Benoît Cauet : « La Serie A n’attire plus »

La crise au Milan AC, la faute à qui ?

(Rires). La politique du club pendant des années. Le Milan a réussi à se maintenir grâce à une génération de joueurs exceptionnels. Kaka, Maldini, etc. Des footballeurs avec une image, un caractère, des résultats. Aujourd’hui, si le Milan manque de repères, c’est qu’il n’a pas renouvelé l’effectif en intégrant des joueurs importants. Il n’achète plus, il ne dépense plus.

Tu donnes cher de la tête de Leonardo ?

Leonardo est un garçon très intelligent. Il a les qualités, les arguments pour faire quelque chose d’intéressant avec le Milan. Le club est derrière lui. Son inexpérience n’a aucun lien avec les résultats du club. Le mauvais début de saison est liée aux difficultés rencontrées lors des matchs de préparation, aux joueurs blessés et, comme je vous le disais, à l’effectif non renouvelé. Le groupe est assez ancien avec des joueurs de 30, 31, 31, 34 et 37 ans.

Eto’o contre Zlatan, l’Inter a-t-il gagné au change ?

L’Inter a gagné financièrement déjà : Ibra contre 53 millions (sic) plus Eto’o. On a acheté Zlatan 25 millions et on le revend 75 millions. J’appelle cela une plus-value. En plus, on récolte Eto’o. 29 ans et un palmarès incroyable. C’est l’échange parfait. Pour l’Europe, on avait besoin d’un passeur décisif. Zlatan correspondait à la Serie A, mais pas à la Ligue des Champions. Eto’o est un joueur pour gagner des choses.

Difficile premier, l’Inter Milan est-il surcoté ?

Les difficultés sont normales. Après, l’Inter a le même nombre de points que l’année dernière à la même époque. En 2008, on s’est fait battre par l’équipe du Milan, championne du Monde des clubs. Cette année, c’est la Sampdoria en plein boom. Cassano-Pazzini, un duo d’attaque capable de déstabiliser toutes les défenses. Il y a eu beaucoup de changements aussi. Sneijder, Milito, Thiago Motta. Le jeu aussi est différent. Le groupe jouait pour Ibra. Aujourd’hui, l’Inter tente de développer un jeu plus latin, plus technique.

La Sampdoria peut-elle honnêtement viser la Ligue des Champions ?

Tout dépendra de Cassano. S’il n’est plus là, aucun joueur n’aura le même rôle et le même rendement. Sauf peut-être Pazzini et Palombo. De ce point de vue, la Samp’ est déficitaire. Mais ils ont les armes pour toucher la Ligue des Champions. Le Genoa l’a fait. Sont-ils capable de garder le rythme sur la durée ? C’est la question.

La Juve qui déchante : une simple mauvaise passe ou un mal plus profond ?

Cette année, la Juve a recruté Diego, Felipe De Melo, Cannavaro, Grosso. Ces joueurs importants rehaussent le niveau du groupe. Il faut seulement du temps. Ils feront mieux que l’année dernière si les nouveaux ont le rendement qu’ils ont eu ailleurs. Diego a joué au Portugal, en Allemagne. C’est plus ouvert, il y a plus d’espaces. En Italie, les défenses sont plus serrées, la dépense physique est plus importante. Et pour l’instant, techniquement, il fait moins la différence. Sera-t-il capable de la supporter ? Il s’est déjà blessé deux ou trois fois. Beaucoup de questions se posent autour de ces joueurs.

La Serie A rattrape-t-elle son retard ?

Il faut être honnête. Depuis Kaka et 2002, la Serie A n’arrive plus à attirer de grands joueurs faute d’argent. Désormais l’Italie est plus logique et privilégie la formation pour produire puis vendre. D’où un niveau de jeu inférieur par rapport à l’Angleterre et l’Espagne. Maintenant, l’Italie reste l’équipe championne du monde, ce qui signifie qu’il y a ici des joueurs de qualité. Au Mondial des – de 20 ans, elle est encore en quarts de finale.

Tes révélations des sept premières journées ?

Facile. Pour les clubs, la Sampdoria qu’on n’attendait pas à pareille fête. Premier du championnat grâce à Luigi Del Neri. Souvenez-vous de son aventure avec le Chiévo à la tête de la Serie A pendant six mois. Pour les joueurs, Di Natale. Bien que convoité, il a préféré rester. Il n’est jamais facile de repartir à zéro. Huit buts en six matchs. Coup de chapeau !