Commençons par le tennis et Roland-Garros. Après avoir explosé sur le circuit ATP, tu as connu une saison 2014 galère. Cette année, tu reviens bien (tombé au 149e rang il y a trois mois, Paire est classé 71e au 25 mai 2015, ndlr), comment abordes-tu les Internationaux de France, point d’orgue de la saison sur terre battue ?
L’année dernière, j’ai connu huit mois de blessure qui m’ont éloigné des terrains. Depuis janvier, j’ai enchaîné les matchs sur le circuit ATP et Challenger (victoire à Bergame et Quimper, finale à Cherbourg, ndlr). J’ai beaucoup joué, du coup cette semaine, je me suis reposé, avant de jouer à Rome, puis d’aller à Nice et Roland Garros (interview réalisée en marge du Masters 1000 de Rome, où Benoît Paire n’a pas franchi les qualifications ; à Nice, il a été battu par Juan Monaco au premier tour, ndlr).
Il y a trois ans, tu nous confiais déjà ta passion pour l’Olympique de Marseille. Tu es né et a grandi en Avignon, en Provence : l’OM, ça t’est tombé dessus naturellement ?
Mon père et mon frère sont fans, alors quand j’étais petit, ils m’ont transmis la fibre OM. Mon oncle jouait à un bon niveau aussi. Les premiers matchs que j’ai vus au stade, c’était l’époque de Didier Drogba, le deuxième passage de Fabien Barthez. On allait au Vélodrome en famille, en tribune latérale, ensuite j’ai aussi goûté à l’ambiance des virages. On dit que ça craint, mais pour moi, ça a toujours été super et bon enfant.
Tu étais abonné au Vélodrome, est-ce toujours le cas, malgré les voyages qui s’associent forcément à ta carrière de tennisman ? Et comment as-tu perçu l’arrivée de Marcelo Bielsa sur le banc ?
Je suis supporter depuis le début, mais cette année, je ne me suis pas réabonné. J’avais renouvelé ma carte six saisons d’affilée, mais pas l’été dernier. Il y a deux ans, tu voyais des mecs qui ne se battaient pas sur le terrain, ça m’a refroidi. Cette saison, je suis fier d’eux. Bielsa ? C’est ce qu’il faut à Marseille ! Un jeu tourné à fond sur l’attaque. Avec le peu de recrues qu’il a eues à l’intersaison, il a fait un super boulot. Aujourd’hui, on est seulement quatrièmes du classement (avant la 37e journée, ndlr), mais il faut souligner qu’on n’a pas eu de chance : entre le but rentré contre Lyon – une ambiance folle ce soir-là -, le penalty non sifflé à Bordeaux… Je suis quand même fier des joueurs. J’espère tout de même que l’équipe se qualifiera pour la Ligue des champions.
Marcelo Bielsa, il a des idées très arrêtées sur le jeu de son équipe – peu importent les résultats. Si toi, tu devais choisir entre jouer du mieux possible et gagner avec un jeu ennuyeux, tu préférerais quoi ?
Le plus important, c’est la victoire ! Je dirais, entre guillemets, que le beau jeu, ça ne sert à rien si tu ne gagnes pas. Mais j’espère que Bielsa va rester. Il a donné un nouvel élan au club.
Sur un court de tennis, tu es capable de dégoupiller à chaque match. Comment vis-tu les rencontres de ton équipe favorite depuis les tribunes ?
Je suis à fond ! Depuis qu’il y a eu la rénovation, le Vélodrome est incroyable. J’y suis allé cinq fois cette saison, ça n’a rien à voir, par exemple, avec le Parc des Princes – où j’ai aussi eu l’occasion d’aller cette saison. Mais plus jeune, quand je jouais au foot, j’étais l’opposé du joueur que j’étais sur un court de tennis. Je ne m’énervais jamais, il m’arrivait même d’aller calmer tout le monde (rires). Pourquoi je me mets dans des états pareils en jouant au tennis ? Je ne saurais pas l’expliquer et pourtant j’aimerais bien… Peut-être parce que sur un court, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.
Tu n’as pas eu un parcours linéaire (viré à 20 ans du Centre national d’entraînement par Patrice Hagelauer, alors DTN, à cause de son fort caractère, ndlr) avant ta rencontre en 2009 avant de rencontrer Lionel Zimbler, qui est toujours ton coach. Est-ce que dans tes moments de galère, tu n’as pas regretté de ne pas avoir choisi la voie du foot, toi qui avais été approché par les centres de formation de l’OM, du PSG et d’Auxerre, quand tu jouais à l’US Le Pontet, dans le Vaucluse ?
Si, bien sûr. J’ai même repris le foot à 17, 18 ans à côté de chez moi. D’ailleurs, je me dis toujours que j’ai peut-être fait une erreur. Quand j’ai été approché par les grands clubs de foot français, à l’âge de 13, 14 ans, j’avais le choix entre rester à la maison et continuer le tennis ou partir ; j’ai préféré rester auprès des miens. J’étais ailier gauche à l’époque : un bon pied gauche, rapide, plutôt altruiste. S’il y avait une passe à donner pour un coéquipier mieux placé, je la faisais sans hésiter, j’étais aussi plutôt adepte du jeu à une touche de balle… Aujourd’hui, j’aimerais être à la place de Gignac. Marquer au Vélodrome, même s’il est vide, c’est mon rêve !
Tu as un style de jeu atypique sur le circuit : solide des deux côtés en fond de court, tu utilises aussi beaucoup d’amortis pour raccourcir les échanges. Tu es un vrai attaquant, même si tu aimes « prendre le temps de créer sur la terre battue » . Au sein de quelle équipe de foot, tu te reconnais dans le jeu ?
L’OM ! Mon jeu, c’est ça : tout feu, tout flamme ; un peu « n’importe quoi » … Être capable du meilleur comme du pire, des hauts et des bas dans les résultats… ça me correspond bien en quelque sorte. Le jeu marseillais, ce n’est pas propre comme celui du PSG, mais au moins, les mecs se battent. Des fois, quand je regarde Paris, j’ai l’impression qu’ils n’ont pas envie de jouer. À l’image de Gignac : ça ne vaut pas Zlatan, néanmoins il se démène. Thauvin par exemple, tout le monde le critique, moi je l’aime bien. Il a prouvé qu’il voulait vraiment venir à l’OM. Il n’est pas toujours au top sur le terrain, pourtant quand il est arrivé, après son vrai-faux transfert à Lille, il s’en est pris plein la tronche et il a dû encaisser les critiques. Mais mon idole, ça restera Drogba. Son retour, j’y ai vraiment cru… Bon maintenant, c’est sûr qu’il ne reviendra pas.
Quand tu ne joues pas au tennis, le foot, c’est l’une de tes passions ? L’un de tes hobbies ?
Oui, c’est clairement mon principal hobbie. Avec les joueurs du circuit, on trouve toujours le temps pour faire un petit foot ou un tennis-ballon. Cet hiver, pendant la préparation physique, c’était deux foots par semaine. Je joue beaucoup avec Édouard Roger-Vasselin – il est pour le FC Nantes -, Richard Gasquet, Julien Benneteau. En fait, tout le monde tape la balle, à part les Suisses, Roger Federer – « Rodgeur » , je ne l’ai jamais vu jouer ! – et Stanislas Wawrinka (le meilleur ami de Benoît Paire sur le circuit, ndlr).
Vu ton niveau à l’adolescence, tu dois bien toujours avoir du ballon… Mais dis-nous qui sont les bons joueurs de foot et les pieds carrés du circuit…
C’est vrai, je ne suis pas mauvais. En vérité, tout le monde joue bien, notamment Richard et ERV. Même Nicolas Escudé – qui tient de son frère -, Sébastien Grosjean ou Gaël Monfils. Arnaud Clément, il arrive à s’en sortir. Si je devais choisir un pied carré, ça serait mon pote Stan Wawrinka. Il essaye, mais il est complètement nul (rires) !
D’ailleurs, est-ce que tu as déjà eu l’occasion de voir l’équipe de France de foot ?
Non, je n’ai jamais rencontré les joueurs. En revanche, j’ai déjà fait un stage de préparation au centre d’entraînement de Clairefontaine ; c’est tout de même mythique. Quand tu penses à tous les grands joueurs qui sont passés là…
Pour conclure, quel est ton objectif ? Souhaites-tu rééditer un bon parcours à Roland-Garros à l’image de 2013 (16es de finale) et finir l’année dans le top 50 du classement ATP ?
Exactement ! Roland Garros me tient à cœur, donc j’aimerais passer quelques tours. Ensuite, l’objectif sera de retrouver le top 50 le plus vite possible. Surtout, j’espère être épargné par les blessures !
Les dix jours totalement fous des Diables noirs de Combani