- Ligue 1 – 7e journée – Stade Rennais/Lille
Benoît Costil, l’ange gardien
Arrivé en Bretagne la saison dernière dans un certain scepticisme, Benoît Costil est aujourd’hui un des rares de l’effectif rennais à faire l’unanimité en sa faveur. Efficace dans les cages, régulier dans ses performances, respecté dans le vestiaire et irréprochable en dehors, il semble s’inscrire dans la lignée des grands gardiens passés par le club rouge et noir.
Après six journées de L1 disputées, le Stade Rennais se retrouve reléguable avec une des pires défenses du championnat. Jamais, cette saison, l’équipe bretonne n’est parvenue à maintenir ses cages inviolées. Mardi encore, en Coupe de la Ligue, la qualification ne doit pas faire oublier que Nancy, avec son jeu pourtant pas réputé flamboyant offensivement – c’est un euphémisme… – a réussi à marquer deux buts route de Lorient, un de moins que ses adversaires. Et puis Rennes, c’est quand même le couillon de la belle histoire du week-end dernier, avec ce but égalisateur inscrit par le gardien toulousain Ali Ahamada dans les dernières secondes du match.
Meilleur Rennais la saison passée
Alors ? Alors il est vrai que le Stade Rennais, qui a longtemps eu pour réputation d’être intraitable défensivement – au top de la L1 dans ce domaine en 2010/2011 – se trouve aujourd’hui friable. Le maçon Antonetti manque de matos fiable et régulier dans ce registre, Kévin Théophile-Catherine et Jean-Armel Kana-Biyik étant les seuls défenseurs irréprochables à disposition. Danzé pioche en ce début de saison, Apam ne parvient pas à retrouver le niveau qui était le sien avant sa longue absence sur blessure, Boye semble limité, Mavinga ne confirme pas… Sans oublier que le travail défensif n’est pas toujours très bien effectué par le milieu de terrain.
Heureusement pour lentraîneur corse, il sait pouvoir compter sur un incontournable dans les buts : Benoît Costil. Élu à une large majorité par les supporters meilleur Rennais la saison passée (devant Féret et Théophile-Catherine), le sosie d’Olivier Giroud assure tant bien que mal dans les cages, sauve les meubles quand c’est possible et fait l’unanimité par son état d’esprit. Ce dernier point apparaît non négligeable, alors que de nombreux habitués de la route de Lorient semblent peu apprécier le comportement général parfois dilettante de l’effectif pris dans son ensemble.
À défaut d’Ospina et de Ruffier…
Aujourd’hui adopté sans réserve par les Bretons, le Normand n’est pourtant pas arrivé en terrain conquis en juin 2011. À l’époque, le très apprécié Nicolas Douchez, en fin de contrat, vient de s’engager avec le PSG – pour y être titulaire, croit-il alors… – et le Stade Rennais est en quête d’un remplaçant au profil similaire : expérimenté, connaisseur de la L1. David Ospina et surtout Stéphane Ruffier sont visés, mais les deux sont chers à débaucher. Le manager Pierre Dréossi ne souhaitant pas trop investir dans ce dossier, il écoute les conseils de l’entraîneur des gardiens Christophe Revel, qui lui recommande de voir du côté de Sedan.
Dans les Ardennes, Benoît Costil vient en effet de signer deux belles saisons de L2, la deuxième étant couronnée du titre honorifique de meilleur gardien lors de la cérémonie des trophées UNFP. Au total, il s’agit de la troisième saison du portier dans l’antichambre de l’élite, la première ayant lieu en 2008/2009 à Vannes. Prêté à l’époque par son club formateur le SM Caen, le jeune espoir, passé par toutes les catégories d’âge en équipe de France, avait côtoyé dans le Morbihan un certain… Patrick Revel, en fin de carrière de joueur. C’est donc en parfaite connaissance de cause que ce dernier a fortement insisté auprès de Dréossi pour faire confiance à ce quasi-novice en L1, qui n’a jamais eu sa chance en Normandie, d’abord barré par Vincent Planté, puis par Alexis Thébaux.
Proche des supporters
Libre, Benoît Costil choisit Rennes, qui lui assure une place de titulaire, plutôt que Marseille, qui lui propose seulement un poste de doublure de Steve Mandanda. Car c’est une obsession chez ce gardien qui se définit comme « perfectionniste et intransigeant avec (lui-même) » : pour progresser, il faut jouer, ne pas se contenter de cirer le banc, à un poste où les places sont particulièrement chères. Quitte donc à quitter le confort caennais, sa ville natale. Cet état d’esprit lui a permis d’emmagasiner de l’expérience et de se forger la panoplie du gardien de but complet : bon sur sa ligne et dans ses réflexes, rassurant dans les prises de balle, bonne détente, relance intéressante. Sérieux et appliqué, il a vite assuré la pourtant difficile succession de Nicolas Douchez, avec notamment une performance très remarquée au Vélodrome il y a un an.
Le joueur sait aussi se faire apprécier en dehors des matchs, entretenant un rapport amical avec les supporters. Les membres du RCK ont ainsi eu la surprise de le voir venir trinquer avec eux en octobre dernier, à l’occasion des 20 ans du groupe. Dans un club qui apprécie les gardiens de but – Marcel Aubour, Pierrick Hiard, Petr Čech, mais aussi Bernard Lama, Andreas Isaksson et Nicolas Douchez –, Benoît Costil a matière à s’épanouir. Il confirme aussi qu’après Jean-Armel Kana-Biyik, transfuge du Havre l’année précédente, recruter des jeunes révélés en L2 peut s’avérer malin. À Sadio Diallo et Romain Alessandrini de poursuivre dans cette voie.
Par Régis Delanoë, à Rennes