifique.

Tu as rejoint un club qui va avoir une bonne ambiance dans son stade avec de fervents supporters. Est-ce que c’est un élément qui peut peser dans la balance à l’heure de faire le choix ?

A la base je voulais d’abord retrouver un club avec des ambitions et de bonnes infrastructures et il se trouve qu’ici c’est tout à fait ça. Ensuite j’ai vu qu’il y avait presque 10000 abonnés pour la saison à venir, c’est grâce au président Rousselot qui a opté pour une politique d’abonnement à bas prix pour avoir du monde au stade. Je trouve ça bien car quand tu joues devant 1000-1500 personnes comme la saison dernière il faut avouer que c’est moyennement motivant… Alors que là tous les quinze jours on sera dans un stade quasiment plein ça sera que du bonheur.

Tu parlais du président Rousselot. C’est quelqu’un de foncièrement amoureux de son club, non ?

Pour le moment je l’ai juste rencontré vite fait, j’ai surtout discuté avec le coach, Pablo Correa, et Paul Fischer (le Directeur Général adjoint en charge du secteur sportif, ndlr). Mais sinon oui, je sais que le club de Nancy prend une grande part dans son cœur, il y met toute son énergie. Quand en plus quelqu’un met de l’argent de sa poche dans le club comme il l’a fait c’est respectable et on a envie de donner le maximum pour lui.

Ce rôle de joueur d’expérience qui est aussi là pour encadrer un groupe jeune c’est quelque chose qui te plaît ?

C’est vrai que c’est quelque chose que j’aime bien, j’ai toujours été un leader entre guillemets au sein d’un groupe, j’étais capitaine à Auxerre, à Sochaux. Et puis c’est intéressant de bosser avec des jeunes, ils sont plein de fougues, ils ont un bon état d’esprit, ils travaillent et ils ont surtout beaucoup de talent. Mais en Ligue 2 le talent ne suffit pas toujours et il faut aussi avoir un peu de vice, il faut savoir parfois jouer des coudes. On va essayer de leur apprendre aussi ça.

Par contre niveau cadre de vie, tu vas prendre une petite claque comparé à Ajaccio !

Ouais c’est différend c’est clair (rires) ! Mais bon je suis originaire de Sochaux, en Franche-Comté, ce n’est pas très loin d’ici donc je connais un peu déjà. Mais c’est sûr qu’à Ajaccio il y a un cadre de vie tout simplement exceptionnel. Après mon but c’est avant tout de vivre un challenge intéressant donc il n’y a aucun problème.

Si on regarde ta carrière, on voit que tu n’as jamais quitté la France. Tu n’as jamais eu envie de partir à l’étranger découvrir un autre football, une autre culture ?

On va dire que j’aime bien payer mes impôts en France (rires) ! En fait je n’ai jamais eu l’occasion d’aller dans un club étranger suffisamment ambitieux et je n’ai pas vraiment cherché à quitter la France en fait. Après, si je n’avais rien trouvé, peut-être qu’à partir du 15 août j’aurais commencé à envisager cette idée et que j’aurais regardé vers les États-Unis ou la Belgique par exemple. Mais j’ai pas eu besoin d’en arriver là.

A bientôt 35 ans, est-ce qu’il t’arrive de penser à l’avenir proche? On sait que l’arrêt d’une carrière n’est pas toujours un moment évident à passer…

Après mon contrat à Ajaccio je n’avais pas du tout prévu de m’arrêter donc je n’y ai pas vraiment pensé mais c’est vrai que si je n’avais rien trouvé j’aurais commencé à y réfléchir. On verra bien, j’espère encore jouer pendant deux ans et je me préparerai ensuite à cela petit à petit. Je pense que pour le bien vivre il faut déjà s’arrêter de soi-même et ne pas y être contraint. Je pense quand même que j’aurai envie de rester dans le monde du foot, pourquoi pas entraîner ou faire un peu de média ? J’aime trop le foot pour quitter le milieu.

Tu serais capable comme certains le font de redescendre en amateur pour aider une équipe qui te tient à cœur ?

C’est compliqué à envisager même si on ne sait jamais, pour donner un coup de main de temps en temps. C’est surtout le corps qui décidera pour moi et ça ne sert à rien d’insister si on est cuit. D’autant qu’en DH, CFA 2 ou CFA il y a des joueurs de très bon niveau. Je pense que je préfèrerai tout de même commencer à entraîner une équipe et passer les diplômes. C’est une reconversion intéressante.

Tout à l’heure tu parlais d’avoir du vice quand on joue au football, notamment en L2. Pourtant tu n’as pas une image de vieux roublard dur sur l’homme mais plutôt une image de gentil, non ?

Ça dépend des moments. Dans ma carrière on m’a d’abord dit que j’étais trop gentil, pas assez rude dans les duels, ensuite on m’a carrément fait passer pour un voyou, puis de nouveau pour un gentil quand tout se passait bien à Lille et une nouvelle fois pour un presque-voyou parce que je signais en Corse ! Ce que les gens pensent m’intéresse moyennement. Le truc c’est que dans la vie de tous les jours je suis tranquille, posé, et sur le terrain j’ai envie de gagner donc on fait tout pour y arriver. Sauf tricher. Donc cette saison s’il faut user de roublardise, on sera là.

Tu viens de l’évoquer entre les lignes: l’épisode de Montpellier, ça t’a fait mal ou bien c’est entré par une oreille pour ressortir par l’autre ?

Non ça a été vite oublié. On a réglé ça avec le président Nicollin et puis voilà. Après, « tarlouze » est devenu le mot à la mode dans les tribunes à mon égard… C’était pas super intelligent mais on sait que dans les stades de foot il n’y a pas que des gens intelligent. Moi je suis passé à autre chose et le club de Montpellier aussi donc tout va bien.

Avec le gros vécu qui est le tient dans le foot pro et en prenant un peu de recul, comment tu juges ce milieu et ses coulisses qui restent très mystérieux et parfois même opaques ?

C’est un milieu particulier où on monte aussi vite en haut de l’affiche qu’on en descend. Avec l’expérience on se rend compte qu’il y a finalement très peu de gens de parole, quand ça tourne tout le monde est là et quand t’es un peu en galère il n’y a plus grand monde. Je m’en suis d’ailleurs encore rendu compte le dernier mois. Mais bon, ce n’est pas quelque chose que j’ai découvert sur le tard, disons que je m’en suis toujours douté (rires). Après tout n’est pas négatif, c’est magnifique de pouvoir vivre de sa passion, et même de très bien vivre. J’ai gagné plus d’argent que je n’aurais jamais espéré en gagner. Maintenant on est quand même dans un milieu où la franchise n’existe pas vraiment, où il y a pas mal de langue de bois. Il faut savoir prendre le positif et laisser le reste de côté, c’est le plus important.

On va finir par une question « vieux con » . Est-ce que les nouvelles générations te semblent différentes de celles d’il y a quelques années ?

Ça dépend des clubs et de la manière dont ils forment leurs joueurs, de la manière dont ils les éduquent. Là en une semaine à Nancy j’ai pu voir qu’ici ils sont très sérieux, ils ont une formation un peu à l’ancienne, assez rigoureuse et les joueurs sont très à l’écoute et très respectueux. Ce sont eux qui portent le matériel par exemple alors que ça ça devient un peu plus rare. Il y a quinze, vingt ans, on n’avait pas besoin de te le dire, ça faisait partie du rituel. Mais à Nancy on a vraiment affaire à des jeunes joueurs respectueux à l’égard de tout le monde. C’est vraiment plaisant de voir ces jeunes qui sont humbles, agréables et souriants. Dans certains clubs les jeunes gagnent vite beaucoup d’argent, ils sont attirés par les sorties et beaucoup d’autres choses et ils en oublient le foot. Tant pis pour eux, ils passent à côté de quelque chose d’exceptionnel.
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Propos recueillis par Aymeric Le Gall

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