- Amical
- France-Côte d’Ivoire (0-0)
Benoît Costil a droit à la postérité
Travailleur de l'ombre à l'Euro, international A officieux voué à le rester, Benoît Costil a honoré sa première cape à Lens à la faveur du forfait de Steve Mandanda. Et pourra ainsi dire à ses descendants qu'il a « vraiment » joué en équipe de France. Et plus que Franck Jurietti.
Faire une fleur à Benoît Costil pour services rendus ? « Non. » La réponse de Didier Deschamps est laconique mais claire, hier, quand, devant la presse, il explique que Steve Mandanda sera son titulaire. Son troisième gardien est un mec bien, rien à redire, mais on ne fait pas de cadeaux en équipe de France. C’est du moins le message qui doit passer. Hugo Lloris touché contre la Suède, l’ancien Marseillais est donc logiquement appelé à prendre le relais. Le Rennais, quant à lui, doit continuer « à décorer » , pour user d’un terme péjoratif. Mais la destinée a décidé de jouer un joli tour au trentenaire : forfait de dernière minute à la suite d’un coup reçu à l’entraînement, Mandanda cède les bois et permet à Costil de devenir un véritable international dans l’un de ses stades préférés (avec Geoffroy-Guichard). Le Breton a vécu un dépucelage assez paisible, avec une sortie kamikaze qui aurait pu lui valoir un but signé Gradel, puis un bel arrêt réflexe en toute fin de match. Histoire de bien prouver à ceux qui en doutaient encore qu’il n’était pas dans le groupe France pour ses simples qualités d’animateur ou de sparing-partner, mais bien parce qu’il fait partie des cinq meilleurs gardiens français. Depuis plusieurs saisons déjà.
« Je rêve d’avoir un jour la chance d’honorer une sélection »
La prochaine échéance des Bleus aura lieu en mars, et ce sera probablement sans le néo-international. A priori aujourd’hui numéro 4 en Bleu, derrière les intouchables Lloris et Mandanda, ainsi que le futur taulier Alphonse Areola, qui a bouté Costil en quatrième position dans la hiérarchie. Mais c’est bien le forfait du Parisien qui a fait le premier appel d’air dans l’effet papillon débouchant sur ce match contre la Côte d’Ivoire. Costil ne sera probablement pas dans les plans de Deschamps au printemps, mais restera en réserve de la République. Et avec le sourire. Prêt à dépanner. Car, comme il nous l’expliquait en août 2016 dans So Foot Club, il se sent « valorisé comme troisième gardien des Bleus » . Même s’il s’agit du rôle de troisième gardien bis. Si sa carrière internationale est déjà quasiment terminée à peine débutée, le stade Bollaert-Delelis aura au moins eu le privilège d’assister – sinon à la réparation d’une injustice – à un retour de bons procédés. Depuis deux ans, Costil a servi la sélection dans l’ombre, du mieux qu’il pouvait, en « se mettant chiffon » , en essayant de mettre les deux portiers devant lui « dans les meilleures conditions » , même si son CV affichait un zéro pointé. L’étrangeté d’une situation qu’il ne niait pas à l’été quand il nous disait : « Je ne suis pas officiellement international, je rêve d’avoir un jour la chance d’honorer une sélection, je ne sais pas si elle viendra, mais je travaille pour. J’y pense souvent, notamment quand je lis un papier où je suis mentionné comme international. Je lis ça et je me dis : « Mais c’est vrai, je ne le suis pas vraiment en fait… » Le match joué, c’est plus fort. » Désormais, il n’aura donc plus d’arrière pensée en lisant « Benoît Costil, international français » .
Par Nicolas Jucha
Propos de Benoît Costil recueillis dans le cadre de l'interview du joueur pour So Foot Club #25