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Benjamin Santelli : « À Bastia, les supporters meurent pour le Sporting »

Propos recueillis par Benjamin Laguerre
7 minutes
Benjamin Santelli : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>À Bastia, les supporters meurent pour le Sporting<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 29 ans, Benjamin Santelli est le Bastiais du moment. Après avoir récupéré son trophée de meilleur joueur du match après le derby corse contre Ajaccio, il prend le temps de revenir sur la remontée du club en Ligue 2 et sur un début de saison plein de surprises, à l'image de sa carrière.

Benjamin, tu es le premier joueur à inscrire quatre buts consécutifs lors de quatre matchs de L2 pour le Sporting depuis Pierre-Yves André en 2010. Pas anodin, tout ça…Je ne connaissais pas ce record, mais c’est toujours un plaisir d’entrer dans l’histoire du club avec des buts ! Mais je reste humble, je suis loin de tout ça encore. Je ne vais pas faire le prétentieux après quelques buts en Ligue 2, je sais d’où je viens. André est une référence à Bastia, un des joueurs historiques du Sporting, qui a marqué les supporters quand le club était au haut niveau. Alors si je peux faire un peu comme lui, je prends… Ce derby, avec la victoire au bout, ça nous a fait beaucoup de bien. Depuis le début de saison il ne nous manquait pas grand-chose, on faisait de bonnes prestations, mais souvent nous n’étions pas en réussite et du coup on était en manque de points. Sur ce match, nous avons réussi à être efficaces dans les deux surfaces, et on prend enfin trois points qui nous soulagent.

Cette victoire contre l’ACA, elle est pour Mathieu Chabert, car il y a contribué aussi. Il aurait mérité d’être sur le banc pour ce derby.

La semaine dernière a été marquée par le départ du coach Mathieu Chabert après la défaite à Valenciennes (2-1) en milieu de semaine. C’était une façon de responsabiliser les joueurs à trois jours du derby ? C’est sûr que c’était compliqué à vivre. Dans le football, le premier maillon de la chaîne qui saute, c’est le coach. On sait tout ce que Mathieu nous a apporté au club, il nous a fait monter deux fois et nous a ramenés dans le monde pro. On a fait de bonnes prestations depuis le début de saison dans le contenu, mais il nous manquait toujours quelque chose. L’an dernier en National, ça passait, mais là en Ligue 2, on voit qu’il manque quelque chose. C’est sûr qu’on a notre part de responsabilité aussi, c’est nous qui étions sur le terrain et personne d’autre. Donc cette victoire contre l’ACA, elle est pour lui, car il y a contribué aussi. Il aurait mérité d’être sur le banc pour ce derby, mais ce sont les aléas du foot.

Avant le derby, l’ACA était en haut de tableau et vous barragiste. Au moment de tirer le penalty à 0-0, il y a un peu de pression au bout du pied ?Franchement, j’y vais sans appréhension. Dans ma tête, je suis tranquille, pas de pression particulière. Le gardien veut bluffer un peu en se mettant à droite, et du coup, je me dis que s’il ne bouge pas, je la mets en force à l’opposé. C’est ce que j’ai fait. Bon quand le ballon est au fond, ça fait du bien et ça fait du bruit !


Le stade de Furiani était bouillant ! Après la longue période de huis clos avec la Covid, ça doit faire du bien, non ?C’est clair ! Ici les supporters, ils meurent pour le Sporting. Dès l’échauffement, on les a sentis. Ils ont chanté et poussé beaucoup plus fort que d’habitude. Depuis le terrain, c’est beau et c’est fort de vivre ça. On sait qu’à domicile, c’est une vraie force pour nous cette saison, ce n’est pas une image. On n’avait pas 12 000 spectateurs au stade, mais 12 000 supporters, et ça, c’est une vraie différence.

Avant d’en arriver là aujourd’hui, tu as connu un parcours particulier. À 17 ans, tu n’es pas retenu par Bastia au centre de formation…Oui, et du coup, je reviens jouer dans mon village et dans le club où j’ai débuté à Ghisonaccia. Pendant ces deux ans, je passe un BEP conducteur d’engins, histoire d’avoir un bagage dans le monde du travail.

La vingtaine passée avec l’Île-Rousse (FC Balagne), tu finis deux fois meilleur buteur en DH, puis en CFA2. À ce moment-là, tu te dis que tu vas être un bon joueur au plus haut niveau amateur ou le rêve du monde pro est encore présent ?Avec l’Île-Rousse, j’étais déjà focus sur le football, c’était en amateur, mais je n’avais que le ballon dans mon quotidien. À la suite des deux belles saisons avec l’Île-Rousse et beau parcours en Coupe de France (élimination de Bordeaux en 16es de finale en 2014, NDLR), c’est vrai que j’ai eu l’opportunité de signer pro au CA Bastia, alors en National. C’était un aboutissement, mais pas une fin en soi. Dans la tête, il y a toujours cette envie d’aller le plus haut possible, mais on sait que dans le foot, rien n’est jamais acquis. Après ces deux ans, je signe un contrat fédéral à Chambly qui était en National à l’époque et j’étais donc en amateur. Après, je reviens avec le Sporting Bastia en 2018-2019 et je retrouve le niveau amateur en N3.

Furiani découvre alors Santelli le buteur : 28 buts en 31 matchs pour la première saison de la remontée après le dépôt de bilan…(Il coupe.) Attention avec les chiffres. Je n’ai pas mis 28 buts en Ligue 2 non plus! Et j’avais mis beaucoup de buts en coupe aussi (16 buts en championnat, quand même). Mais c’est vrai que c’était une année particulière, car on avait un super groupe de joueurs et on était au-dessus du lot en N3. C’était la première remontée pour le club et donc c’était symboliquement important d’être là. C’est le début d’une nouvelle histoire à Bastia. À la suite de cette saison, Chambly me propose de revenir, mais en Ligue 2 et dans le monde pro cette fois-ci. À 28 ans, c’était une opportunité que je ne pouvais pas louper.

Le fait de vivre une saison galère à Chambly avec la blessure, ça fait partie de la carrière aussi. Je ne regrette rien. Je me dis que ça m’a forgé mentalement.

Mais l’expérience a tourné court, avec les croisés, peu de matchs. Finalement, tu retiens quoi de cette découverte de la Ligue 2 ? Le fait de vivre une saison galère avec la blessure, ça fait partie de la carrière aussi. Je ne regrette rien. Je me dis que ça m’a forgé mentalement. Avec le recul, je n’en garde que du positif. J’ai rencontré des personnes au club avec qui je suis toujours en contact et qui sont des amis aujourd’hui. J’ai quitté mon cocon, ma famille et ça m’a permis aussi de voir autre chose. C’est sûr que j’étais parti pour découvrir la Ligue 2 à 28 ans et je me suis dit que l’occasion ne se présenterait peut-être plus. Mais, en fin de saison, le Sporting me recontacte pour revenir au club.
Avec au bout une saison 2020-2021 encore synonyme de remontée, dans le monde professionnel cette fois-ci, mais moins réussie personnellement que la précédente.Oui avec pas mal de blessures. En fait, pour être honnête, quand je reviens à Bastia, je ne pensais pas être un élément important rapidement. Mais je savais qu’en deux ou trois saisons, je pourrais retrouver mon niveau. Cette saison, c’est allé plus vite pour moi et dans le bon sens. Tant mieux!
Et aujourd’hui, tout va bien à Bastia. Le club phare de la Corse a retrouvé le monde professionnel et toi aussi.C’est une fierté d’avoir fait tout ce chemin depuis la N3 avec Bastia. Tout en respectant tous les autres clubs, le Sporting c’est le club de la Corse. L’ACA, le CA Bastia, Borgo, Furiani… Tous ont leur histoire et font partie de la représentation du football corse. Mais Bastia, ça reste en effet le club historique de la Corse, et être aujourd’hui en Ligue 2, ça a pour nous une signification particulière. On a sur le dos un maillot qui a une longue histoire. Mais on doit faire attention, car on sait que rien n’est acquis… On l’a vu par le passé… Donc déjà, cette saison, l’objectif sera de se maintenir le plus rapidement possible. Après, le club va continuer à se reconstruire et petit à petit viser plus haut. Mais laissons-nous le temps de faire les choses étape par étape !

D’une façon plus générale, quel regard portes-tu sur le football corse ?J’ai connu presque tous les niveaux sur l’île (sauf la R2 et R3), donc c’est vrai que j’ai une vision complète du foot sur l’île. On a beaucoup de clubs dans le monde semi-pro qui font bien les choses et qui s’investissent pour monter les échelons. Mais ça reste compliqué dans l’ensemble, car le vivier de joueurs est forcément limité de par le fait que nous sommes sur une île. Après, ici, le foot, c’est une passion, et à tous les niveaux, on retrouve une ferveur qui nous caractérise. Je pense que cette ferveur donne une belle et forte image de ce que nous sommes.

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